Le groupe
Biographie :

August Burns Red est un groupe de metalcore de Lancaster, Pennsylvanie, États-Unis. Il a été formé en 2003. En 2004, le groupe est signé chez CI Records et sort un EP appelé "Looks Fragile After All". Après un an de concerts, et l'arrivée d'un nouveau chanteur (Jake Luhrs) dans le groupe, ils signent chez Solid State Records en 2005 et sortent "Thrill Seeker" le 8 Novembre de la même année. En 2006, le batteur, Matt Greiner, est endorsé par Truth Custom Drums. Leur second album, "Messengers" sort le 19 Juin 2007. Il se vend à plus de 75 000 copies et atteint la 81e position au Billboard Top 200. "Constellations" sort en 2009, suivi de "Leveler" en 2011 et de l'album instrumental "August Burns Red Presents: Sleddin' Hill" en 2012. L'album "Rescue & Restore" sort fin Juin 2013 chez Solid State Records, suivi de "Found In Far Away Places" en Juin 2015 chez Fearless Records, de "Phantom Anthem" en Octobre 2017, de "Guardians" en Avril 2020, et de "Death Below" en Mars 2023 chez SharpTone.

Discographie :

2005 : "Thrill Seeker"
2007 : "Messengers"
2009 : "Constellations"
2011 : "Leveler"
2012 : "August Burns Red Presents: Sleddin' Hill"
2013 : "Rescue & Restore"
2015 : "Found In Far Away Places"
2017 : "Phantom Anthem"
2020 : "Guardians"
2023 : "Death Below"


Les chroniques


"Death Below"
Note : 15/20

Lorsqu'un groupe parvient à solidifier son empreinte musicale dans un genre spécifique, chaque nouvel album est attendu avec impatience. August Burns Red, icône du metalcore, n’échappe pas à la règle. Et son dernier opus, suscite (comme d’habitude) à la fois excitation et curiosité parmi leurs fans. "Death Below" est un album qui respire la maîtrise musicale caractéristique du groupe mais qui (comme plusieurs albums d’ABR) ne laisse que peu de place à l'innovation. C'est un retour bien exécuté mais prévisible, qui ne surprendra pas l'auditeur familier avec le son distinctif d'August Burns Red.

Passé l’intro "Premonition" et dès les premières notes de "The Cleasing", les rythmes complexes, les riffs ciselés et les breakdowns puissants sont tous au rendez-vous. Les musiciens démontrent toujours une précision technique impressionnante et Jake Luhrs livre toujours ses performances vocales énergiques et passionnées. Cependant, ce qui manque peut-être à cet album, c'est la volonté d'explorer de nouveaux territoires. Bon, une fois de plus le chanteur ne parle pas du fait que sa petite amie ait cramé son chien. Mais quand même, cela devient un poil déjà vu tout cela…

Au fil de l'album, des moments forts se détachent comme dans "Backfire" où les guitares tissent une toile complexe ou encore dans "Deadbolt" avec ses changements rythmiques captivants. Cependant, pour ceux qui suivent le parcours d'August Burns Red depuis un certain temps (depuis 2007 et "Messengers" pour ma part), ces moments brillants sont entrecoupés de structures de chansons et de motifs qui semblent répétitifs. L'absence d'audace dans l'expérimentation sonore peut laisser les auditeurs avides de nouveauté sur leur faim. Pour les autres, ils apprécieront évidemment. Mais je ne peux m’empêcher de penser à ce sentiment de redondance et de lassitude qui finit toujours par avoir raison de moi lorsque je vois la bande américaine en live.

Pourtant, et bien malgré "Death Below" quelque part, dans un monde en constante évolution, il y a quelque chose de réconfortant dans la constance d'August Burns Red. Le groupe sait exactement comment fournir des morceaux qui incitent les têtes à hocher frénétiquement. Pourtant, j’ai cette triste impression que ce confort peut parfois se transformer en une zone de stagnation artistique. Si l'objectif de l'album était de fournir aux fans une dose bien nécessaire de metalcore caractéristique, alors il a atteint son but. Et sans effort. A l’inverse, s’il était de surprendre, c’est un raté.

En somme, "Death Below" d'August Burns Red est un album qui renforce leur place dans le panthéon du metalcore. Mais un album de plus sans réel plus. Certes, il rend justice à leur habileté technique et leur compréhension profonde du genre. Pour autant, je ne peux que m’empêcher de penser que "Death Below" sonne comme son prédécesseur qui sonnait déjà comme son prédécesseur. Et, quitte à passer pour un vieux con, je reste persuadé qu’un équilibre entre familiarité et innovation peut donner naissance à des albums bien plus mémorables. "Death Below" est, en fin de compte, une addition solide à la discographie d'August Burns Red, mais il ne laissera probablement pas une marque aussi durable que leurs travaux les plus emblématiques du groupe. CQFD.


Rm.RCZ
Septembre 2023




"Guardians"
Note : 16/20

Après trois années riches en tournées, August Burns Red revient avec un nouvel album. Intitulé "Guardians", le neuvième album des Américains reste dans la veine du metalcore qu’ils ont construit depuis le début du groupe. Côté line-up, rien ne change. Les trois fondateurs Brent Rambler (guitare), Matt Greiner (batterie, claviers) et John Benjamin "JB" Brubaker (guitare) sont toujours accompagnés de Jake Luhrs (chant) et Dustin Davidson (basse/choeurs) depuis 2006. Et les cinq musiciens, qui se revendiquent toujours chrétiens dans leurs influences, se sont démenés pour nous offrir leur album !

On débute avec "The Narrative", un titre qui reste sur ce que le groupe sait faire de mieux : des riffs accrocheurs, des hurlements et quelques passages à la double pédale ravageuse. Les Américains ont choisi la sécurité tout en incluant quelques harmoniques dont ils ont le secret, comme sur "Bones", un morceau plus rapide mais également plus agressif. Quelques choeurs s’invitent à la fête, mais le groupe reste sur ses sonorités lourdes et saccadées truffées de quelques coups de guitare lead pour ajouter du relief à son mélange. Des passages plus tranchants mais tout aussi furieux sont explorés sur "Paramount", alors que le chant devient un peu moins agressif. Plutôt entraînant, le morceau tourne tout seul, et nous amène finalement sur "Defender". A nouveau le titre se veut massif, à l’image de la rythmique lourde et du break qui risque de motiver une fosse, mais les accents parfois mélodiques, parfois dissonants sont toujours de la partie. Beaucoup plus douce, "Lighthouse" prend la suite avec une introduction certes saturée, mais aux accents très calmes malgré que la rythmique reprend le dessus par moments. Une sorte de ballade aux accents metalcore, qui sera encore adoucie par un break acoustique. Retour de la hargne qui habite le groupe à la base avec "Dismembered Memory", un morceau sans grande surprise mais avec quelques passages de guitare intéressants, tout en gardant cet aspect groovy et dansant.

On reste dans des sonorités accessibles pour "Ties That Bind", un titre dont l’introduction entêtante amène une rythmique efficace et une batterie survoltée. Si le tempo est élevé, le batteur se défoule littéralement sur son instrument. La guitare accélère soudainement, et les hurlements du chanteur s’intensifient avant de… eh bien de revenir à la normale. Le break est un peu plus sombre, mais le dernier refrain nous amène à "Bloodletter". Plus martiale, également plus noire tout en restant accrocheuse, cette composition est l’une des meilleures de cet album. La lourdeur côtoie les coups d’harmoniques en quasi continu, et on se surprend à remuer la tête. On passe à "Extinct By Extinct", un titre qui revient dans ce côté plus gai de la formation, mais également quelques sonorités qui flirtent avec le post-hardcore, mais aussi avec des passages prog. Une sorte de prise de risque contrôlée, tout comme sur la sautillante "Empty Heaven". Je suppose que les paroles ne sont pas aussi joyeuses, mais les sonorités du morceau le sont, même lorsque le blast frappe. Dernier titre, "Three Fountains" est également le plus long. Une intro mélancolique, des sons aériens… le groupe se rapproche très clairement du post-hardcore, ce qui n’est pas pour me déplaire. On conserve toutefois cette énergie propre au metalcore, mais le morceau est différent des autres.

Alors qu’il a commencé avec un metalcore assez basique, "Guardians" offre finalement quelques surprises. August Burns Red sait parfaitement faire du metalcore, mais le groupe peut également déployer de nouvelles sonorités qui restent dans la continuité de leur discographie. Et c’est appréciable de ne pas enchaîner break après break.


Matthieu
Mai 2020




"Phantom Anthem"
Note : 16/20

Rares sont les groupes de metalcore à ne presque pas avoir changé de membres. En tout cas, August Burns Red en fait partie, avec sa base composée de John "JB" Brubaker, Brent Rambler (guitares) et Matt Greiner (batterie) depuis 2003, ainsi que de Dustin Davidson (basse) et Jake Luhrs (chant) depuis 2006. Si le premier album, "Thrill Seeker", sorti en 2005, n'inclue pas les deux derniers arrivés, les six suivants sont le fruit du travail des cinq membres. Et le dernier d'entre eux, "Phantom Anthem", est une sorte d'aboutissement. Les musiciens ont poussé leur style saccadé qui mélange metalcore puissant et metal progressif inspiré à l'extrême pour sortir cet album. Si vous êtes sensibles aux deux éléments, alors vous allez adorer cet album qui est en passe de devenir un des fers de lance du metalcore mélodique.

"King Of Sorrow" est la première composition du groupe. Si le riff d'intro est plutôt lointain, le reste du titre ne tardera pas à vous arriver en pleine face, ne vous en faites pas. Les hurlements de Jake soutenus par David Davidson tiendront tête aux riffs chiadés des musiciens. "Hero Of The Half Truth" débute comme une composition metalcore classique, mais avec la patte technique du groupe, alors que "The Frost" est plutôt lente et atmosphérique. Sa rythmique s'excitera soudainement sans réelle raison, alors que Jake vocifère seule. C'est "Lifeline" qui prendra le relais, affirmant encore une fois le côté progressif et technique du groupe, tandis que "Invisible Enemy" reprend clairement une rythmique des plus grands virtuoses en une tempête de notes avec un son lourd. Ce titre fait à la fois partie des plus planants et des plus agressifs à mon avis. Si vous pensiez pouvoir vous reposer avec "Quake", alors ce sera partie remise, parce qu'il est tout bonnement impossible d'arrêter qui que ce soit alors que la tornade fait rage, et que la voix de Jake se fait plus menaçante que jamais. Si "Coordinates" peut se permettre de faire perdurer l'esprit de son riff d'introduction même dans le break, ce n'est pas le cas de "Generations" dont le seul but est de retourner une fosse au grand complet. Pourquoi l'ambiance de "Float" reprendra les choeurs chantés en plus des hurlements du chanteur ? Je n'en sais rien, mais le groupe verse toujours dans un metalcore de bonne facture, si bien que ce titre comme le suivant, "Dangerous", passeront comme une lettre à la poste, sans malgré tout marquer les esprits.

La dernière composition, "Carbon Copy", tente d'inclure beaucoup plus d'éléments mélodiques, noyant le tout sous une rythmique qui ne me plaît pas du tout. Le son semble trop brouillon et les instruments peinent à trouver leur place. Pourtant pas trop mal partis, sans toutefois réinventer ma vision du metalcore, August Burns Red ne me séduit pas. Si les musiciens sont bons techniquement, certains riffs manquent de saveur, voir même de cohérence. Je ne suis pas allé voir le groupe au Petit Bain en Août dernier, et je ne regrette absolument pas.


Matthieu
Octobre 2017




"Found In Far Away Places"
Note : 18,5/20

August Burns Red (ABR) est de retour avec "Found In Far Away Places", sixième album des Américains, et cela promet de créer encore le hype cette année. Sans compter le dernier album de reprises de chansons de Noël, le précédent "Rescue & Restore" avait bien titillé le Billboard Chart Top 200 en 2013 avec sa neuvième place au classement. En 10 ans de carrière (déjà !), le groupe s’est forgé une réputation difficilement attaquable en raison de son travail, que je considère à titre personnel, quasi irréprochable. En effet, la formation a su gâter son fan base à l’aide d’un metalcore (pour faire court) riche et innovant tout en gardant une ligne directrice claire au fil des années. Efficacité, honnêteté et fiabilité sont les mots que je j’utiliserais pour décrire brièvement ABR. De plus, le line-up inchangé depuis les débuts du quintette n’est pas innocent à cela. Face à ce constat édifiant, "Found In Far Away Places" est-il à la hauteur de réputation du groupe ?

Nous retrouvons à nouveau ABR avec un design de pochette bien à eux. Entre minimalisme et kitch, la cover évoque la nature et les grands espaces. Ce choix de visuel n'est pas du tout anodin, car "Found In Far Away Places" va vous communiquer un sentiment de grandeur et de liberté. En effet, avec ses leads omniprésents et ses passages folk américains étonnants, vous allez prendre l'air ! Allons dans le vif du sujet et sautons directement à "Majoring the Minors" certainement LE titre majeur de cet album. Concentrant absolument tout le meilleur de la formation en à peine 4 minutes, ce morceau résolument progressif, accumule mélodies et soli de guitare jusqu'à son interlude à la Johnny Cash totalement bluffant pour finalement atteindre son climax épique version folk metal. C'est simple, tous les morceaux de "Found In Far Away Places" vont dans la recherche de l'étonnement et d'un final grandiose. ABR réussi la performance de glisser une surprise ou une pépite dans chacune de ses chansons. Prenons par exemple :

- "Separating The Seas" : Vous serez surpris de danser sur le violon de cet interlude au rythme entraînant.
- "Identy" : après une première partie metalcore classique made in baston, je vous garantis que vous allez swinger du derrière sur son pont typé surf rock.

Au-delà de ces quelques extravagances, "Found In Far Away Places" reste avant tout un album de metalcore technique (à l’ancienne). Comme toute bonne galette de ce genre vous retrouverez votre dose de breakdown. Sagement utilisé, ce gimmick n’est pas central dans la musique d’ABR et s’amène au bon timing pour élever d’un cran le niveau de brutalité. Certes, "Found In Far Away Places" sait aussi multiplier les passages aériens comme sur "Vanguard" par exemple, mais jamais ne lâche la tension. Une fois le bouton play enclenché, "The Wake" vous blaste dans la figure et la suite des composions se déroule pied au plancher.

Encore sous le charme de ce "Found In Far Away Places", je ne trouve rien à redire pour le moment sur celui-ci. Je serais même tenté de dire qu'ABR est en train de réinventer la roue. Malgré mes exagérations et en essayant de prendre de la hauteur, je ne souhaite pas mettre de note maximale à ABR car je crains que leur dernière offrande s’essouffle dans la durée. Bien généralement lorsqu’un album s’enfile un peu trop facilement la lassitude n’est jamais très loin. De toute manière et objectivement, August Burns Red prouve à nouveau qu'il est le leader de sa catégorie. Survolant de haut ses contemporains, les Américains sont créatifs et jamais à court d'idées. La recette de ce succès est simple : se faire plaisir pour ensuite donner le meilleur de soi aux autres.


Vinny
Juin 2015




"Rescue & Restore"
Note : 17,5/20

Qu’on se le dise, avec le nombre d’années, ABR est vraiment quelque chose de constant. Techniquement et musicalement dans les compositions et dans l’apport global. August Burns Red est de ces groupes de metal qui traversent les âges et les modes sans céder à celles-ci. Gardant sa propre identité et son propre son, à la fois puissant et technique, ABR se pose encore une fois comme une valeur sûre !

Avec ce "Rescue & Restore", les mecs assoient encore un peu plus leur domination, silencieuse mais bien réelle. Dans cette scène metalcore sclérosée, là où le chant clair prend de plus en plus de place, August Burns Red a su braver les tempêtes pour avancer et imposer petit à petit son rythme, son style et sa façon de voir les choses, ce metalcore technique teinté de breackdowns dévastateurs. Musicalement, nos Américains sont au-dessus de ce qui se fait actuellement, clairement et simplement, là où les autres groupes reprennent des formules toujours plus chiantes les unes que les autres. August Burns Red, avec cet album, place clairement la barre un peu plus haut dans une musicalité et une recherche qui ne se contente pas de cordes à vide et de case de haut de manche sur grosse corde de guitare… Cet album offre une alternance de parties growlées et brutales et de parties musicales et techniques très intéressantes. La partie différente de cet album c’est l’ajout de harpe et autres instruments donnant des ambiances et une construction beaucoup plus mature à l’ensemble de l’album… Point fort du groupe en dehors de ces guitaristes ayant une palette ultra large, c’est véritablement un chant à toute épreuve, se permettant de donner la couleur et la tonalité générale aux morceaux du groupe. Loin d’être véritablement dark, cet album se révèle être beaucoup positif et technique et emprunte clairement une voie très death technique. Peut-être un changement de style salutaire pour ce groupe qui affiche un talent évident et des capacités au-dessus de la moyenne des groupes présents sur le "marché" .

Ce dernier album de August Burns Red est dans la droite lignée de ce que le groupe a proposé depuis ses débuts : des albums techniques, cohérents, puissants, intéressants, différents, avec une production irréprochable et un chant prenant. Loin de marquer des paliers, le groupe est en constante progression, en avancée constante et logique, et d’une valeur sûre. Il pourrait bien devenir, grâce à ses multiples qualités et cet album que l’on qualifiera un peu simplement "d’album de la maturité", une des références, un des poids lourds de la future scène metal. Un album à écouter encore et encore, si tu ne t’arrêtes pas à une étiquette metalcore qui n’en est plus une pour ce groupe qui relève plus d’un death technique.


Sam
Août 2013




"Constellations"
Note : 17/20

Je me suis pris une partie de la station Mir dans la gueule. August Burns Red, groupe Américain de hardcore, nous a ici pondu un troisième album, qui mérite véritablement qu’on y jette un coup d’œil. Question prod, rien à redire, les groupes de ce calibre ne laissent place à aucun défaut. Et à l’intérieur alors, ça donne quoi ? L’album s’ouvre avec "Ocean Of Apathy". Une mélodie aiguë, au niveau de la lead guitare, qui mène la barque sur le morceau. Puis la voix, au début, une voix plutôt criarde, mais qui s’impose au fur et à mesure du morceau. Pas de pig squeal ni de grunt, mais du chant rauque, criard sans autant être perceur de tympan quand il le faut, et une sacrée puissance au niveau des gémissements. On sent que y a du souffle. Autre chose intéressante dans ce morceau, la polyrythmie, on sent les différents moments du morceau, puis c’est aussi quand s’il y avait plusieurs morceaux, plusieurs houles et ondulations dans cet océan. Faut dire, August, c’est assez particulier. Dans le sens, où parfois, le guitariste se laisse aller à des digressions heavyques (sur "White Washed" par exemple, "The Escape Artist", ou encore "Crusades", chanson qui bâcle particulièrement bien cet album) . C’est pas non plus des gros ricains qui nous arrivent avec leurs sons bien lourds, même si après les passages mélodiques, branlage de manches, le côté hardcore nous revient et nous propose des mosh part des plus virulentes, qui vous donnent envie de remuer vos bras et vos jambes (la fin de "White Washed", justement).

En gros, c’est un peu comme si c’était un compromis August. Dans une boule (sûrement une eight ball), ils nous ont balancé des passages mélodiques (voire très mélodiques, sur "Marianas Trench", où la voix n’apparaît qu’au bout d’1min 20), des breaks, du doigté ("Meddler") de la double pédale, un métronome, ainsi que les bases du hardcore (toujours sur "Marianas Trench", un passage indéniablement 2-step), ils ont secoué tout ça, et ça leur a fait de quoi jouer. Un compromis, parce qu’on retrouve à côté le metal et le hardcore. Ahhh, c’est donc pour ça que ça s’appelle metalcore ? Moi qui pensais juste que c’était une catégorie à part, où on mettait les trucs pour lesquels on trouvait pas d’étiquette. Aurai-je enfin une définition de ce style ? En tout cas, y a même des petits passages tristes, "The Escape" artist se termine sur du piano, comme quoi… Bref, l’écoute se poursuit. Jusque-là, je suis plutôt conquise. Je les avais vus en Allemagne y a bientôt deux ans, et c’est vrai que j’avais bien aimé (bon, sauf le passage "je fais ma prière sur scène", là non, je suis réfractaire). Mais bon, comme je suis ouverte d’esprit, je m’en suis pas arrêtée là.

Un passage que je réprime sur le morceau "Inodesia", à 2min10, où on a vraiment un chant "chanté", pour la peine, et qui là non, ça colle pas. Enfin, ça collera peut être pour certains, mais pas pour moi. Pourquoi ? Parce que je trouve que ça fait trop "hardcore actuel", la scène qui a légèrement tendance à m’escagailler (genre "salut, on a des mosh part, des chants clairs pour faire so emo, et on est des gros méchants tatoués, des coreux quoi"). Mais bon, en même temps, une erreur de parcours, ça peut arriver (là, j’en rajoute un peu) et si c’est le seul défaut de l’album, on peut passer l’éponge. Sur "Meridian", chanson la plus longue de l’album (6min) , on a droit a des effets, utilisation de la pédale de disto, un peu plus d’aigu, passages calmes et lents, un moment de batterie vers 2min10, qui nous donne l’impression que la chanson va monter en puissance, mais qui est juste une sorte d’interlude de violence, puisque la chanson reste calme, entraînante, pensive. Une voix parlée, camouflée, qui devient ensuite, criée, un cri qui vient des trips, sans aucun doute, comme une complainte. Et là, bah le moment un peu "so depressed", bah ça passe totalement. Y a pas besoin de jouer les torturés pour faire passer des émotions de tristesse, pour vous prendre l’estomac et vous le tordre. De la nostalgie.

Comme quoi, y a de tout sur cet album, il est loin d’être répétitif. Puis bon, vu qu’ils ont un peu "flanché", la chanson suivante, "Rationalist", c’est forcément une déferlante de ce que le groupe sait le mieux faire : des moments heavy, des rythmes différents, de la grosse voix. C’est toujours la même structure, mais c’est loin d’être un point négatif quand c’est bien fait (un peu comme André Gide d’ailleurs, simple, mais efficace. Je vais décidément trop loin) Alors, que dire d’autre que ce décorticage ? Que "Constellations" est un putain d’album, qu’il faut écouter à fond, quitte à emmerder vos voisins (au moins, ça leur fera écouter de la bonne musique, parce que les miens, ils écoutent plutôt de la merde). Et puis bon, si August Burns Red vient jouer à l’église d’à côté, j’irai sûrement les écouter tiens. Alors, chers petits lecteurs, n’oubliez pas cet adage chrétien : lorsqu’on se prend une claque, il faut tendre l’autre oreille.


ePo
Janvier 2010


Conclusion
Le site officiel : www.augustburnsred.com