Le groupe
Biographie :

Bizarre est un groupe de death metal espagnol formé en 2015 et actuellement composé de : Obszen (basse / Onirophagus, ex-Judaswiege), Evilead (guitare / Elderdawn, Insidious War, Moribundo, ex-Nangilima), Mark Berserk (chant / Aposento, Cult Of Self Destruction, Deviltook, Leviathan, Metal Against Coronavirus, No Life Code, ex-Deception, Necrowitchery, The Midnight Spookshow, ex-Nekrotech, ex-Vondage) et V-Kazar (batterie / Black Desert, Cancer, Metal Against Coronavirus, Wormed, 6TEPS, Ernia, Invisible Symmetry, Tempo Phonia, ex-Aposento). Bizarre sort son premier album, "Invocation Codex", en Octobre 2021 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2016 : "Inner Necropolis" (EP)
2021 : "Invocation Codex"


La chronique


C’est bizarre de s’appeler Bizarre, surtout quand on est espagnol, parce que le mot bizarre, c’est en français ça, non ? Peut-être qu’ils ont trouvé la prononciation amusante (ou bizarre), et que ça leur a plu. "Invocation Codex" est donc le premier album de cette formation death métallique bien chanmé. Après une démo en 2015, un EP en 2016 et un single en 2017, les mecs ont pris du temps mais on finalement proposé en 2021, leur véritable premier album. Mais à quoi devons nous nous attendre avec ce skeud ? Eh bien Bizarre a mis le paquet, les musiciens ayant roulé leur bosse dans de nombreuses formations, on sent dès la première écoute que ça va être du lourd.

Encore une fois donc, on assiste à la naissance d’un groupe de death post-2020 qui sonne comme un groupe des années 90. On prend les vieilles recettes, Benediction, Massacre, Dismember, Avulsed, Grave et consorts, on joue ça avec le son qui va bien, la prod’ qui pique et en avant. Comme de nombreuses formations signées sur le label de Bizarre (je vais plus le citer ce label maintenant, j’écris son nom beaucoup trop souvent), il y a, à la fois de quoi parler, et en même temps pas grand-chose à dire. Si on parle de réalisation, le produit est béton, les mecs savent jouer, les arrangements sont vraiment efficaces, le travail individuel de chaque instrument permet à l’ensemble de sonner de manière bien solide, bref, on est sur de la bonne came ma p’tite dame. Seul bémol selon moi, les solos de guitares qui manquent un poil d’inspiration et d’intention. Ils sont un brin maladroit alors qu’ils se veulent pourtant mélodiques et arrangés. Il vaut mieux taper dans la surenchère à outrance, genre Jeff Hanneman qui à l’époque, jouait toutes les mauvaises notes possibles, pour un résultat purement génial, ou être dans l’application extrême, genre ne rien laisser au hasard. Là je ne sais pas, alors que tout est rythmiquement hyper posé, précis et impeccable, lorsque surgissent ces solos en micro grave un poil baveux qui font "tiguidiguidi", ça me plombe le délire.

Autrement pour ce qui est du reste, que dire ? Mention spéciale aux vocals, gras, profonds, précis, puissants, c’est le point fort du délire, pour une fois que je m’imagine autre chose qu’un humain qui chante, ça fait plaisir ! Après, on est une fois de plus en présence d’un skeud de plus de 40 minutes, qui joue sur les mêmes schémas compositionnels, avec trois titres de moins d’une minute en guise d’interludes. Le climat général, sombre et ésotérique fonctionne bien, et le groupe, qui avoue jouer du lovecraftian death metal, a, pour le coup, tapé dans le mille. En effet, le feeling qui se dégage de ce disque possède un petit quelque chose d’occulte et de ténébreux, c’est constant drama en mode norvegian death des nineties. Certes, c’est pas aussi tordu qu’un Immolation niveau densité et pesanteur, loin de là, mais l’agencement des riffs, les mélodies sinistres qui se déploient tout au long de l’écoute, tout ça engendre une darkitude assez bienvenue. Sans faire une fixation, je pense que le chant y est pour beaucoup. Sans forcément ajouter des réverbes ou autres conneries comme peuvent le faire de nombreux chanteurs, bah le monsieur au micro de chez Bizarre, il pousse sa glotte jusqu’à ses derniers retranchements.

Du coup, bah voilà, encore un album bien produit, hyper propre, maîtrisé, qui joue sur les climats sombres et sinistres, de la riffaille qui te donne envie de taper très fort dans des objets, bref, c’est le défouloir total ! Par contre, je me pose une question, je n’ai jamais vu de femmes de ménage cleaner les tombes dans les cimetières avec des produits ménagers, et avec un petit chiffon doux pour pas faire de rayures dans le marbre. Là c’est la question que je me pose, il y a l’école des gros dégueulasses (Sangisugabogg, Grave Miasma), et puis on a le death "after shave", là c’est du death aftershave, il sent très bon d’ailleurs. Efficace dans les moindres élans rythmiques, les moindres impulsions riffesques, Bizarre fait du sacré bon boulot, et c’est peut-être déjà pas trop mal.


Trrha'l
Mars 2023


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/bizarremetal