"The Last Mirror"
Note : 15/20
Si vous aimez le gras qui tache, vous allez apprécier cette petite virée dans le troisième album des Espagnols d'Ataraxy, à ne pas confondre avec nos doomsters nationaux d'Ataraxie. Quoique "The Last Mirror" partage le même amour du doom et des riffs lourds et rampants, le tout croisé avec un death metal poisseux que n'aurait pas renié Asphyx. Vous pouvez donc ranger toute velléité romantique au placard parce que ça va être sale par ici !
L'introduction "Presages" nous accueille d'ailleurs avec des riffs bien crades et glauques à la frontière des moments les plus malsains d'Autopsy et de la lourdeur dégueulasse du premier Paradise Lost. "The Bell That Constantly Sounds" ouvre vraiment les hostilités et là encore le tempo se fait lourd et les mélodies glauques à souhait installent une ambiance de caveau hanté par un fantôme dépressif qui s'égosille à s'en arracher les cordes vocales. Une fois de plus, on pense à un croisement entre les mélodies glauques des premiers Paradise Lost et un Asphyx encore plus lourd et plus doom mais aux riffs tout aussi gras et puissants. Il y a vraiment une ambiance morbide et funèbre qui habite tout l'album et Ataraxy remet en avant ce que beaucoup de groupes de death metal actuels ont oublié, à savoir justement cette ambiance putride et oppressante. C'est au milieu de ce premier morceau que le rythme s'emballe et que le groupe repart en gros death metal vicieux et agressif. La plupart des morceaux sont d'ailleurs assez longs avec une durée qui varie entre cinq et huit minutes en gros, de quoi développer ces fameuses ambiances et installer un climat particulièrement noir. "Decline" enchaîne de manière bien plus frontale et se montre d'entrée de jeu plus agressif et teigneux avec encore un feeling à la Asphyx justement, très certainement une des influences majeures d'Ataraxy. Toujours est-il que le groupe appuie tellement sur les ambiances très glauques et malsaines qu'il trouve le moyen de détacher quelque peu de cette influence pour développer son petit monde. "The Last Mirror" navigue entre les rives du désespoir et de la rage sur un fleuve qui voit flotter quelques morceaux de cadavres en putréfaction à sa surface.
Un désespoir qui monte encore d'un cran avec "Visions Of Absence" qui sent l'abattement à plein nez et qui balance quelques passages up-tempo très death metal du plus bel effet. Ce mélange de mélodies désespérées et de riffs agressifs et puissants sur un tempo plus énervé renforce encore une ambiance déjà très morbide, un exercice pour lequel ces Espagnols ont décidément beaucoup de talent ! Ce troisième album confirme ce que ses deux prédécesseurs laissaient déjà deviner, la musique d'Ataraxy est authentique et on sent que tout ça vient des tripes en plus d'un amour évident pour le doom et le death metal le plus crasseux. L'orientation générale est clairement old school et il ne faut pas vous attendre au moindre compromis par ici, Ataraxy balance ce qu'il a dans le ventre sans chercher à plaire à qui que ce soit. Et il fait bien parce que "The Last Mirror" est une fois de plus un très bon album dans le genre avec des ambiances fortes et une capacité à provoquer le headbanging et l'abattement en même temps ! Les arpèges malsains de "A Mirror Reflects Our Fate" peuvent même faire penser à Dolorian tant l'ambiance développée ici est aussi étrange que malsaine. Le chant totalement arraché renvoie lui aussi à Martin Van Drunen et on sent que Javi ne s'économise pas et balance tout ce qu'il a. La production de l'album est elle aussi old school dans l'esprit et si "The Last Mirror" jouit d'un son puissant et clair, il y a cette petite réverbe qui renvoie au son caverneux des albums de death metal des années 90.
"The Last Mirror" est donc une fois de plus un très bon album de la part d'Ataraxy qui nous renvoie dans les dents une grosse louchée de death metal poisseux et malsain nourri au doom le plus désespéré. Clairement old school dans l'esprit, ce troisième album continue sur la voie tracée par ses deux prédécesseurs et confirme le talent du groupe pour créer des ambiances oppressantes.
"Where All Hope Fades"
Note : 17/20
S’il est aisé d’admettre que l’on peut tous se sentir déprimés à un moment ou un autre de
notre vie, il est plus difficile d’arriver à traduire ces pensées qui nous tirent vers le bas dans
la musique, comme viennent de le faire Ataraxy. Créé en 2008, ce petit groupe espagnol
vient tout juste de sortir "Where All Hope Fades", son deuxième album. Tenu à bout de bras
depuis le début par Viejo (batterie), Santi (guitares) et Javi (chant / guitare), Edu (basse) se
joint à eux en 2010 et c’est ensemble qu’ils composeront la majeure partie de la
discographie du groupe. Si vous avez besoin de canaliser votre tristesse, voici un excellent
moyen.
Le groupe démarre sur "The Absurdity Of A Whole Cosmos", un titre instrumental aux riffs
lents et qui explicitent parfaitement le titre de l’album. Cette sublime introduction prendra fin
sur une mélodie au son clair, avant de laisser "A Matter Lost In Time" débuter. Une
composition glaciale et distante qui laisse l’auditeur contempler la beauté des riffs déployés
par le groupe sur plus de dix minutes. Les Espagnols ne feront aucun compromis, même lors
de l’accélération finale. "One Last Certainty" prend de la vitesse, mais la rythmique reste
inlassablement triste, même lorsque la guitare lead s’emballe en taillant dans les
harmoniques.
"As Uembras D’o Hibierno" ralentit soudainement, avec une introduction au son clair soutenue
par des claviers et une batterie qui rendent le tout mystique. Les riffs suivants conservent
l’ambiance instaurée par les claviers, ce qui les rend imposants voire même violents, et le
groupe suivra cette idée tout au long du morceau. "The Mourning Path" également est plus
violente que le début, avec un blast récurrent qui accompagne des riffs hurlants et le chant
désabusé. La basse s’entend parfaitement dans ce mix sale et gras, mais ce sont surtout les
guitares qui mènent la danse. La dernière merveille, "The Blackness Of Eternal Night",
également longue de plus de dix minutes, reprend les éléments
précédents, mais avec la voix saturée emplie de peine de Javi. L’homme sait parfaitement
transmettre les émotions nécessaires au groupe pour fonctionner, et leur doom / death aux
accents old school fonctionne à merveille. Même lors du break au son clair un peu plus
progressif, ou pendant les paroles psalmodiées en arrière-plan, leur musique fait mouche.
Le groupe est jeune mais loin d’être inexpérimenté. Les riffs déployés par Ataraxy sont
réfléchis, travaillés et leur son est peaufiné jusqu’à obtenir le son glacial qu’ils souhaitent.
Encore trop peu connus sur la scène mondiale, il y a fort à parier que ce groupe va
commencer à percer sur la scène underground d’ici peu, et "Where All Hope Fades" y sera
pour beaucoup !
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