Le groupe
Biographie :

Besta est un groupe de grindcore / punk portugais, formé en 2011 et actuellement composé de : Gaza (basse), Paulo Lafaia (batterie / Sinistro, We Are The Damned, ex-Mortify, ex-Painstruck, ex-Atentado), Ricardo Correia (guitare / Sinistro, We Are The Damned, ex-Mortify, ex-Atentado, ex-Painstruck, ex-TwentyInchBurial), Paulo Rui (chant / Redemptus, ex-Verdun, ex-E.A.K.) et Ricardo Matias (guitare / Sinistro). Besta sort son premier album, "Ajoelha-Te Perante A Besta ", en 2012 chez Raging Planet, suivi de "John Carpenter" en 2014, de "Eterno Rancor" en Mars 2019 chez Lifeforce Records, et de "Terra Em Desapego" en Août 2023.

Discographie :

2012 : "Ajoelha-Te Perante A Besta "
2014 : "John Carpenter"
2019 : "Eterno Rancor"
2023 : "Terra Em Desapego"


Les chroniques


"Terra Em Desapego"
Note : 15/20

Après avoir sorti deux albums et un EP purement grindcore avec de fortes senteurs punk et des morceaux d'une durée de une à deux minutes, les Portugais de Besta surprennent avec leur troisième album "Terra Em Desapego". Au programme sept morceaux durant quasiment tous six minutes et évidemment plus de nuances dans son grindcore qui reste quand même bien nerveux.

Pas de tendances à l'attendrissement pour autant puisque les sonorités apportées penchent du côté du death metal, avec gros groove baveux et riffs lourds au programme entre les blasts et les passages grind. "Olhar Seráfico" fait office de comité d'accueil et nous fait vite comprendre que Besta n'a pas drastiquement changé avec des riffs qui font sentir cette urgence punk que le grindcore a récupéré depuis ses origines. Il y a simplement ajouté du bon gros death metal qui tache et place quelques passages plus groovy, plus lourds ou tout simplement plus puissants. Ce qui fait qu'au lieu de paraître moins brutale, sa musique n'en devient au contraire que plus violente. Moins frontale et directe certes mais certainement pas moins violente, l'alternance de passages lourds et groovy avec d'autres plus bourrins et plus frénétiques accentuent encore l'impact de ces derniers et "Terra Em Desapego" utilise simplement plus de moyens différents de nous broyer les os que ses prédécesseurs. Si vous aviez peur que Besta se radoucisse en voyant la durée de ces nouveaux morceaux, vous pouvez ranger vos craintes au placard, même avec une approche moins frontale ce troisième album fait bien mal et cette quarantaine de minutes (là où les deux premiers albums s'approchaient seulement de la demi-heure) va bien vous malaxer les vertèbres. Quelques petites pointes de mélodie se font entendre dans de discrets mais très bons soli et la fin de ce premier morceau rappelle même les grandes heures du death technique ! "Veias Em Catarse" propose quelques riffs et leads plus froids et plus sombres avant de passer la seconde avec des riffs plus thrash et un up-tempo énervé.

Donc oui, le groupe amène des ambiances dans sa musique, les rafales de blasts sont bien moins fréquentes mais globalement la mue est très réussie et Besta surprend tout en restant lui-même. Ces sonorités ont toujours fait partie de ses influences mais trouvaient moins de place pour s'exprimer, "Terra Em Desapego" leur laisse toute l'attitude et si c'est le death metal qui prend le pas sur le grindcore, l'intensité et la brutalité sont toujours là. Certes les plus furieux qui voulaient du grind pur et dur qui fonce dans le tas en seront pour leur frais, mais à part ça ce nouvel album est très efficace et le groupe maîtrise clairement son sujet. "Patologia Profunda" fait lui aussi entendre quelques mélodies qui vont faire hurler les plus bourrins mais qui feront plaisir à tous les autres, d'autant que le morceau part ensuite une fois de plus en up-tempo et que le mélange des deux donne là encore un morceau extrêmement efficace et presque accrocheur ! C'est typiquement le genre de titre qui peut faire un carnage en live et vous faire chauffer une salle de concert façon fonderie. Pareil pour "A Colónia Dos Mentirosos" qui balance un mid-tempo écrasant avec tapis de double grosse caisse en renfort, là encore très diffèrent voire même aux antipodes du passé grindcore du groupe mais diablement puissant et efficace. Pour la production, c'est du même acabit, le son est plus puissant, plus gros, un peu plus propre et donc parfaitement adapté à ce visage plus massif et plus death metal.

Besta nous amène donc un album surprenant avec "Terra Em Desapego" qui lorgne plus vers le death metal et délaisse quelque peu le grindcore pour proposer quelque chose de plus lourd, de plus groovy, de plus puissant et moins frontal. C'est toujours brutal et agressif mais d'une autre façon et le groupe ne se renie absolument pas, il fait simplement entendre d'autres influences et utilise d'autres moyens de nous faire mal. Si les plus gros bourrins seront peut-être déçus, tous les autres se réjouiront à l'écoute d'un très bon album du genre qui sait se faire efficace et qui n'a de leçon à recevoir de personne.


Murderworks
Octobre 2023




"Eterno Rancor"
Note : 19/20

Ce nom de groupe alors ! Je ne peux m’empêcher de penser à une collégienne boutonneuse avec un appareil dentaire, parlant à sa meilleure amie, un chewing-gum au coin des lèvres, et qui s’exclamerait : "Ouais, tsé quoi, Inès t’es ma besta, j’te jure, ma sœurette, jte kiffe, t’es vraiment ma besta"… C’était donc mal parti, le nom me faisait déjà rire, alors quand j’ai vu cette pochette style bande dessinée, qui met en scène tous les malheurs du monde, je n’étais pas rassuré non plus. En revanche, dès les premières notes, je n’ai pas bronché, j’ai subi l’assaut musical avec un petit rictus de satisfaction qui voulait tout dire.

Besta, c’est du pur grindcore exécuté de main de maître avec une énergie incroyable, un sens du riffing parfait et une détermination indéfectible. Comme dans le cochon, ici, tout est bon ! La production est badass, les 16 compositions sont toutes géniales et font passer les 22 minutes du disque comme une lettre à la Poste ! Le chant criard limite hardcore s’emporte sur fond de chaos maîtrisé, des grosses guitares punkithrashisantes tapissent de graisse et de crasse vos cloisons auditives pendant que la batterie, sous trip, envoie les breaks les plus efficaces de la terre.

Alors, qu’est-ce qu’on y trouve dans ce petit skeud sympatique ? Plein de trucs ! Déjà, une grosse dose de Napalm Death, Insect Warfare, Venomous Concept, Magrudergrind, Blockheads, dans ce que ces groupes représentent de plus punk. Par contre, Besta a un son beaucoup plus clair que les noms précités, c’est moins profond et crade dans le rendu global. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est mélodique, mais les riffs sont parfaitement identifiables. Les guitares façonnent un mur sonore infranchissable et arrivent à être variées dans l’interprétation des différentes parties musicales. Concernant le chant, voix graves et aigues s’alternent parfois pour densifier le schmilblick. Petite parenthèse, le chant en portugais ajoute autant de rage que de rythme au reste de la musique. La part punk / hardcore est vraiment mise en valeur. Des gros mid-tempos viennent briser un élan puissant et permanant pour le plus grand plaisir de nos nuques raidies par la tension constante. Il y a même quelques passages audacieux et originaux, qui parviennent cependant à ne pas jurer avec le reste.

Pour un groupe qui a débuté en 2012, il y a de quoi être surpris par la maturité musicale et le goût avec lequel "Eterno Rancor" a été conçu. Je pense que la concurrence pour le prix du meilleur album grind 2019 a du souci à se faire. Sachez que la galette est en pré-commande sur Bandcamp via Lifeforce records en édition limitée, une version vinyle bleu / blanc marbré et une version rouge transparent, y'a de quoi se laisser tenter. 19/20, ce n’est pas volé, et c’est tout ce que mérite cette équipe de poilus à laquelle je souhaite une excellente carrière !


Trrha'l
Mars 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/bestagrind