Que j’aime ses formations audacieuses. Avant même d’avoir écouter je salue le courage et l’audace de ceux qui se sont dit que faire un trio où la clarinette remplace l’indétrônable guitare pouvait être une bonne idée.
Fait rare en 2020, la durée des morceaux est présente au dos de l’opus et on comprend pourquoi le trio a choisi de sortir cinq années de travail en diptyque puisque les sept titres représentent déjà quarante minutes de musique (et il en reste neuf). Pour rester sur la pochette, l’artwork est absolument sublime de simplicité et de sens. Ce visage, comme déchiré, puis reconstitué , m’évoque à la fois la haine, l’amour, la frustration, le romantisme, bref chacun ira de son interprétation mais il ne laisse pas indifférent. Là où ça devient très pertinent c’est que j’ai ressenti ces mêmes émotions dès la première écoute de "The Dust Of Our Dreams". Ca me rappelle l’album éponyme de Klymt sorti en 2005 que j’avais saigné.
Mais alors qu’est-ce que Bärlin ? On ne peut pas résumer la musique du groupe aux étiquettes que sont le low rock ou le jazz. Beaucoup plus complexe à définir, je dirais que c’est avant tout un univers qui va monopoliser votre esprit peu importe ce que vous êtes en train de faire à côté. La voix grave d’une gorge grande ouverte est hypnotisante, les lignes de basse apportent toute la mélodie, la texture à la musique, l’instrument est sur le devant de la scène. Quant à la batterie, elle assure son rôle de cadre sans excès, avec justesse. La clarinette ? Comme beaucoup je ne suis pas un expert en la matière et j’aurai deux choses à dire. La première, c’est que si vous voulez découvrir les capacités émotionnelles de cet instrument, cet album est une très belle porte d’entrée. La seconde, c’est qu’il est nécessaire de s’affranchir plus que jamais des clichés que l’on traîne avec nous. Aucun instrument ne mérite d’être dénigré, c’est ce qu’ils sont capables de fournir en charge émotionnelle qui est important, et ça ça dépend de l’artiste.
Evidemment, on doit saluer également le travail des personnes qui ont travaillé à l’enregistrement, à la production de cet opus et qui retranscrit de manière aussi intense l’art des Lillois. Cette première partie est d’une force incroyable, elle dégage en vous les mêmes éléments chimiques que ceux qui peuvent créer une addiction. Voici un voyage mélodique, philosophique, introspectif et pourtant tellement ouvert sur autre chose que soi-même. Bluffant.
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