Le groupe
Biographie :

Blacklodge est un groupe de black metal industriel, qui a vu le jour en 1998 en Savoie. Il se distingue du black metal traditionnel par une utilisation intensive de la boîte à rythmes et de beats, habituellement réservés à la techno ou à l'electro. Blacklodge se veut sataniste, comme beaucoup de groupes de BM, mais innove là encore en n'utilisant aucun symbole traditionnel de Satan (croix renversées...), qu'il remplace par une esthétique industrielle correspondant à la musique. La consommation de drogues est également un thème récurrent du groupe, car vue comme donnant accès à un pouvoir interdit. Son logo, un pentagramme stylisé, est d'ailleurs fait de seringues.

Discographie :

2003 : "Login:sataN"
2006 : "SolarKult"
2010 : "T/ME"
2012 : "MachinatioN"


Les chroniques


"MachinatioN"
Note : 17/20

Quatrième vrai album à ce jour et première sortie sous le blason Season Of Mist pour le trio infernal… Blacklodge, quand bien même on pourrait être tenté de le rapprocher (un peu rapidement) de Deathspell Omega ou Blut Aus Nord, est définitivement un groupe à part et ne partage au final que peu de choses avec les deux formations évoquées, à part peut-être ce goût de l’expérimentation musicale mais la ressemblance s’arrête là, en tout cas c’est clairement le cas aujourd’hui avec ce nouvel album…

Là ou son prédécesseur, le très conceptuel "T/ME" s’avérait assez hermétique, le petit dernier savamment titré "MachinatioN", enfonce le clou de l’efficacité, et bien profond !!! L’intro ou plutôt l’absence d’intro de la première piste "TridenT" m’en est témoin, pas de chichis ici, passons directement à l’attaque, et de quelle façon ! Je ne sais de quoi Blacklodge a bouffé, toujours est-il que le résultat est là : intense, jusqu’au-boutiste, pas facilement définissable… Plein ta gueule technoïde ? Cyber black metal ? Toute formule est faible, réductrice en tout cas pour définir ce dont il est question ! Violent, rapide, furieux ? Oh que oui… Malsain, décadent, ostentatoire ? Assurément… Bref, autant de qualificatifs qui servent et desservent en même temps mon humble essai de caractériser l’assaut frontal que l’auditeur va subir en pleine gueule… Mais après tout pourquoi faire des manières dans l’expression là ou le groupe n’en fait aucune ?

On pourrait être tenté de trouver ici un simple croisement un peu bâtard de deux des styles musicaux les plus extrêmes et habituellement assez éloignés, le black metal d’une part, les formes d’electro les plus violentes (indus ou techno hardcore) de l’autre… L’expérience déjà faite par le passé, avait enfanté, de manière plus ou moins concluante, des entités comme Aborym ou Diabolos Rising pour les plus anciennes mais encore Neo Inferno 262 plus récemment…
- de l’electro, on prend cette boîte à rythmes qui ne descendra que rarement en dessous des fatidiques 200 BPM, ces breakbeats brutaux, ces sonorités industrielles et ces samples très présents…
- du metal le plus noir par contre, on prend ces guitares froides et acérées, ces riffs hypnotiques (surtout sur "Antichrist Ex Machina" en piste 5), ce côté parfois martial mais également le chant tantôt déclamatoire, tantôt hystérique de Saint Vincent, l’illustre maître de cérémonie (à triple sens puisqu’il officie au chant, aux guitares et à la programmation des machines)…

Voici pour la forme, mais qu’en est-il du fond ? A l’écoute des convaincants et convaincus "Satan… Eradicate ! Satan… Annihilate !" ou autres "Lucifer… Join Us !" scandés, hurlés par un serviteur dévoué, je pense qu’aucun doute n’est possible, le cornu mène la danse… ou plutôt le dancefloor ?  Il paraît que rien ne se perd, tout se transforme ? Eh bien ici c’est exactement ça ! A l’instar de deux molécules, les 2 genres musicaux en présence se mélangent, s’absorbent, fusionnent pour donner naissance à un nouveau virus hautement toxique… Blacklodge conjugue blasphème et modernité et transcende le tout en art nouveau… Reflet d’une époque qui constate une mutation nécessaire de son black metal pour évoluer ? Peut-être… En tout cas c’est intelligemment fait et convaincant, même si l’on est bien sûr à mille lieux des formes d’expressions primaires inhérentes au true black et que cela risque de choquer plus d’un puriste ! Je pourrais vous parler plus longtemps de cet album hors norme mais je n’en éprouve pas vraiment le besoin, difficile par exemple d’isoler une piste plutôt qu’une autre même si j’ai bien sur mes préférences qui se nomment "TridenT", "Neo.Black.Magic" ou encore "Neutron ShivA (Sun Walk With Me)"… On remarquera d’ailleurs dans le titre de cette dernière le clin d’œil éclairé à la saga Twin Peaks de David Lynch dont Saint Vincent est, tout comme votre serviteur, un fervent admirateur !

Seul bémol, mais qui peut s’avérer de taille, mieux vaux être en forme et dans de bonnes conditions pour enquiller les 40 minutes que durent les 9 premières pistes… En effet seule l’ultime piste "The Other Side" entièrement atmosphérique mais toutefois pertinente se distingue clairement… Pour le reste je crois que vous savez à quoi vous attendre, et ce n’est pas une production confiée au cultissime Necromorbus Studio (qui a vu défilé en ses murs Watain, Deströyer 666, Merrimack, Ondskapt ou Funeral Mist) que j’ai trouvée parfaitement adéquate pour ne pas dire énorme qui fera faillir cette arme de destruction massive ! Un disque incroyablement violent, oppressant, possédé comme on en croise rarement, foi de chroniqueur, et j’ai presque envie de dire tant mieux pour notre santé mentale, tant on peut sortir lessivé de ce tabassage frénétique et quasi continu ! De là ou il trône, Satan peut être fier de ses ouailles et de leur dévotion car force est de constater qu’ils ont fait du bon boulot ! Gageons que leur expression musicale saura probablement détourner du droit chemin black métalleux convaincus et amateurs de musique électronique, pour peu qu’ils aient l’esprit ouvert, en tout cas c’est bien là le mal qu’on leur souhaite, quand à moi vu mon niveau d’addiction je donne déjà peu cher de mon âme !


Ihsahn62
Septembre 2012




"T/ME"
Note : 18/20

Blacklodge, souvent présenté comme figure emblématique du black / indus, reste pourtant très lié à l'underground, ce qui n'empêche absolument pas de faire des albums moyens (ce qui ne ressemble pas du tout à Blacklodge d'ailleurs...). Troisième méfait du Trident du black / indus, avec "T/ime", Saint VIncent, Narcotic et AcidJess nous offrent un album de cinq titres pour une durée totale de approximativement 25 minutes. L'album commence vite avec "Lamba", l'ambiance est plantée, morceau néanmoins beaucoup moins rapide que le suivant "Vector G", s'en suit trois morceaux dignes de Blacklodge, "Sulfuric Adecia", "Saturn" et... "Stupefying", seul petit reproche c'est le manque de vitesse des trois derniers morceaux. Une boîte à sons en guise de batterie, deux guitares et une basse, recette qui peut sembler rudimentaire mais pourtant, des guitares avec un son sec, des riffs ravageurs, des musiciens qui savent faire parler leurs instruments, Blacklodge n'est pas culte pour rien. Boîte à sons omniprésente, des morceaux où l'envie de headbanguer se fait très fortement ressentir, de l'indus dans toute sa grandeur ce qui conforte le statut de Blacklodge comme leader incontesté du black / indus, un album culte de plus !


Marss
Mai 2010


Conclusion
Le site officiel : www.loginsatan.org