Le groupe
Biographie :

Atlantis Chronicles est un combo parisien initialement de modern / death / prog ayant pour particularité de n'aborder que des thèmes aquatiques. L'expédition vers les grands fonds marins va amener des personnages historiques méconnus à côtoyer de légendaires créatures des profondeurs. Un voyage aussi dangereux que fantastique. Anciennement connu sous le nom d'Abyss, le groupe sort son premier EP"Against The Sea" en 2009 chez Realized Records. Confronté à des soucis de copyrights en 2010, Abyss devient Atlantis Chronicles et enrôle au passage un nouveau membre au chant lead. Cette nouvelle formation donne naissance au premier concept Album du quintette "Ten Miles Underwater" et signe chez Coroner Records. La sortie très attendue de cet album le 11 Mars 2013 permet au groupe d'entamer une première tournée d'une vingtaine de dates partout en France mais aussi en Belgique et en Suisse. Trois ans après "Ten Miles Underwater", et plus de 80 concerts en France, en Europe ainsi qu'au Japon entre 2013 et 2014, Atlantis Chronicles est de retour avec un nouvel album, "Barton's Odyssey", le 25 Mars 2016 chez Apathia Records. Depuis 2018, le groupe a connu un changement de line-up important, ce qui a conduit à une évolution musicale majeure. Finalement, le troisième album, "Nera", voit le jour en Avril 2022 via Metal East Productions.

Discographie :

2009 : "Against The Sea" (EP)
2013 : "Ten Miles Underwater"
2016 : "Barton's Odyssey"
2022 : "Nera"


Les chroniques


"Nera"
Note : 17/20

Il s'est écoulé six années depuis la sortie de "Barton's Odyssey", le deuxième album, d'Atlantis Chronicles et il y a du changement depuis ! Changement de line-up avec l'arrivée d'un nouveau guitariste et d'un nouveau chanteur mais aussi changement de style puisque "Nera" laisse tomber le death mélodique et technique que pratiquait le groupe jusque là ! Le groupe lui-même applique l'étiquette de metal progressif pour ce troisième album qui explore les derniers instants de l'Atlantide.

L'entame de "Full Fathom Five" nous amène quelques sonorités bluesy pas très loin de ce que propose Polyphia par moments avant de nous attaquer par une bonne volée de blasts qui soutient des riffs mélodiques et accrocheurs. L'ambiance est assez lumineuse et on sent qu'Atlantis Chronicles a voulu proposer quelque chose de plus direct et groovy. Le refrain flirte même avec le metalcore tout en restant très accrocheur, la suite remettant quelques passages plus techniques et groovy en avant avec là encore quelques blasts bien énervés. Si le changement est surprenant au premier abord, on reconnaît finalement assez vite l'ADN du groupe et "Nera" prend des allures de changement dans la continuité. Si vous avez écouté l'inédit "The Upwelling Part III" sorti peu après "Barton's Odyssey", vous avez déjà dû sentir la chose arriver. En tout cas, cette nouvelle orientation est plutôt réussie et le groupe a décidément un talent certain pour envoyer des mélodies qui accrochent et des riffs qui donnent irrésistiblement envie de se remuer ! Le format est compact puisque l'album ne dépasse pas les trente-six minutes, ce qui appuie encore cette envie d'aller vers quelque chose de plus percutant. Le refrain de "A New Extinction", quant à lui, me rappelle les derniers albums de Textures avec là aussi ce mélange de gros riffs, de technicité et de lignes de chant mélodiques et accrocheuses. Certains n'aimeront peut-être pas et regretteront le death technico-mélodique des deux premiers albums mais honnêtement, à part le fait d'avoir moins de blasts, on reconnaît bien la patte Atlantis Chronicles.

L'évolution est indéniable mais le groupe n'a absolument pas renié ce qui constituait sa personnalité, la brutalité est moins présente mais n'a pas totalement disparu. Sa musique est maintenant plus percutante, direct et moins brutale certes, mais les mélodies portent indéniablement la marque du groupe. Une fois de plus, tout ça est magistralement produit et "Nera" bénéficie d'un son puissant, propre, clair et surtout organique qui fait plaisir à entendre. La technique est toujours là elle aussi mais si certains plans ardus se font entendre, le groupe préfère fondre tout ça et s'en servir discrètement pour épicer certains passages. Atlantis Chronicles ne faisait déjà pas dans la démonstration technique sur ses deux premiers albums et ne risque pas de s'y mettre avec cette nouvelle orientation plus directe. D'ailleurs, avec sa durée de trente six-minutes, ce nouvel album s'écoute facilement d'une traite et on apprécie d'autant plus l'homogénéité de l'ensemble. "Barton's Odyssey" avait déjà marqué un pas de géant après "Ten Miles Underwater" et le groupe en refait un de plus avec "Nera". S'il s'amuse à évoluer de cette façon à chaque album, on n'a pas fini de se prendre des surprises et des baffes par la même occasion ! Notons aussi qu'une fois de plus le travail effectué sur la pochette, le livret et l'artwork en général est de grande qualité avec ce patte graphique proche de bande dessinée du plus bel effet. Après le livret aux allures de journal de bord de "Barton's Odyssey", cela confirme qu'Atlantis Chronicles prend soin de créer un véritable univers autour de sa musique.

Atlantis Chronicles évolue certes vers quelque chose de moins brutal, de plus accrocheur et plus mélodique mais "Nera" contient bien la personnalité du groupe et passé le dépaysement de la première écoute, on le reconnaît bien. Ce troisième album est extrêmement efficace et accrocheur et on sent que le groupe a pris son pied à le faire, donc n'ayez pas peur du changement (je suis sûr que vous avez la référence) et plongez dans les vestiges de l'Atlantide, ça vaut le détour !


Murderworks
Mai 2022




"Barton's Odyssey"
Note : 17/20

Les Français d'Atlantis Chronicles sont de retour avec "Barton's Odyssey", deuxième album après un premier essai en 2012 qui avait fait parler de lui. Pas de retournement de veste à l'horizon, le groupe officie toujours dans un death metal brutal, technique et mélodique.

Bien entendu, la thématique aquatique est de retour et on reconnaît de suite la patte du groupe même si quelques subtils changements viennent taquiner les tympans assez rapidement. Si on entend encore clairement une orientation assez moderne, les influences typiquement core se font moins flagrantes et on note globalement des morceaux plus brutaux et frontaux. Pas de panique, la mélodie est toujours présente et plutôt bien présente même. Atlantis Chronicles a réussi à trouver un équilibre subtil entre les passages techniques, les riffs de bûcheron et des mélodies de toute beauté, ce qui fait que l'un ne vient jamais piétiner les plates bandes de l'autre. Rajoutez à ça que le groupe est cette fois encore plus inspiré que sur "Ten Miles Underwater" et vous obtenez du Atlantis Chronicles en version Monsieur Plus ! C'est surtout au niveau des mélodies que la progression est impressionnante, car si elles étaient déjà bien présentes sur le premier album, elles sont elles aussi bien plus inspirées ici. Les passages les plus mélodiques font mouche à chaque fois et trouvent le moyen en plus d'accrocher l'oreille, de nous retourner les tripes avec des lignes poignantes ! Quelques lignes de chant clair viennent d'ailleurs appuyer encore ce côté poignant, notamment sur "Upwelling Part I", morceau qui présente d'ailleurs des parties très proches du djent avec ces riffs et rythmiques syncopées. Evidemment et comme précédemment, le niveau technique du groupe est très élevé et certains passages vont donner le vertige aux apprentis musiciens, malgré ça aucun passage ne vire à la démonstration ou à l'avalanche de sweeping.

C'est ce qui fait la force d'Atlantis Chronicles finalement, même si la musique du groupe est brutale et technique il y a toujours un fil mélodique et des ambiances qui font qu'on ne sent pas perdu au milieu d'un bordel sans nom. Ce "Barton's Odyssey" développe tout un monde autour de ses 10 morceaux et je tiens à préciser que le concept n'est pas un gadget, cet album s'écoute d'une traite comme n'importe quel concept album. D'ailleurs on retrouve régulièrement un narrateur pour faire le lien entre certains morceaux. Les ambiances sont tellement travaillées, le tout tellement cohérent qu'il est impensable d'en ressortir un titre en particulier. Ce nouvel album est un tout indissociable et il pourrait être très intéressant de voir le groupe le jouer entier et dans l'ordre sur scène histoire d'embarquer tout le monde à bord. À noter aussi que l'artwork a une fois de plus été réalisé par Pär Olofsson, que la pochette est à tomber par terre et que le digipack est absolument magnifique ! Au niveau de la production c'est quasiment parfait aussi, le son est puissant, propre, chaque instrument trouve sa place dans l'espace sonore et il n'est pas utile de tendre l'oreille pour discerner qui joue quoi. La quarantaine de minutes que dure l'album passe toute seule et on se surprend à le réécouter juste derrière, signe que "Barton's Odyssey" ne livre pas tout ce qu'il a dans le ventre aux premières écoutes et qu'il est suffisamment touffu pour donner envie d'y revenir.

Deuxième album qui transforme largement l'essai et confirme tout le bien qu'on pouvait penser d'Atlantis Chronicles à la sortie de "Ten Miles Underwater" ! Du death metal brutal, technique, mélodique, poignant, immersif, envoûtant et personnel. Bref, un incontournable pour tous les amateurs de metal touffu et couillu.


Murderworks
Mai 2016




"Ten Miles Underwater"
Note : 14,5/20

Mais quelle est sublime cette pochette d'album et cet artwork travaillé et inspiré par les profondeurs aquatiques des plus féériques, travail de Pär Olofsson (Job For A Cowboy, Zonaria, Miseration, Immortal, Exodus....) qui se trouve à la croisée d'idées comme celle que l'on trouvait sur "Transcendance" de Crimson Glory et plus récemment l'album de Sulphur Aeon. Mais qu'il est puissant le son de ce premier album, résultat d'un enregistrement, mixage et mastering de Joshua Vickman au Dreadcore Studios (Within The Ruins, Knight Of The Abyss...).

Le groupe parisien de death technique moderne à forte tendance core (dans sa signification moderne), Atlantis Chronicles, que l'on a pu découvrir grâce à leur clip "Thousands Carybdea", sort son premier album "Ten Miles Underwater". Inspiré par les thèmes aquatiques, les profondeurs sous-marines et la noirceur des abysses, changeant son nom Abyss pour Atlantis Chronicles, après un premier EP "Against The Sea" (inconnu pour ma part), le combo a bien préparé sa mise à l'eau par un concept album flamboyant de technique et brillant par sa production sans faille. En effet, "Ten Miles Underwater", est un concept album qui plonge l'auditeur dans l'histoire de William Bleebe immergé dans les profondeurs de l'océan affrontant les démons aquatiques légendaires virtuellement, ceci n'étant pas sans rappeler le fameux "Vingt mille lieues sous les mers" et son capitaine Nemo de Jules Verne, auteur de référence soulignons-le.

Alors l'on va naviguer durant quasi-cinquante minutes dans un monde marin où sur douze titres on va pouvoir découvrir la dextérité et la grosse mise en avant du talent d'instrumentiste que peuvent avoir ses membres. Car il est vrai que c'est de cela dont il s'agit tout au long de l'album, une démonstration de finesse tant dans la technique complexe que dans la mélodie soutenue. "Ten Miles Underwater" est une véritable exploration tectonique sous marine, le groupe a posé un décor dont il est difficile de s'en défaire et qui entoure celui qui écoute l'album relativement rapidement. L'entrée dans la batysphère (engin dans lequel le protagoniste de l'histoire arrive à faire son exploration) est bien mise en avant grâce à l'introduction et on s'imagine facilement le contenu et les intentions du groupe. Ensuite très rapidement on s'aperçoit que la production est sans faille, la puissance est totalement là et à ce moment là on sait qu'on va en prendre plein les écoutilles.

Atlantis Chronicles offre ce qu'il a de plus technique et violent à travers cette espèce de deathcore moderne. Mais ils arrivent à donner à leurs morceaux un côté tellement planant grâce à des passages hyper mélodiques et plus lents ("And Embrace The Abyss", "Homocene", "Architeuthis Dux"....) et un côté tellement complexe et mélodique ("Echoes Of Silence", "Thousands Carybdea"....), tout en conservant finalement une brutalité et une agressivité nécessaire à leur impact pour que l'on s'en prenne tellement plein la face. C'est grâce à cela que Atlantis Chronicles se défait de la masse deathcore technique. Mais bien que son originalité soit incontestable dans son approche du metal moderne technico-brutal, le côté core rebutera peut-être certains puristes de ce qu'est, sera et a été pour eux le death metal et le terme death metal ainsi que l'utilisation que l'on peut en faire. Il y a surtout la voix, qui est très puissante certes, mais tellement poussée dans ses retranchements hurlés, elle a une fâcheuse tendance par moments à devenir difficilement supportable car la saturation point le bout de son nez, même si Antoine Bibent reste un hurleur hors pair, il faut en convenir. C'est pour cela peut-être que le titre "Thousands Carybdea" (sans doute choisi intelligemment et volontairement pour la vidéo) reste un des meilleurs grâce à l'alternance de vocaux.

Il faudrait tout de même être de mauvaise foi en disant que "Ten Miles Underwater" ne possède pas de qualité, même si l'on aime moins la nouvelle scène metalcore, Atlantis Chronicles "navigue entre plusieurs eaux", "Homocene" possède l'essence divine dans sa brutalité, dans ses mélodies, dans ses envolées de solos orgasmiques et jubilatoires et "William Beebe" contient des rythmiques des plus harmoniques et enivrantes, tandis que la batterie fidèle à elle-même, comme elle l'a été tout au long de l'album, reste le point névralgique de la technique et de la brutalité, comme une espèce de ciment qui permet de lier tous les éléments vitaux de la musique de Atlantis Chronicles unis vers un seul objectif : la technique mélodique.

Oh oui c'est un bon album, issu d'une nouvelle scène spécifique qui ravira les habitués du genre ; les passages plus acoustiques de "William Beebe" presque jazzy / salsa comme le font souvent les groupes de musique hyper technique tels que Atheist / Cynic ou encore Sadist, ou aussi l'instrumentale "L'Ivresse Des Profondeurs" sont de véritables bulles d'air qui permettent de tenir en apnée pendant les presque quarante neuf minutes de l'album.

La signature avec Coroner Records leur a sans doute permis de s'ouvrir facilement au monde, leur vidéo également, et la tournée débutée début Mai 2013 leur permettra certainement de laisser une marque indélébile au sein de la communauté. Alors finissons-en, "Ten Miles Underwater" est un concentré électrique d'idées percutantes sur un concept intéressant alliant technique , on l'a dit, brutalité, violence, mélodie et talent. Cet album est ingénieux et savoureux est ceci est sans équivoque, maintenant il faut qu'il perdure et que celui qui suivra confirme cet élan, en attendant profitons du tsunami Atlantis Chronicles et surfons sur la vague dévastatrice qu'est "Ten Miles Underwater".


Arch Gros Barbare
Mai 2013


Conclusion
L'interview : Sydney

Le site officiel : www.facebook.com/atlantischronicles