"The Stillness Of Dissolution"
Note : 19/20
Austere règne sur la tristesse. Avec "The Stillness Of Dissolution", leur cinquième album, Mitchell “Desolate” Keepin (guitare / basse / clavier / chant, Temple Nightside, Unfelled, ex-Funeral Mourning…) et Tim “Sorrow” Yatras (batterie / clavier / chant, Autumn's Dawn, Germ, ex-Lord…) renouvellent leur confiance en Prophecy Productions.
L’immersion dans les ténèbres débute avec "Dissolved Exile", une première composition certes dissonante mais hautement mélodieuse et saisissante qui rencontre des grognements bruts et assez agressifs. Les harmoniques se fraient naturellement un chemin dans cette rythmique abrasive tout en distillant leur mélancolie entêtante, emportant sans mal notre esprit dans leurs pas en rejoignant "Time Awry" qui s’obscurcit immédiatement et propose des tons plus pesants. Les leads restent présents pour nous émerveiller, mais ils restent dans ces teintes désolées, mais les hurlements se transforment de temps à autre en chant clair rassurant pour nuancer l’oppression à l’oeuvre avant d’atteindre "Redolent Foulness" qui propose un son beaucoup plus éthéré et vaporeux.
On se perd facilement dans ces riffs brumeux complétés par un chant clair apaisant puis par les rugissements intenses et désespérés avant de regagner la quiétude via "The Downfall" et sa lenteur lancinante qui soutient des riffs majestueux pour nous envelopper dans son cocon sonore. Le voile dissonant nous accompagne une fois de plus tout au long de cette composition glaciale, mais revient sous une autre forme pour "Rusted Veins", création légèrement plus énergique qui s’ancre dans une approche old school et perçante de leur noirceur. Les harmoniques sont bien plus directes, permettant à la rythmique solide de progresser uniformément pendant que les voix se mêlent, puis on retourne à ce torrent d’émotions sur "Storm Within My Heart", dernière composition sur laquelle le duo se déchaîne et offre une performance déchirante, que ce soit instrumentalement ou dans leurs voix si émouvantes et expressives, complétées par des claviers assez imposants en arrière-plan.
Le retour d’Austere avait été un grand soulagement pour la part maussade du black metal, et le groupe nous prouve sortie après sortie qu’il fait partie des maîtres. "The Stillness Of Dissolution" n’a pas fini de nous émouvoir et de faire couler larmes et encre.
"To Lay Like Old Ashes"
Note : 17/20
L’album en question est composé de 6 chansons pour une durée approximative de 54 minutes,
il commence par l’instrumental "Down". Le bruit d’un orage violent se fait entendre au loin, avant que la musique au sens propre du terme ne débute. La très courte mélodie restera néanmoins entrecoupée des bruits du tonnerre, apportant une ambiance asssez lugubre au titre. Une bonne introduction.
On entre dans le vif du sujet avec "To Fade With The Dusk". La chanson débute par un rythme de guitare entraînant, suivi par une batterie plutôt lente pour du black. Mais ce qui marque ici, ce sont les vocaux.. Ce sont de véritables cris de désespoir, des cris lancinants et terrifiants. Pendant pas moins de 7 min, ces cris vous transpercent littéralement.. Peut-être faut-il être un adepte du genre pour remarquer les subtilités dans les émotions que les vocaux créent ? Je ne le sais pas vraiment, mais le résultat est assez impressionnant.
Après ce morceau aux sonorités très ambient, déboule la pièce maîtresse de l'album en mon sens "This Dreadful Emptiness". Le titre du morceau est déjà très évocateur. Les vocaux sont encore une fois saisissants, et empreints d'une souffrance absolue. Quelques notes au piano annoncent une nouvelle phase dans le morceau. Des vocaux clairs font leur apparition, et pour présenter les choses de façon imagée, c'est un rayon de soleil après la tempête. Pourtant ce n'est une fois de plus que le désespoir qui n'est exprimé avec ces paroles, qui je pense resteront dans la tête de tous les auditeurs de l'album : "I craved your warmth but it was too late. Too late, you realized that I was in the cold". Et comme pour nous laisser sombrer un peu plus, la mélodie reprend et se répète.
Suit alors la chanson-titre "To Lay Like Old Ashes". Elle débute de but en blanc par ces mêmes vocaux, si caractéristiques d'Austere. De nouveau, ce sont des cris déchirants appuyés par un clavier en arrière-plan qui envahissent nos oreilles. Le fin du morceau en voix claire peut surprendre aux premiers abords, les précédents morceaux ayant privilégié les hurlements. Et une nouvelle répétition de la mélodie jusqu'à la fin du morceau qui se conclut sur un cri d'agonie et des sons de cloches. Annonçant peut-être un enterrement ? (soyons honnêtes, ça ne peut pas annoncer un événement heureux !)
Enchaînement avec "Just For A Moment". Nouvelle surprise, le morceau débute directement par la voix claire. On se dit alors que la fin de cet album est axé sur cette voix mais on ne s'en plaint pas outre mesure. C'est un véritable vecteur d'émotion brute, au même titre que la voix hurlée.
Après un tel album, on se dit que cela ne peut finir qu'en feu d'artifice. Hélas, ce n'est pas le cas avec "Coma II", un morceau instrumental durant pas moins de 20 minutes. Je n'ai rien contre l'instrumental loin de là, mais la mélodie consiste en quelques notes se répétant indéfiniment pendant tout le morceau. Avec quelques variations de rythme, mais tout de même ! Trop de répétition tue la répétition.
C'est donc sur un goût amer qu'on termine l'album, qui aurait pu être un sans fautes sans cette longue (très longue !) conclusion. Austere a toutefois réussi son pari, faire un album de black dépressif qui émerge significativement du lot. Sans conteste, le chef d'oeuvre d'un groupe qui pour le coup se sera séparé au sommet de son art.
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