Le groupe
Biographie :

Asphyx est un groupe de death / doom metal Néerlandais formé en 1987 par le batteur Bob Bagchus et le guitariste Tonny Brookhuis. Il est aujourd’hui composé de Martin Van Drunen au chant, de Stefan Hüskens à la batterie, de Alwin Zuur à la basse et de Paul Baayens à la guitare. Le groupe s’est séparé à deux reprises, en 1995 puis en 2000. Il fait son retour sur scène en 2007 et dans les bacs en 2009 avec "Death…The Brutal Way". Le huitième album du groupe s’intitule "Deathhammer" et est sorti fin Février 2012 chez Century Media. En Mars 2014, le membre fondateur Bob Bagchus se sépare du groupe, et est remplacé par Stefan Hüskes. Asphyx sort son neuvième album, "Incoming Death", en Septembre 2016. Cinq ans plus tard, "Necroceros" sort en Janvier 2021.

Discographie :

1990 : "Embrace The Death"
1991 : "The Rack"
1992 : "Last One On Earth"
1994 : "Asphyx"
1996 : "God Cries"
2000 : "On The Wings Of Inferno"
2009 : "Death...The Brutal Way"
2012 : "Deathhammer"
2016 : "Incoming Death"
2021 : "Necroceros"


Les chroniques


"Necroceros"
Note : 16/20

Après "Incoming Death" qui date déjà de 2016, Asphyx nous revient enfin avec "Necroceros" pour nous donner notre dose de death putride et poisseux. Et même si en général on ne s'attend pas à entendre Asphyx révolutionner sa patte, il y a tout de même une petite surprise cette fois. J'ai bien dit "petite" surprise donc pas de panique le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule et vous allez prendre cher comme d'habitude.

Une petite surprise qui ne s'entend d'ailleurs pas du tout sur "The Sole Cure Is Death" qui ouvre l'album avec du Asphyx pur jus qui nous balance des riffs écrasants et ces fameuses accélérations qui démontent tout sur leur passage. Le groupe est toujours en forme et Martin Van Drunen s'arrache toujours les cordes vocales pour notre plus grand plaisir et après nous avoir roulé dessus, Asphyx prend le même plaisir à nous balancer un passage bien doom pour nous achever à terre. "Molten Black Earth" suit avec ses gros riffs rouleau compresseur et son mid-tempo puissant et écrasant avec une petite touche épique dans les mélodies. C'est là que se trouve la petite surprise de ce nouvel album, dans les mélodies qui se font épiques ou mélancoliques suivant les morceaux. C'est léger et Asphyx reste ce qu'il a toujours été mais c'est suffisant pour varier un peu et ça fait toujours plaisir d'entendre un nouvel élément aussi discret soit-il dans la musique d'un groupe de vieux briscards. "Mount Skull" balance lui aussi des riffs un peu plus mélodiques tout en gardant une puissance effrayante et des guitares à vous décoller le papier peint. Une puissance d'autant plus présente que le groupe n'hésite pas en milieu de morceau à repartir sur son up-tempo typique qui décrasse les tympans. Que les puristes ne s'inquiètent donc pas cette présence de mélodies et d'ambiances épiques sert à proposer des ambiances différentes mais n'enlève rien à l'agressivité et à la puissance d'Asphyx. Vous vous doutez bien que l'on ne risque pas de voir ces vétérans retourner leur veste de sitôt.

Saluons aussi le travail de Sebastian "Seeb" Levermann » qui a mixé et masterisé l'album et qui a donné à Asphyx un son surpuissant sans perdre la couche de gras que l'on aime. En parlant de gras, "Three Years Of Famine" en balance une bonne couche avec ce tempo bien doom et ces riffs très lourds. Un peu plus de sept minutes au compteur pendant lesquelles Asphyx nous écrase sans pitié en sonnant comme une version death de Black Sabbath avec là encore quelques mélodies qui paraîtront bien lumineuses à certains. C'est pourtant de la mélancolie qui s'en dégage mais Asphyx nous a tellement habitué à nous balancer de la couenne et du sang à la tronche que cela surprend, tout comme ce break en son clair d'ailleurs. Mais même avec cette dose d'adoucissant le morceau nous broie les os tant les riffs pèsent des tonnes ! Et pour ceux qui douteraient en lisant ces lignes, il suffit de se mettre "Botox Implosion" (ce titre me fera toujours marrer) dans les esgourdes pour être rassuré, Asphyx se met en mode débroussailleuse et coupe tout ce qui dépasse. Tant de dégâts en à peine plus de trois minutes, ça a quelque chose de prodigieux ! En tout cas, entre les mélodies épiques et mélancoliques, les riffs bien lourds et les passages bien nerveux, "Necroceros" présente un bon équilibre et nous fait entendre toutes les facettes d'Asphyx qui prouve une fois de plus que le death old school n'est pas forcément monolithique. Sachant que l'animal dure une bonne cinquantaine de minutes, c'est une très bonne chose d'avoir cette variété d'ambiances.

Au final, "Necroceros" est une fois de plus un album très solide de la part d'Asphyx qui propose quelques mélodies et ambiances plus épiques en plus de son death violent et poisseux. Un bon équilibre qui apporte un peu de nouveauté sans jamais dénaturer la patte si appréciée de ce groupe de vétérans.


Murderworks
Mars 2021




"Incoming Death"
Note : 15/20

Asphyx aime décidément mettre le mot "death" dans les noms de ses albums puisqu'après "Death...The Brutal Way" et "Deathammer", voice le nouveau venu "Incoming Death" ! Bon, c'est normal pour un groupe de death en même temps, ben oui Asphyx en fait toujours et ce n'est pas demain la veille que ça changera.

"Candiru" nous accueille sans concession avec moins de trois minutes au compteur, autant dire qu'Asphyx a décidé de nous rentrer dans le lard d'entrée de jeu histoire de mettre tout le monde d'accord une bonne fois pour toutes. Pas de changements à l'horizon, on est toujours en présence d'un death à l'ancienne, primitif, cradingue, lourd et rentre dans le lard à la fois. "Division Brandenburg" présente d'ailleurs le visage pesant du groupe avec des riffs rouleau compresseur et un mid-tempo bien écrasant. La voix de Van Drunen fait toujours des merveilles et malgré le temps qui passe, son chant est toujours aussi arraché et possédé. Ils devaient avoir la patate pour l'enregistrement de ce nouvel album puisqu'on trouve encore plus de titres courts bien rentre dans le lard qui donnent un feeling global plus énervé à l'album. Bien entendu, les morceaux lourds et doomy sont toujours de la partie et "The Grand Denial" qui flirte avec les huit minutes montre d'ailleurs des ambiances intéressantes, prouvant par là même qu'Asphyx a encore de quoi nous surprendre malgré les années et un style assez immuable. On pourrait dire que "Incoming Death" donne dans la fameuse formule du monsieur plus, les morceax lourds sont plus lourds, les ambiances poisseuses aussi et les passages bourrins sont encore plus violents eux aussi. On entend même du piano sur "Subterra Incognita", ça ne dure que quelques secondes mais quand même ! C'est vrai que ce n'est pas la première fois qu'on entend des claviers chez Asphyx, c'est même plutôt récurrent, mais c'est rarement de cette façon-là. Bon, c'est vite rectifié par le riff de "Wildland Fire" qui arrive juste après et qui remet les pendules à l'heure.

Globalement, si vous aimez Asphyx, il n'y a aucune raison de ne pas apprécier ce nouvel album, le groupe est une fois de plus inspiré, les morceaux ont la patate, la patte du groupe est toujours là et quelques mélodies sombres ou dégueulasses typiquement doom viennent épicer un peu le tout. Pour le son, pas de souci non plus, la prod' à la Asphyx est bien présente elle ausi avec des guitares et une basse bien baveuses pour un son global des plus abrasifs. Le groupe a en tout cas fait du bon boulot sur le tracklisting aussi, les morceaux lourds et bourrins s'enchaînent de façon pertinente et donnent une variété suffisante à l'ensemble pour que le tout passe tout seul sans verser dans le gimmick (souvenirs d'anciens albums d'Hypocrisy qui alternaient un morceau bourrin, un morceau mélodique sur toute la tracklist). Pour le reste, ben c'est du Asphyx à 300%, le groupe n'a plus rien à prouver depuis bien longtemps et quand on se procure un de ses albums, on sait pertinemment à quoi s'attendre. Pas de déception à l'horizon avec ce "Incoming Death", on est loin de certains groupes dits cultes qui ont tenté un retour pour se vautrer lamentablement. Asphyx, tout comme Autopsy d'ailleurs, enchaîne les bons albums depuis son retour sur le devant de la scène et fait encore la nique à beaucoup de jeunes loups qui ont débarqué ces dernières années sur le créneau du death old school.

Un nouvel album qui apporte suffisamment de nouveaux éléments pour ne pas hurler à la redite et qui en plus garde encore et toujours l'esprit originel d'Asphyx. Aucune raison de bouder "Incoming Death" si vous aimez les précédents albums, et pour ceux qui découvriraient le death depuis peu et qui seraient jusqu'à maintenant passés à côté, c'est l'occasion de vous y mettre.


Murderworks
Janvier 2017




"Deathhammer"
Note : 16/20

2009 avait signé le retour des écrasants d'Asphyx après 9 ans d'absence avec un "Death...The Brutal Way" qui fait du bien par où il est passé, et maintenant on ne les arrête plus. Ils sont déjà de retour avec un nouvel album, tendrement nommé "Deathhammer" histoire de montrer tout de suite de quoi il en retourne.

Pas de surprises au rendez-vous, Asphyx fait du Asphyx et ça ramone une fois de plus les cages à miel. En fait si on a une petite surprise mais elle n'est pas forcément bonne, on va en parler tout de suite histoire d'évacuer le point noir de l'album. C'est au niveau de la prod' que ça coince un peu, le son est plus aigu que sur "Death...The Brutal Way" en particulier sur les cymbales qui peuvent éventuellement péter les oreilles lors d'une écoute au casque. Bon suivant le matos sur lequel vous allez faire tourner la chose ça peut être plus ou moins chiant, mais globalement ça ne gâche pas l'écoute. C'est juste que quand on enchaîne les deux albums la différence est flagrante et pas forcément à l'avantage de "Deathhammer", mais bon il suffit de s'y faire.

Maintenant pour ce qui est des compos si vous connaissez Asphyx vous savez à quoi vous attendre, l'album début sur deux titres speed (façon Asphyx hein, on se comprend) pour décrasser les conduits auditifs du malheureux qui se serait trompé de galette. Pour moi ce n'est pas le visage le plus intéressant du groupe, même si les morceaux sont très bons j'ai toujours préféré quand le groupe versait dans quelque chose de plus lent et plus sale. Et bonne nouvelle, après ces deux premiers titres c'est justement ce que le reste nous réserve. Cette mixture doom / death propre au groupe, ces guitares grasses et baveuses plaquées sur des morceaux rampant dans la suie. Le tout surmonté de la voix hurlée de Martin Van Drunen qui fait encore des miracles, ça au moins c'est du chant death metal ! C'est autre chose que les lavabos qui se débouchent, là ça agresse, ça hurle et ça déchire les cordes vocales sans aucune pitié. Ce groupe est un char d'assaut musical qui vous écrase tout au long de ses albums, des tonnes de métal qui vous tombent sur la tronche.

Alors bien sûr on pourra toujours que quoique fasse le groupe il a peu de chances d'égaler les deux brûlots qu'étaient "The Rack" et "Last One On Earth", deux albums qui étaient un peu plus sales, encore plus bruts et c'est vrai que sur cet album et son grand frère il manque peut-être un peu de cette folie que le groupe avait à ses débuts. Il n'empêche qu'Asphyx en a encore sous le pied et qu'il sait envoyer la purée, les morceaux sont toujours aussi écrasants et quelques mélodies dégueulasses viennent varier un peu la tambouille. Et puis merde, qui mieux que les vieux de la vieille peuvent faire du death à l'ancienne ? Après tous ces groupes qui ont débarqué dans une espèce de revival death old school, il fallait bien que les patrons reviennent pour montrer aux petits jeunes comment on fait du vrai death metal ! Même si certains de ces nouveaux ont du talent, les groupes comme Asphyx ont peut-être un certain état d'esprit et une façon de faire que les petits nouveaux n'ont pas. Pas la même époque, pas le même vécu, pas les mêmes racines, c'est comme dans tous les domaines, l'original est souvent meilleur que la copie.

Donc non cet album ne risque pas de réinventer quoique ce soit, si vous voulez du neuf il y en a assez qui en proposent. Quand on écoute Asphyx on veut du gras, du qui tache et qui ne fait pas de quartier. En fait leur retour est bien tombé, leur death finalement assez minimaliste apporte un contrepoids salutaire à la vague death technico brutale, qui même si elle est trop bonne risquait de saturer le marché. Quand à un éventuel opportunisme de la part des anciens groupes qui reviennent, il suffit d'écouter ce "Deathhammer" et son prédécesseur pour se rendre compte que ces mecs ne sont de retour que parce qu'ils aiment réellement ce qu'ils font.


Murderworks
Mai 2012


Conclusion
Le site officiel : www.asphyx.nl