"Colossal"
Note : 19/20
Baest est déchaîné ! Pour la sortie de leur quatrième album, "Colossal", Svend Karlsson (guitare, Kampvogn, Temple Of Scorn), Simon Olsen (chant), Lasse Revsbech (guitare), Sebastian Abildsten (batterie) et Mattias “Muddi” Melchiorsen (basse) restent fidèles à leur label de toujours, Century Media.
L’album débute d’une façon assez rock’n’roll sur "Stormbringer", première composition qui retrouve rapidement ses couleurs death metal tout en conservant la touche groovy à laquelle les parties vocales se joignent naturellement. Les leads perçants continuent d’habiter les riffs accrocheurs, apaisant l’atmosphère un instant avant de lâcher de nouveau la bride jusqu’à "Colossus", composition massive déjà connue et qui nous donne envie de remuer le crâne en un rien de temps. Le son est d’abord beaucoup plus lent, beaucoup plus lourd, mais aussi assez mystérieux grâce aux harmoniques, mais il va finalement accélérer et nous écraser en bonne et due forme avant de passer la main à "In Loathe And Love" qui propose des riffs efficaces ponctués d’accélérations assez régulières. On notera tout de même quelques influences thrash sur ce titre, auquel succèdera "King Of The Sun" où le groupe accueille Jesper Binzer (D-A-D), créant à sa rythmique brutale mais accessible un moment plus léger que l’invité rend intense. Bien qu’un peu différent des autres, le titre s’intègre parfaitement à la discographie avant de faire place à "Imp Of The Perverse" qui renoue avec l’approche saccadée et imposante, notamment sur ce rouleau de double pédale.
Le titre est long, et permet aux musiciens de prendre leurs aises pour nous molester régulièrement tout en laissant la rythmique évoluer librement avant de s’allier à leurs compatriotes ORM pour créer "Misfortunate Son", une composition assez inquiétante et mystérieuse aux accents heavy metal perçants couplés à des parties vocales furieuses. L’énergie brute revient sur "Mouth Of The River" et ses racines old school virulentes malgré l’allure globalement assez modérée, mais qui nous réserve tout de même son lot de surprises explosives, mettant d’ailleurs la basse en avant pour notre plus grand plaisir. "Light The Beacons" prend la suite avec une introduction enivrante, mais cette composition instrumentale ne lésine pas sur les harmoniques qui volent librement et captivent notre esprit, mais le chant reviendra renforcer "Depraved World", le dernier morceau, permettant au groupe de rester très solide sur certains passages, mais également de nous offrir des mélodies travaillées au bon moment avant de finalement ralentir une dernière fois, et pousser un dernier hurlement.
Les sorties de Baest ont toujours été extrêmement qualitatives, et "Colossal" est le digne successeur d’un groupe en pleine évolution ! Toujours teinté de cette touche de groove accrocheur, le son des musiciens prend plus que du death metal pour forger ses riffs !
"Necro Sapiens"
Note : 16/20
Le death metal existant depuis maintenant une petite cinquantaine d’années, c’est un genre qui, comme de nombreux autres, a évolué au cours du temps et est passé par plusieurs phases très identifiables, ayant par ailleurs donné naissance à des termes comme "death metal old school" au cours des dernières années. Si ce genre n’est pas proprement divisé en vagues comme a pu l’être le black metal, il est plus représenté par des groupes légendaires qui ont énormément influencé la scène à travers ce qu’ils proposent. C’est en considérant tout cela que Baest, formation de death metal danoise, nous propose cette année son album "Necro Sapiens", qui semble se lancer comme défi de retracer cette histoire du death metal à la manière d’une encyclopédie musicale, mêlant ainsi théorie de l’évolution et musique sauvage sans concession.
Et c’est ainsi que l’album va démarrer en reprenant les bases du genre, accompagnées par des riffs suintant et malsains, parfois distordus, très inspirés des pionniers du genre comme Master ou encore Entombed, qui se voient honorés dès le tout premier morceau, "Genesis", avec le riff d’introduction, récurrent dans à peu près tout le morceau qet ui nous fait directement penser aux premières heures de gloires du death metal à travers ces notes très répétitives comme un cercle hypnotisant de cauchemar mais dans lequel on se complait totalement.
L’évolution suit ensuite son cours à travers les morceaux, dépeignant la fresque, pourtant toute jeune mais bien fournie, du death metal et son évolution à travers les dernières années. Cela va se caractériser par des riffs urgents et rapides, avec assez peu de notes aigues en dehors des solos, comme dans "Czar", qui vont, au fil de l’album, laisser leur place à de nombreux accords très efficaces et joués très rapidement. Les uniques aigus de ces morceaux étant constitués par les emblématiques solos, souvent très techniques et qui viennent s’insérer au milieu d’un déluge de brutalité qui mise plus sur l’efficacité que sur la technicité. C’est tout particulièrement remarquable à travers le très long solo du morceau "Towers Of Suffocation" qui se veut très long et très technique.
Cette évolution se veut aussi remarquable à travers le mixage des instruments, qui varie significativement au fil de l’album, notamment au niveau de la batterie, se posant comme un élément de rythme très rapide dans des morceaux comme "Necro Sapiens", elle devient plus lourde et assassine, participant largement plus au bloc massif induit par les riffs vers la fin de l’album, comme dans "Purification Through Mutilation", morceau qui se présente définitivement comme un hommage aux productions modernes d’Immolation, empruntant cette ambiance très bulldozer et les harmoniques incessants en début de morceau qui viennent charcuter les riffs.
L’histoire de cette évolution se terminera donc à la fin de l’album, avec un death metal très moderne et sans concession, porté par une production très axée sur le blast et les riffs et surtout beaucoup plus claire et distincte, ce qui est immédiatement remarquable dans "Meathook Massacre" et qui donne cette impression que le son est plus fort alors que le volume est resté le même. La musique se veut sans fioritures ni soli techniques et est uniquement axée sur la pure brutalité induite par des riffs qui se veulent moins rapidement joués mais beaucoup plus percutants, comme l’inoubliable première partie de "Sea Of Vomit", on a également une totale disparition de la distorsion, pourtant quasi omniprésente au départ.
C’est ainsi à travers ces 45 minutes que Baest, tels des anthropologues du death metal, nous présente leur théorie de l’évolution du death metal, marquant ainsi à travers un unique album la plupart des grandes phases de transition qu’a pu subir le genre. On pourra regretter, à ce titre, que le chant soit plus ou moins toujours le même, ne portant pas cette idée d’évolution aussi loin que le font les morceaux à travers leur composition et leur production. Toujours est-il que cet album se présente comme une véritable encyclopédie du death metal, rendant hommage aux plus grands sans pour autant présenter des ripp-offs de tout ce qui a pu être produit jusque-là.
"Venenum"
Note : 15/20
Baest est un groupe danois assez récent, responsable de deux démos et deux albums, ce "Venenum" inclus. Ce qui surprend avec cette formation, c’est qu’elle n’a pas eu à se roder bien longtemps pour trouver sa voie et son feeling propre. En effet, le death metal teinté de climats inspirés de black metal que nous propose le quintette est à la fois léché et couillu, propre et efficace, de quoi passer un excellent moment sous la pluie de décibels sombres et menaçants qui se dégagent de cette nouvelle galette de qualité.
On remarque de multiples influences chez ces messieurs vénères, déjà stylistiquement, le groupe dispense un metal de la mort assez orienté vers le thrash, sur lequel se dessinent des riffs très mélodiques. L’exemple le plus frappant est le titre "Nihil", très inspiré par la formation américaine Nile, notamment par l’usage de sonorités orientalisantes. De même, on y retrouve une méthodologie compositionnelle qui rapprocherait Baest de Vltimas, le nouveau superprojet de David Vincent, Flo Mounier et Blasphemer, ainsi que des ambiances qui ressemblent aux délires d’un autre groupe danois, Panzerchrist. Tout au long du disque, le blast beat et la double bombe restent des éléments omniprésents. Le son des guitares et l’agencement de certains riffs rapprochent "Venenum" de certaines formations de death suédois tels Bloodbath ou Dismember. Non seulement tout ces éléments se marient très bien, ajoutant au metal de Baest un ton particulier, mais en plus, le combo mise sur une production impeccable où chaque instrument trouve non seulement sa place, mais magnifie l’ensemble. Le son de cet album est une véritable claque, en même temps, quand on est signé chez Century Media, on fait les choses bien ou on ne les fait pas.
Sur les 44 minutes et demie du skeud, malgré le fait que tout soit fait pour stimuler notre besoin de poutrage, il y a un petit quelque chose dans la démarche de Baest qui se trouve être redondant. Deux titres sont particulièrement dispensables, "Heresy", ersatz de Morbid Angel en moins bien et "As Above So Below", avec ses petits côtés Death période "Symbolic", en plus lourdeau mais avec moins d’âme. Malgré l’efficacité du son, la technicité des musiciens et, mine de rien, des compositions qui parviennent à préserver à la fois du climat et de l’agressivité, on sent parfois l’ennuie se pointer légèrement, puis "hop", on se remet dans le match quelques secondes après, captivé par le riff qui suit. L’écoute est ainsi fragmentée, et "Venenum" possède les caractéristiques du disque qui te met bien dedans dès le début, puis te perd progressivement.
Evidemment, malgré ces remarques peu engageantes, Baest tient là un bon album, car dans le lot, certaines compositions valent vraiment le coup ("Sodomize" ou encore "Vitriol Lament"). L’argument du son est également valable car la production est vraiment efficace. Après, c’est à vous de décider, car "Venenum" possède quand même de sérieux atouts, notamment pour les fans de death mélodique sombre et technique.
"Danse Macabre"
Note : 15/20
Baest est une formation musicale danoise qui existe depuis 2015. Ils propsent du death
s’inspirant de grands noms comme Entombed, Grave ou bien Morbid Angel. Ayant signé
récemment chez Century Media Records, on a droit à leur tout premier premier album "Danse Macabre".
On atterrit dans un environnement assez lourd et à la fois sombre. Les riffs sont de plus en
éléctriques et nous plongent de plus en plus vers une ambiance Gravesque. Puis arrivent ces
trémolos lourds et sombres finissant sur des coups de batterie brefs. "Crosswhore" est sans
conteste l’un de mes titres préférés. Puis c'est "Vortex" qui me fera la même impression mais avec des
mélodies désordonnées et des airs death old school à la Morbid Angel.
Cependant, la véritable puissance de l’album n’est pas encore arrivée à nos oreilles.
"Hecatomb" impose une batterie incessante et une voix de plus en plus bestiale. Le chanteur
guidera la voracité des riffs grésillants et techniques jusqu’à nous, pour nous faire profiter du
massacre. Puis viendra plus tard une avalanche de notes oppressantes teintées de ténèbres
profondes et mystérieuses. Mais cette diversité musicale ne s’arrête pas là. On aura même droit à quelques cordes pincées qui nous feront voyager dans un univers bizarre, doux mais
toujours sombre comme l’indique le titre éponyme de l’album.
Le rouleau compresseur musical surgit vers la toute fin dans "Ego Te Absolvo". C’est tout un
condensé musical qu’arrive à faire le groupe : une recette à la base de malsanité, pimentée
par du brutal death discret et saupoudrée de quelques éléments de death classique.
On comprend donc rapidement pourquoi Century Media Records a proposé une chance à
Baest. Et ils l’ont saisie avec excellence.
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