Alors que la bataille fait rage entre les deux acteurs principaux du projet, les Polonais de
Batushka se séparent pour créer deux entités distinctes. Sortant tous les deux un album,
c’est sur "Hospodi", le projet de Bartlomiej Krysiuk (chant) que nous allons nous pencher.
Aidé par Pawel Jaroszewicz (batterie, Hate, Antigama, ex-Christ Agony, ex-Vader,
etc…), le chanteur compose donc ce qu’il considère comme le successeur de l’excellent
premier opus de la formation originale.
L’album débute avec "Wozglas", un morceau introductif et très représentatif de l’esprit
ritualistique de la formation. Quelques cloches, mais surtout des psalmodies, qui
débouchent sur "Dziewiatyj Czas". Le groupe revient sur un black metal froid et distant, teinté
d’instruments divers, de choeurs et de hurlements caractéristiques du style. Le rendu est
assez épique, et la double pédale martiale encadre religieusement le tout. Malgré cela, le
titre tend à perdre en intensité, alors que "Wizczernia", qui prend son temps pour démarrer est
plus intéressante. Un riff planant et quelques frappes avant une explosion ésotérique qui
laisse présager le meilleur pour la suite. Cependant, les hurlements du chanteur sont un peu
masqués par les choeurs et orchestrations. Le morceau s’arrête, repart, et il est finalement
difficile d’être totalement dedans du début à la fin.
On enchaîne avec "Powieczerje", une composition un peu plus viscérale, mais à nouveau la
froideur des riffs frappe, et certains passages nous font quitter la transe dans laquelle le
groupe souhaitait visiblement nous plonger. Le riff atmosphérique final cesse soudainement
pour nous amener sur "Polunosznica", qui débute par ce qui semble être un chant traditionnel.
Après cette étrange introduction qui m’a personnellement un peu déconcerté, débute un riff
qui à nouveau mêle ce côté ambiant et cette base black metal. La basse se joint
directement au mélange, mais l’explosion fait malheureusement l’effet d’un pétard mouillé.
Pas assez puissante, trop prévisible, je ne saurais l’expliquer mais je ne suis pas réellement
séduit. L’effet est un peu similaire pour "Utrenia", qui est pourtant plus lourde. Incorporant
même une rythmique un peu plus axée death metal, le groupe mêle énormément
d’influences, qui s’entrechoquent.
La fin de l’album est plus intéressante, à l’image de l’incisive et dynamique "Pierwyj Czas", qui
oublie parfois totalement les samples et orchestrations pour se concentrer sur un black
metal glacial, alors que "Tretij Czas" revient sur cet aspect majestueux que le groupe est
capable d’insuffler à sa musique. Cependant, les riffs viscéraux ne sont pas pour autant
oubliés sur cette rythmique lente et pesante. Le final s’enchaîne parfaitement avec "Szestoj
Czas", qui repart directement sur des cris effrayants et des riffs calmes bien que ténébreux
pour séduire. Bien qu’assez court, ce morceau marque les esprits. Dernier titre de l’album,
"Liturgiya" m’a un peu laissé sur ma faim, avec des riffs qui tournent, tournent, mais
n’apportent finalement pas la puissance qu’ils laissent présager.
Bien qu’un peu décousu, "Hospodi" prouve bien qu’il existait deux têtes pensantes dans
Batushka, et que c’était cette combinaison qui donnait toute l’intensité à la formation. Si
l’album de Bartlomiej Krysiuk n’est pas mauvais en soi, il ne rend pas hommage à la
magnificence du premier opus, et est clairement différent de celui de son ancien collègue.
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