Le groupe
Biographie :

Autarkh est un groupe de metal extrême hollandais formé en 2019 et actuellement composé de : Michel Nienhuis (chant, guitare, programmation / ex-Dodecahedron), David Luiten (chant / guitare), Tijnn Verbruggen (synthé / programmation) et Desmond Kuijk (basse) Autarkh sort son premier album, "Form In Motion", en Mars 2021 chez Season Of Mist, suivi de "Emergent" en Novembre 2023.

Discographie :

2021 : "Form In Motion"
2023 : "Emergent"


Les chroniques


"Emergent"
Note : 17/20

Retour de la machine Autarkh avec un second album. Deux ans après sa première offrande, Michel Nienhuis (chant / guitare, Our Oceans, ex-Dodecahedron, Strapping Young Lad,) accompagné par David Luiten (chant / guitare), Desmond Kuijk (basse) et Tijnn Verbruggen (synthétiseurs / boîte à rythmes) continue de développer son univers singulier avec l’arrivée en 2023 d’"Emergent" chez Season Of Mist.

"Open Focus" nous replace immédiatement dans ce mélange “contemporain” entre influences indus, lenteur oppressante et effets déroutants d’où sortent des parties vocales intenses, saturées ou non. L’approche lancinante de ce long titre nous hypnotise grâce à des mélodies très présentes et aux voix avant de s’éteindre progressivement pour laisser "Strife" et son introduction entêtante prendre la suite, révélant des parties abrasives perturbantes entre deux coupures sombres. Les tonalités inquiétantes rythment la composition tout comme sur "Duhkha" qui dévoile quelques éléments accrocheurs pour contraster les sons inquiétants en arrière-plan, contribuant toutefois à l’ambiance froide qui s’intensifie sur le final brumeux avant d’exploser sur "Trek", un morceau dévastateur dont les quelques effets aériens seront notre seul repère sous l’ouragan mécanique.

Le groupe prévoit tout de même des moments plus calmes et parfois planants alors que "Refocus" renoue avec les patterns automatiques efficaces et les voix étranges qui errent dans la rythmique, et qui seront particulièrement efficaces pour nous faire perdre la notion du temps avant "Aperture", une sorte d’interlude apaisant. On retrouve tout de même les choeurs perturbants qui nous bercent jusqu’à "Eye Of Horus" et ses influences alternatives relativement accessibles, qui se conjuguent aisément avec les éléments ambiants du groupe. "Countless Kaleidoscopes" revient dans la lourdeur gratuite et assommante entrecoupée par une ambiance intrigante puis l’album prend fin avec "Ka", une composition faite d’une noirceur fascinante et contrastée qui va finir par devenir presque apaisante en intégrant des choeurs et une régularité aussi imposante qu’impressionnante.

Une fois de plus, Autarkh développe un univers unique. Aussi familier qu’inconnu, "Emergent" ne peut que contribuer à la réputation grandissante de la formation, qui n’hésite pas à piocher dans la froideur apaisante de l’indus pour nous hypnotiser.


Matthieu
Novembre 2023




"Form In Motion"
Note : 17/20

Après la dissolution de Dodecahedron qui aura sorti deux très bons albums, le maître à penser Michel Nienhuis s'en est allé former Autarkh. Un nouveau groupe qui nous livre ici son premier album "Form In Motion" et il va falloir s'accrocher, parce que comme d'habitude, tout ça ne va pas être facile d'accès ! Dodecahedron s'illustrait déjà par sa musique complexe et touffue, Autarkh ne se prive pas de pousser les choses encore plus loin.

Après une petite intro inquiétante et noisy, c'est "Turbulence" qui ouvre le bal et on se prend direct un metal dissonant, extrême, nerveux et sale dans les dents. Quelque part entre un death metal moderne, l'industriel, le progressif et le black de très loin pour l'aspect parfois dissonant. Un premier morceau qui porte en tout cas bien son nom puisqu'après les blasts de rigueur et les riffs crado joués sur des guitares qui sonnent comme des lames de rasoirs rouillées, le groupe nous balance une partie electro puissante et méchante. Un mélange des genres très efficace qui donne une musique extrême mais surtout très froide et doté d'un feeling urbain assez sale. La mélodie trouve de la place pour s'exprimer ne serait-ce que par certaines lignes de chant un peu plus claires, mais Autarkh produit surtout une agression sonore quasi constante qu'elle soit sonore ou émotionnelle. Quand ce ne sont pas les gros beats electro bien sales ou les guitares corrosives qui vous attaquent à grands renforts de blasts, c'est l'ambiance générale glaciale qui vous agresse les sens. Et n'imaginez pas que le groupe balance de la grosse techno dans ces fameuses parties electro, ses influences seraient plutôt à chercher du côté de chez Autechre par exemple. Autarkh se sert de ces sonorités pour bâtir un décor froid, urbain et désincarné qui colle à merveille à son metal crade et méchant. "Form In Motion" n'est pas la bête continuité de ce que faisait Dodecahedron et le changement d'univers est suffisamment flagrant pour comprendre pourquoi le groupe n'existe plus. Les influences du projet sont éminemment modernes, certains riffs de "Cyclic Terror" ne sont d'ailleurs pas loin du djent, même si c'est dans une version complètement malsaine et inhumaine. Là où nous ne sommes pas perdus, c'est dans le fait qu'une fois de plus la musique de Michel Nienhuis est difficile à saisir, personnelle et dotée d'une perspective artistique.

Plus qu'une simple succession de morceaux, "Form In Motion" prend des allures de tableau impressionniste et ne se prive d'aucune expérimentation sonore pour mieux dépeindre un monde froid et déshumanisé. Quelques morceaux plus courts d'une durée avoisinant les deux minutes coupent d'ailleurs régulièrement le tracklisting en guise d'interludes, une autre façon de renforcer encore cette ambiance déjà frappante. Il y a quelque chose de presque hypnotique dans certaines boucles industrielles que posent le groupe par moments, l'impression d'être pris dans un tourbillon sonore qui nous envoie voler au loin. Non seulement ce premier album pose les bases d'un univers passionnant mais démarque en plus Autarkh de toute scène possible tant le groupe prend ses distances avec tout le monde d'entrée de jeu. Comme toujours avec ce genre d'approche, il y a en qui n'arriveront pas à suivre, "Form In Motion" ne vous prend jamais par la main et il va falloir défricher ce terrain sauvage par soi-même. Le dernier morceau de l'album nous dit que le temps est une illusion, vous allez vite comprendre que "Form In Motion" vous le fait effectivement oublier et vous perd pendant quarante-sept minutes dans une dimension parallèle. Pour ce qui est de la production, on retrouve aussi cette espèce de symbiose contre nature entre la crasse des guitares d'un côté et le côté clinique, propre et puissant des sonorités electro de l'autre. Le tout donne un son parfaitement adapté à la bête et qui permet en plus de bien saisir ce qui se passe, ce qui n'était pas donné vu le les couches de son qui peuvent parfois se superposer.

Un premier album qui surprend et frappe en pleine mâchoire par sa variété, sa personnalité, sa profondeur. "Form In Motion" ne plaira clairement pas à tout le monde mais Autarkh montre une volonté de se démarquer et nous balance une carte de visite impressionnante qui laisse espérer une suite.


Murderworks
Juin 2021


Conclusion
Le site officiel : www.autarkh.com