Le groupe
Biographie :

Né en 2007, Beyond The Pain se construit autour de cinq, puis six musiciens, et se positionne dès le départ comme un groupe de scène, multipliant les expériences de live. De cette expérience scénique naîtra un répertoire solide, qui trouvera sa place et sa forme définitive sur le premier album du groupe, auto-produit, enregistré et mixé par Jean-Christophe tout au long de l'année 2010. "Swallow The Real" sort en Janvier 2011, et ouvre de nouvelles perspectives pour le groupe.

Discographie :

2011 : "Swallow The Real"


La chronique


J'ai appréhendé l'écoute de cet album et retardé son déroulement auditif relativement longtemps. Mais ce n'était que pure illusion préconçue due au fait que cet album était annoncé par le groupe lui-même comme un album de death progressif et mélodique, ce qui a largement influencé ma méfiance. Une méfiance légitime vu le nombre de combos qui se targuent d'être mélodiques ou progressifs en utilisant ces termes sans vraiment grande compréhension de leur essence même. Mais finalement lorsqu'on écoute ce premier album, on peut s'étonner de sa prestance, vu qu'en plus ce groupe s'est formé en 2008. On sent, la musicalité imposante de ses membres, ainsi que la puissante maîtrise de l'art de structurer intelligemment et bien évidemment progressivement, un titre. Beyond The Pain peut se targuer, toutes proportions gardées, d'arriver sur une scène agonisante en nouvelle tête de proue underground afin de guider ce navire rempli de clones dans ses cales, tous plus ou moins réussis et identiques les uns que les autres. Ce "Swallow The Real" peut les amener comme Christophe Colomb l'a fait avec ses trois caravelles, à découvrir un nouveau monde en peine d'exploration. Nous en serions les autochtones, prêts à être endoctrinés par une musique influencée par le metal extrême, orienté à la base, du côté du death metal, puis death / doom aux contours restrictivement thrash ; et secondement guidés par des reliefs expérimentaux mixant le rock progressif, celui des années 70's presque new age, ainsi que par une mélodie uniquement là pour nous montrer ce que peut être la mélancolie à fleur de peau.

Beyond The Pain, ne cessant d'accroître ses rangs depuis sa création pour être actuellement au nombre de six protagonistes, arrive à parfaire sa musique en y incluant des ambiances nuancées par des claviers qui offrent à l'auditeur un voyage à travers les époques du vingtième siècle. Je dis à travers les époques, parce que les claviers de Marie, nous mènent tantôt sur des terres plus arides et extrêmes, un peu à la manière des Crematory des débuts, et tantôt sur les traces "orguaniques" (licence poétique oblige) d'un Doors bien déterré des pissenlits. Lorsque je cite Crematory, c'est surtout dans les nappes planantes d'un morceau tel "Flesh Made Mad", même si elles sont plus en retrait par rapport aux autres instruments sur les envolées, ou encore plus sur "Septischism" abstraction faite des passages piano. Et lorsque je cite The Doors, c'est bien évidemment sur la chanson "The Alternate Eve", morceau certainement le plus splendide de l'album par son originalité et sa manière d'évoluer dans tous les sens, provoquant frissons et rage successivement.

Finalement on rentre bien dans l'album assez rapidement, dès le premier morceau. "Swallow The Real" , ce sont huit titres qui, comme on pourrait le croire en matière de musique à tendance progressive, ne nous aspergent pas d'une longueur soporifique, car les plus longs morceaux, qui sont les deux derniers, avoisinent les sept minutes, tandis que le reste, se cantonne à ne pas dépasser les cinq minutes. "Paranoisia", n'étant qu'une introduction, somme toute classique, c'est "Alone & Hostile" qui ouvre véritablement le bal des notes. Cette première piste, nous donne le sentiment que Beyond The Pain se veut sombre et assez mélancolique musicalement, en commençant par des idées très spleen. On retrouve les ambiances des groupes de ce que l'on appelait death / doom dans les années 90's. Quelque chose entre l'extrême agressif et la beauté d'un metal doux et tristement magnifique. Ceux qui ont connu cette période, sauront de quoi je parle. Cette scène Anglo-Néerlandaise qui a déferlé sur l'Europe à cette époque. C'est pour cela que pour ce premier morceau, on se sentira assez dérouté, même si émerveillé par cette intensité qui réside au sein de chaque chanson.

C'est un travail de groupe, un vrai, que nous avons sur ce premier album, évoluant sous la houlette vocale d'un Arnold Petit au talent indéniable qui prend de multiples timbres, aboutissement vraisemblablement d'un travail acharné. Car qu'ils soient gutturaux ou clairs, ses vocaux nous rappellent quelques voix de références telles que celles de Jon Oliva (Savatage), Manuel Munoz (The Old dead tree), ou encore des couleurs à la Anathema. En sent l'énorme travail vocal sur les titres, même si la batterie et les guitares ne sont pas en reste. Au fur et à mesure de l'écoute, on s'étonne de rencontrer des titres qui, même s'ils peuvent être violents, gardent toujours cet aspect d'envolée mélodique comme sur les passages très progressifs de "Flesh Made Mad" se rapprochant des idées de Kalisia, où les guitares, la batterie et les claviers explosent tous ensemble dans un magma complexe et bouillonnant de mélodies lyriques dans le sens littéraire du terme. On découvre des passages proches d'Anathema époque "Alternative 4", ou encore des bizarreries originales qui sortent complètement du cadre qu'on pouvait se faire de l'album. Je parle forcément de "The Alternate Eve", ce morceau qui débute comme de la rythmique et des samples de boite à rythmes, avec sa basse funky, pour avancer dans un monde brutal où le death metal refait surface avec puissance. Il redescend comme un maniaco-dépressif a la faculté de le faire, nous rappelant un peu la chanson de Depeche Mode, "Little 15", sur son passage planant à la sauce de Eternal Deformity qui l'avait placée sur son album "Frozen Circus". Et ce n'est pas sans compter sur le retour des claviers typés orgue, qui donnent au titre une chaleur plus roots.

L'agencement de l'album est également correctement pensé en injectant au beau milieu de tout cela un instrumental "Ex-Stasis", futuriste, électronique et inspiré autant des B.O de film de "Schwarzy" tels que The Running Man ou autre Total Recall, génétiquement accouplées avec des inspirations sorties directement de la tête des Italiens de Sadist ou celle de Mike Oldfield lui-même, rappelant ainsi un "Tubular Bells" du nouveau millénaire. Enfin l'album se termine par les deux chansons les plus longues comme nous l'avions noté au début de cet interminable monologue. "Dig-It-All", étant beaucoup plus exotique et mid-tempo que ses prédécesseurs, avec une dernière partie dont la particularité est d'y avoir inséré des guitares, à peine perceptibles soient-elles prenant des aspects de mandoline dans leur jeu, et où les claviers se feront plus païens. L'ultime ode s'intitule "Shape Her Death", une piste vraiment death / doom / rock, avec un solo d'une clarté heavy-metalienne langoureuse au possible et également où le son de la basse se fait plus remarquer.

Tout en prenant en considération que ce premier album est une auto-production, enregistrée en home-studio, avec malgré tout un mastering chez Brett Caldas-Lima (Kalisia) au Tower Studio et un artwork signé Hicham Haddaji (Strychneen Studio), il est incontestable de dire que l'année 2011 en France commence formidablement bien musicalement avec des compositions de ce type. Oui, Beyond The Pain, peut mériter notre respect dès ce premier album, entre brutalité mélodique et inspirations doomesques, Symbolic peut en surprendre un grand nombre. Le sort en est jeté...


Arch Gros Barbare
Janvier 2011


Conclusion
Note : 15,5/20

L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.myspace.com/beyondthepainmusic