Certains groupes ont besoin d’un peu de temps pour finaliser un album, comme Assigned Fate l’a
fait. Formé en 2014 sous le nom d’Assign Fate, Thomas (basse), Adrien (batterie), Côme
(guitare), Seb (chant), Roux (guitare) et Manu (chant) composent un premier EP qui sort
en 2016 et ce n’est qu’en 2018 que le groupe prend un souffle nouveau, et
qu'il sort son premier album, "Assigned Fate". Mais quelques temps après, Manu
quitte la formation française et laisse sa place à Tik (Slaughterers). Vous l’aurez compris,
avec deux hurleurs, pas question de plaisanter !
L’album débute avec "Idiocracy", un morceau au titre évocateur et qui va vous rentrer dans le
lard dès l’introduction achevée. Harmoniques perçantes et grosse rythmique death groovy
sont au rendez-vous, avec en effet deux timbres de hurlements bien différents mais
complémentaires. La machine est bien huilée, et les riffs envoient du bois, c’est avec une
aisance toute particulière que les Français arrivent sur "Deceiver", un morceau un peu plus
mélodique que le premier, mais également plus furieux et tout aussi efficace. Avec la
vitesse, le groupe perd un peu de lourdeur, mais gagne de l’agressivité, et les deux chants
se mêlent parfaitement bien pour nous asséner des mandales jusqu’à "Drop Your Mask". A
nouveau on repart sur des riffs bien groovy, et la guitare lead se met à suivre cette tendance
avec une ingéniosité toute particulière. Ce mélange tranchant et lourd sied parfaitement à
Assigned Fate, et on remarque qu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai, puisque "Chemtrails",
le titre suivant, figurait déjà sur l’EP sorti il y a deux ans. Les changements de tempo sont
particulièrement intéressants et donnent envie de remuer la tête.
On passe à "The Pit", un titre qui débute à la basse, mais qui sera bien rapidement par tous
les autres instruments pour une explosivité toute particulière, et une accélération qui amène
un riff lead assez psychédélique sur lequel je soupçonne du tapping, alors que "Chainsaw
Licence" débute par un sample de… eh bien oui, de tronçonneuse. Et à la suite de ça et de la
guitare lead endiablée part une rythmique rapide et saccadée, truffée d’harmoniques. Pas le
temps de se reposer, on enchaîne avec l’introduction de "Time To Rise" tout en rapidité et en
puissance brute. Mais cette hargne s’apaisera le temps d’un final acoustique qui n’est
absolument pas dénué d’énergie, et qui donne même envie de danser ! Mais que les
amateurs de death metal gras et au son moderne se réjouissent, "The Confessionnal", titre
également présent sur l’EP, va vous ravir. Le mix met en valeur chaque élément de la
composition, et le résultat est assez bluffant.
A nouveau, la lourdeur est de mise avec "Forget Your Hate", avec quelques percussions sur
un sample pour l’intro, et cette progression très entraînante dans le refrain qui donne envie
de headbanguer ou de mosher comme si notre vie en dépendait. Et vu que ce titre date
également de l’EP précédent, cela prouve que les Français n’en sont pas à leur coup d’essai
niveau titres puissants, et leur créativité les a également fait composer la puissante
"Hangover", un morceau peut-être un peu moins brut, mais tout aussi intéressant à écouter et
à décomposer pour les mélomanes. Peut-être un peu plus axé groove / metalcore, mais
toujours avec la patte du groupe. Dernier retour dans le passé avec "This Day" et un son
sanglant, une agressivité brute sublimée par des harmoniques et une basse ronflante, alors
que "The Battle Hymn Of The Republic" est une reprise d’un titre patriotique américain. Oui,
rien que ça. Alors pensez à un titre country sur les bords, ajoutez du blast et de la saturation
et… oui, je sais ça semble bizarre, mais en réalité, la patte des Français passe très bien
dessus ! Un peu déroutant la première fois, mais absolument pas désagréable, bien au
contraire !
Avec ce premier album, Assigned Fate signe ici une excellente reprise d’activité musicale.
"Assigned Fate" est bien ficelé, très riche et les titres se suivent mais ne se ressemblent pas,
bien qu’ils aient été écrits avec la même hargne et technicité. Leur particularité d’avoir deux
chanteurs leur permet de jouer sur ce décalage de timbres très intéressant, et promet une
scénique démentielle.
|
|