"Tyranni"
Note : 17/20
Seulement un an après leur premier album, les prolifiques Avslut récidivent avec "Tyranni",
un deuxième album rempli de noirceur à la suédoise. On retrouve donc D (basse), O
(batterie), C (chant), E (guitare / chant) et S (guitare) aux commandes de la machine qui est
l’une des fiertés d’Osmose Productions.
Dès "Tyranni", le premier titre, on sait que cet album est la suite directe du premier. Le son est
tranchant, noir à souhait, et surtout viscéral. Les hurlements du chanteur, soutenu par les
choeurs du guitariste pénètrent l’esprit, et les riffs lacèrent notre âme sans répit jusqu’à la fin
du morceau. Mais alors que vous vous croyez sortis d’affaire, le groupe enchaîne avec
"Stigens Ände", une deuxième composition toute aussi incisive et sombre. Surmonté de
choeurs caverneux, les cris du frontman donnent une saveur particulière à une base
rythmique déjà très efficace, et le constat est le même pour "Likvidering". Démarrant en
trombe, ce dernier prouve à nouveau que le groupe est redoutable, et que la scène black
metal n’est pas prête de s’éteindre. Le mix laisse une place importante à chaque instrument,
et le tonnerre gronde en permanence, même lorsque l’on croît à une accalmie.
Bien décidés à ne pas s’arrêter en si bon chemin, les Suédois continuent avec "Allt Förgås".
Après cette introduction lente vient l’explosion. Ce n’est pas la rapidité qui prime sur ce
morceau, mais bien l’ambiance pesante et par la suite la guitare lead lancinante. Mais le
blast n’est pas bien loin, comme sur l’énergique "Den Eviga Flamman", qui va ralentir afin de
donner ce second souffle au morceau avec un passage prenant et des hurlements qui
semblent venus d’ailleurs avant de relancer la rythmique. On repart dans la fureur la plus
pure avec "Underjordens Apostlar", un titre au nom évocateur (“Apôtre des Enfers”) qui nous
fait ressentir à la fois la froideur du son des Suédois, mais également cette rage qu’ils
insufflent à chacune de leurs compositions.
On se rapproche doucement de la fin de l’album avec l’intrigante "Pestens Lärjungar" et son
ambiance à nouveau pesante, alors que le groupe aligne des riffs tranchants sur un tempo
rapide et dans la plus pure tradition du black metal, permettant au chanteur de poser une
voix sortie des ténèbres, tout comme "Dråp", le morceau au son le plus perçant de l’album.
Les petites touches de technicité s’allient à merveille avec cette base plus simple mais
toujours aussi diablement percutante. Dernier titre de ce disque, "Ändlöst Slaveri" permet de
clore en beauté trois quart d’heure de noirceur martiale. De petites accélérations sont à
prévoir ainsi qu’un passage lead très propre sur cet ultime morceau, tout aussi savoureux
que les précédents, mais qui termine en apothéose.
Avslut a beau être une jeune formation, les musiciens maîtrisent leur art sur le bout des
doigts, n’hésitant pas à inclure çà et là quelques touches plus techniques, planantes ou
viscérales selon les morceaux. Si "Tyranni" est un très bon album, j’attends déjà le prochain
ainsi qu’un passage sur scène.
"Deceptis"
Note : 17/20
La Suède regorge de groupes qui fêtent un anniversaire à deux chiffres chaque année, mais
également de nouvelles pousses prometteuses. Si le nom d’Avslut ne vous dit rien, c’est
parce que c’est en effet un groupe dont la création ne date que de 2016. D. (basse), O.
(batterie), C. (guitare / chant puis chant seulement) et E. (guitare / chant) ont décidé de
canaliser leur haine dans un black metal martial avec quelques nuances plus
atmosphériques. Pour compléter le line-up, ils engagent S. (guitare) pour que C. puisse se
consacrer entièrement au chant en 2017, après la sortie de leur premier EP. Et c’est
finalement en 2018 que sort "Deceptis", leur premier album. Neuf titres qui révèle leur
misanthropie et leur ressentiment envers l’humanité.
L’album débute sur "Pestilence", un titre qui emprunte autant à Dark Funeral qu’à Marduk.
Des riffs atmosphériques rejoignent une rythmique puissante et imposante, qui ne s’arrête
jamais pendant que C. et E. hurlent à l’unisson. Leur litanie continue sur "Förlorad", un titre
qui fait honneur à la veine empruntée par les Suédois. Cependant, cette composition
comporte plus de parties instrumentales, ainsi que plus de passages atmosphériques.
Surtout ce break planant juste après la moitié du titre, qui vous fera faire des moulinets avec
votre nuque sans que vous ne vous en rendiez compte. Si vous comptiez sur "Existensens
Skugga" pour vous reposer, alors vous n’aurez que quelques secondes. En effet, ce morceau
repartira aussi vite qu’il lui est permis, et enverra un blast massif qui dévaste tout sur son
passage. Les saccades du break qui empruntent au death metal lui permettent de
redémarrer de plus belle, avec à nouveau une rythmique impitoyable qui possède le pouvoir
d’inciter quiconque l’écoute au headbang.
"Legion" est une autre démonstration parfaite de l’association entre une rythmique implacable
et une mélodicité exacerbée, le tout avec une voix qui mène toute la composition à la
baguette, avec quelques passages doublés de choeurs pour un effet grandiose. Sur
"Martyrium", le groupe se montre plus incisif dans la composition, renforçant grandement le
rôle des harmoniques, que ce soit dans les passages rapides et puissants, où dans les riffs
atmosphériques, mais cette impression changera avec la violente "Deceptis". Le blast beat est
mis en avant alors que les autres instruments sont relégués au seconde plan pour instaurer
une ambiance pendant que les frappes de O. envahissent l’air telles des rafales d’armes à
feu.
On revient sur un aspect plus contemplatif et mystique avec "Evigt Mörker", une composition
qui joue sur des riffs sombres et à la violence suggérée, mais grandement endiguée par des
guitares qui nous mènent lentement à travers l’univers que le groupe instaure depuis le
début. Sur "Terra Mater", la rythmique se durcit un peu plus, ainsi que les hurlements de C. et
E. , qui se mêlent parfaitement et se complètent jusqu’à atteindre une alchimie totale en
quasi-permanence, l’une ne se distinguant presque plus de l’autre. Le dernier titre, "Avslut",
est également le plus long de l’album. Il joue sur une rythmique imposante, mais bardée
d’harmoniques et d’envolées de guitare lead pour atteindre une voix qui ne se lâche pas
encore tout à fait. Au fur et à mesure que les ténèbres envahissent l’esprit de l’auditeur, le
faisant lâcher prise sur ce qui l’entoure, le chant devient plus insistant. Les riffs laissent
également plus de place à la basse, tout en continuant de matraquer inlassablement
l’univers du groupe déjà torturé grâce à la double pédale. Le dernier riff s’éteint alors
progressivement dans l’obscurité et le silence alors que le groupe considère avoir atteint son
objectif.
Si l’artwork laissait présager une musique sombre au possible, j’étais loin de m’imaginer que
l’univers d’Avslut était aussi prenant. Cette plongée au coeur même des ténèbres est une
expérience très plaisante, et je me réjouis que ce soit le label français Osmose Productions
qui ait pu signer le groupe. J’espère cependant qu’ils ne tarderont pas trop à faire tourner le
groupe dans nos contrées, car il me tarde de pouvoir savourer ces titres en live.
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