Le groupe
Biographie :

At The Movies est un projet lancé par Chris Laney, guitariste de Pretty Maids, en pleine pandémie de Covid-19, dans le but de faire des reprises de bandes originales de films. "Soundtrack Of Your Life - Vol.1", paru en 2020, était axé autour des années 80. "Soundtrack Of Your Life - Vol.2", paru en 2022, autour des années. 90. Le projet voit également la participation de membres de Soilwork, Therion, HammerFall, Pretty Maids et King Diamond.

Discographie :

2020 : "Soundtrack Of Your Life - Vol.1"
2022 : "Soundtrack Of Your Life - Vol.1" (Réédition)
2022 : "Soundtrack Of Your Life - Vol.2"


La chronique


On connaît depuis bien longtemps le principe des tribute bands, ces groupes composés d’amateurs qui, enfiévrés par les musiciens qu’ils adorent en commun, reprennent tous leurs tubes, parfois mieux que l’original (The Bronx Wanderers, All Shook Up, Atomic Punks, Rosie Never Stops, pour le coté cocorico). On connaît également le principe des "duper groupes", formations composées de requins venant du même sérail qui tentent, souvent maladroitement, de pondre de super albums (Chicken Foot, Dublin Death Patrol, Hellyeah, Storm Corrosion) mais qui parfois réussissent de belles prouesses (Velvet Revolver, Audioslave, Down, Lock Up, The Winery Dogs). On connaît enfin les tentatives parfois pathétiques, parfois couronnées de succès, de certains groupes de sortir des albums de reprises à la gloire de leurs artistes préférés (Placebo, Deftones, Children Of Bodom, entre beaucoup d’autres). On connaît déjà moins le concept de supergroup tribute band : voilà chose faite avec At The Movies, projet colossal réunissant la fine fleur des metalheads scandinaves. La liste des protagonistes donne le tournis : en tête le liste, le frontman, le grand Björn Strid (Soilwork, The Night Flight Orchestra), en chant féminin la sublime Linnea Vikstrom Egg (Therion, Kamelot), Chris Laney (Pretty Maids), initiateur du projet, à la gratte, Morten Sandager aux claviers (Pretty Maids, Mercenary), Allan Sorensen (Pretty Maids, Royal Hunt) et sa belle collection de galurins à la batterie, monsieur Pontus Egberg à la basse (Kind Diamond, Wolf), et enfin le légendaire Pontus Norgren (HamerFall) aux solos de guitares.

Voilà une (très) fine équipe qui s’est donnée comme mission, en plein confinement, de nous pondre des reprises de chansons de films des années 80 et 90, le tout dans un style "metal easy listening FM". Challenge ô combien réussi à tel point que l’engouement pour leur projet sur les réseaux sociaux les a incités à poursuivre les reprises au point de pondre un double album ! Chacun dans leur coin, les musiciens ont réarrangés les classiques du cinéma américain et anglais, en se filmant pour l’occasion dans leur propre appartement, entre les photos de grand-maman et les ficus mal arrosés histoire de nous donner de quoi regarder en pleine pandémie. Le programme est chargé, très chargé, et calibré pour réussir. Au-delà de la setlist que je vais vous dévoiler et qui donne le tournis, n’attendez pas dans ce double album de l’amateurisme, un son crade et mal mixé, des fautes dans les lignes de chant ou encore trop de parti pris "gros metal qui pique". Non, ici tout est léché, réfléchi, même le choix des titres et des featurings. Pour la première partie, axée sur les soundtracks des films des années 80, j’appellerai donc à la barre "No Easy Way Out", issu du film Rocky IV (celui avec Dolf Lundgren), titre déjà rock à la base, que l’on doit à Robert Tepper. On poursuit avec le non moins légendaire "Maniac" du film Flashdance où la voix de Linnea trouve toute sa place, sa puissance et vibrato aux cotés de celle de Björn. Pour rester dans la thématiques de films pour adolescentes, le combo nous gratifie d’un excellent "I’ve Had The Time Of My Life" tiré de Dirty Dancing (RIP Patrick Swayze) et d’un "Wouldn’t It Be Good" issu du long métrage Pretty In Pink. N’ayez crainte, on revient vite dans le couillu avec "We Don’t Need Another Hero", du film Mad Max et le dôme du tonnerre, initialement chanté par la légendaire Tina Turner, et qui, pour les besoins du cover, est chanté par un guest de choix à savoir Ronnie Atkins (Pretty Maids) : de loin l’une des meilleures reprises de la galette. Ça tombe bien puisque mon cover préféré, d’une de mes chansons préférées, arrive à grand pas. "The Power Of Love", de Huey Lewis And The News, d’un de mes films préférés : Retour Vers Le Futur, film d’un de mes réals préférés, Robert Zemeckis (Forrest Gump, Seul Au Monde…), bref vous avez compris que je ne suis pas resté insensible à la première, ni à la 50ème écoute de ce cover. Histoire de poursuivre dans la liste inépuisable des blockbusters qui ont bercé la jeunesse des trentenaires et des quarantenaires, je vous propose "The Heat Is On", du Flic de Beverly Hills, gros succès commercial avec Eddy Murphy. Curieusement, même si je suis ultra fan du film, cette reprise est l’une de celles qui me touchent le moins même si je reconnais le talent musical. Pour le clin d’œil, le groupe a jugé bon de nous placer un petit "Neverending Story" tiré du film pour enfants éponyme. Le titre passe plutôt bien, le duo de voix homme / femme et les harmonies sont de grande qualité.

On passe sur le volume 2 de l’album, focus sur les années 90, et là, autant vous le dire tout de suite, c’est tout aussi lourd que le premier opus. On attaque sans pitié avec "Waiting For A Star To Fall" du film Trois Hommes et un Couffin, entièrement chanté par la douce voix de Linnea (devant le miroir de sa salle de bain, en peignoir, pour les besoins de clip). Cette excellente chanson d’amour, boostée à la disto pour l’occasion, passe tellement bien, qu’on se demande si, inconsciemment, la reprise du titre ne pouvait être que metal. S’ensuit "King Of Wishful Thinking" de Pretty Woman (avec Richard Gere et Julia Robert), peu mémorable sur le fond comme la forme. On enchaîne avec "The One And Only" tiré du film Doc Hollywood avec les monstres sacrés que sont Michael J. Fox et Woody Harrelson, là encore un titre totalement dispensable même si la reprise par le supergroupe laisse la part belle, juste avant le solo, a une montée lyrique impressionnante de la part de Linnea.

Aparté nécessaire sur les solos de guitare justement : même sur les titres les moins réussis du double album, PAS UN SEUL SOLO n’est foiré, ni même mauvais, ni même bof. Tous sont bons, voire exceptionnels sur certains titres ("Died In Your Arms Tonight").

On retourne dans les films d’amour avec Coup de foudre à Notting Hill et le titre "When You Say Nothing At All" plutôt réussi dans sa reprise électrique et les vocalises parfois aigues et puissantes de Björn. Le très regretté et légendaire Jon Zazula disait de Björn Strid, qu’à son "humble" avis, "Speed" était l’un des meilleurs chanteurs metal qu’il ait croisé, surtout depuis que ce dernier officie en chant clair dans The Night Flight Orchestra. On ne saurait contredire le maître. Piste suivante, "I Just Died In Your Arms Tonight" du film Never Been Kissed, teen movie par excellence avec Drew Barrymore. Cette reprise est de loin l’une des meilleures du second opus. Les harmonies voix homme / femme sont phénoménales et bien placées, sans trop en faire, les petits gimmicks de guitares qui habillent ci et là les accords monotones de la chanson sont un régal pour les oreilles et l’énergie est présente de la première à la dernière seconde. Petite reprise de Britney Spears avec "Crazy". Sans intérêt comme le film et la chanteuse (dans l’absolu, la reprise de "Oops I Did It Again" par Children Of Bodom était mieux car placée sous le signe du ridicule). On passe rapidement sur "Heaven Is A Place On Earth" qui ne présente là non plus pas beaucoup d’intérêt avant de switcher rapidement sur "Crush", du film Sabrina Goes To Rome. Ce titre plus repris metal que rock pour le coup, a vraiment été un tube dans les années 90 (chanté initialement par Jennifer Paige). Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas sur ce titre. Là encore un hit des années 90 qui aurait mérité un traitement plus digne : "Venus" de Shocking Blue. On finit l’écoute sur "I Want It That Way" issu de la bande son de la comédie romantique Drive Me Crazy. La reprise est plutôt propre, convenue et linéaire, comme le film en fait…

En bref, ce double album, assez inégal en fonction de la décennie qu’on choisit d’exploiter reste quand même un très bon, voire un excellent moment de musique, de nostalgie qui donnera envie à tout un chacun de se replonger dans les teen movies de son enfance. Pour les fans de musique de films des années 80 / 90, les amateurs de tribute bands rock / metal FM, les fans de metal scandinave.


Byclown
Février 2022


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.atthemoviesband.com