J’avoue que je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en recevant l’album de Bigelf. Je ne connaissais pas du tout ce groupe, et la pochette me faisait penser que j’allais chroniquer un album de metal ou de stoner. Dès les premières mesures du premier titre "Incredible Time Machine", j’ai donc bien évidemment ouvert de grands yeux écarquillés en me demandant "Mais qu’est-ce que c’est que ça ?". Nous sommes bien loin de ce à quoi mes a priori m’avaient psychologiquement préparée. Me voilà plongée dans un maëlstrom musical entre les Beatles  et les  Pink Floyd  période "Syd Barret". Je me dis donc en tout premier lieu que le titre de l’album est en effet particulièrement bien adapté à la situation. Puis après m’être remise de ma stupéfaction, je lance le second morceau afin de confirmer cet ovni musical, m’obstinant toujours à me dire que "peut-être le morceau d’introduction de l’album voulait se démarquer en se montrant plus original que la suite".

Non ma petite dame, nous restons bien ancrés dans la même lignée psychédélique, avec un terrain plus rock encore que précédemment. Des passages acoustiques, comme sur "Already Gone" accentuent le côté vintage et planant du chant et des mélodies. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à  "Lucy In The Sky With Diamonds" dans la sonorité de certains titres, mais cette comparaison reste évidemment positive.

Sons hallucinatoires et intelligemment pensés, mélodies hypnotiques, plus nous continuons l’écoute de l’album et plus nous nous sentons entraînés par ce tourbillon musical. C’est un véritable voyage initiatique que nous offre ici  Bigelf. "The Professor & The Madman" en est l’illustration parfaite, et certainement un de mes morceaux favoris de cet album avec le suivant : et justement, le pont de "Mr Harry McQuhae" est également une perle musicale, avec des éléments de la musique progressive qui nous ramènent à la grande époque de Genesis. Malgré ce côté très original et psyché, le groupe parvient à toujours conserver un aspect mélodique important et facile d’accès dans tous ses morceaux. Ainsi, sur "Control Freak" par exemple, nous nous sentons inévitablement pris d’une envie indescriptible de secouer la tête comme sur un bon vieux morceau de black metal.

Je ne peux pas terminer cette chronique sans évoquer King Crimson : la batterie de "Edge Of Oblivion" ainsi que l’harmonie toute entière s’en rapproche par tous les bons côtés de la comparaison. Bref, pari largement réussi pour cet album qui marie parfaitement un nombre incalculable de genres musicaux avec finesse et intelligence. Mais  Bigelf  c’est aussi un son bien personnel et une originalité fortement marquée. Fan de prog, de jazz, de rock, de psyché, de metal ou de MUSIQUE, tout simplement, plongez vous confortablement dans votre fauteuil et consacrez cet instant d’écoute à ne rien faire d’autre que de vous laisser entraîner par le maëlstrom  Bigelf.

"Cheat The Gallows"
Note : 14,5/20

Bigelf... rien ne vous inspire au vu de ce nom. Un petit tour sur leur site et quelques écoutes de leur CD plus tard... Sidération ! Explications ! Bigelf, c'est d'abord un nom improbable, des looks on ne va pas le nier un peu à la Brian Welsh alias "Ed", ancienement de Korn (si si, vous savez, celui qui est parti faire dans la religion... après avoir suivi de trop près sûrement la ligne blanche). Dans quelle catégorie peut-on classer Bigelf ? Aucune idée. C'est un peu l'OVNI musical du moment. Une identité propre, un visuel propre, des influences venues de partout et de nulle part mais... de la musique et non du bruit ! Le tout nous offre un écrin expérimental mais maîtrisé, entre création artistique musicale et expérimentation sonore dirigée. Les instruments se suivent et ne se ressemblent pas. Aux guitares se succèdent les orgues, le tout agrémenté par un chant très heavy metal. Les structures des morceaux sont bien fichues mais en dépayseront plus d'un. Les adeptes d'une musique grasse violente et directe en seront pour leurs frais. Bigelf, dans la façon de faire et dans les idées, emprunte toute proportion gardée à un Dream Theater et toutes ces structures de morceaux sont superbes mais compliquées. Honnêtement, même en ayant énormément apprécié la beauté des morceaux, les recherches, et ayant trouvé des influences venues de chez nos amis heavy métalleux (un bon Led Zep' des chaumières qui sort de derrière les fagots, ça n'a jamais fait de mal à personne et même pas à Christophe Willem) et des influences tirées du metal, du progressif, je n'ai pas pu ou pas su écouter le CD en une seule fois. Plusieurs écoutes auront été nécessaires, pour bien appréhender le CD, les musiques, l'univers. Je pense ne pas avoir tout bien cerné. La prod' est superbement bien faite, et la cover du CD est finalement bien en rapport avec la musique et l'univers du groupe : riche et mystérieuse. Mais allez donc également faire un tour sur leur site, il y a deux trois bonnes infos et deux trois bonnes choses à voir. Quant au CD, il est à mettre dans votre mange CD et prenez véritablement le temps de vous poser et de découvrir... Enjoy !

Sam Octobre 2009