"Through Storms Ahead"
Note : 16/20
Un album a rarement aussi bien porté son nom, As I Lay Dying en sait quelque chose.
Prévu pour 2024 chez Napalm Records, "Through Storms Ahead" est le huitième album du
groupe mené par le vocaliste Tim Lambesis (Austrian Death Machine, Born Through
Fire), qui a récemment vu le départ des quatre musiciens qui l’accompagnaient - Ryan Neff
(basse, Miss May I), Ken Susi (guitare, ex-Unearth), Nick Pierce (batterie, ex-Unearth,
ex-The Faceless) et Phil Sgrosso (guitare, ex-Wovenwar) - avant même la sortie de
l’album, entraînant l'annulation de la tournée européenne censée le promouvoir.
Il est encore plus étrange de se dire que l’album débute par "Permanence", une introduction
mélodieuse qui mène à "A Broken Reflection", premier véritable morceau qui témoigne de la
hargne du groupe. Entre le tempo élevé, les racines old school, l’alternance entre les cris
de Tim et le chant clair intense de Ryan, tous les éléments sont réunis pour faire de ce
morceau un véritable bloc d’efficacité pure. Le break semble également prometteur, tout
comme la mosh part finale avant que Burden ne nous tombe dessus, réitérant la
performance avec des éléments similaires, autant dans l’agressivité que dans les refrains
mélodieux. Le son prend une autre ampleur lorsque Tom Barber (Chelsea Grin, ex-Lorna
Shore) et Alex Terrible (Slaughter To Prevail) rejoignent la formation pour "We Are The
Dead", qui est assurément l’un des morceau les plus énergique de la discographie du
groupe, qui va continuer dans la douceur avec "Whitewashed Tomb". L’introduction nous
permet de souffler, mais on repart rapidement dans la violence tout comme avec le titre
éponyme "Through Storms Ahead" qui nous propose des parties de tapping complexes mais
entêtantes. Les refrains font une fois de plus redescendre l’atmosphère tout en mêlant les
voix.
Le calme revient par moments avec "The Void Within", mais le morceau se montre
également très brutal, créant un véritable clivage entre les deux atmosphères avant de
rejoindre "Strength To Survive", qui adopte un contraste encore plus important, qui sonne
comme un affrontement entre les deux voix, laissant les autres instruments orchestrer le
duel. On reprend immédiatement avec "Gears That Never Stop" qui s’inscrit à nouveau dans
la démarche agressive avec des riffs saccadés et les vociférations de Tim, adoucies par les
refrains clairs, puis avec "The Cave We Fear To Enter" qui propose d’entrée des touches plus
calmes que l’on retrouve tout au long du morceau malgré la férocité de certaines parties, le
transformant en hymne accrocheur. On retrouve la vigueur explosive sur "Taken From
Nothing", mais une fois de plus le chant clair est là pour la temporiser de temps en temps,
refermant l’album avec des éléments peu surprenants, mais qui font toujours leurs preuves.
Bien qu’étant un grand nom du metalcore, As I Lay Dying se retrouve toujours confronté à
des situations problématiques, notamment au sujet de son line-up. Pourtant, asilaydying4 est un bon album, qui va satisfaire les fans, pour peu que le groupe arrive à
le jouer en live.
"Shaped By Fire"
Note : 17/20
J’ai jamais trop accroché au metalcore. Question de goût tout simplement.
Mais il y a une qualité que j’accorde volontiers au style, c’est l’énergie qu’il transmet, et ce soir j’en ai besoin. Il est une heure du matin, je rentre du taf et j’ai encore d’autres dossiers à bosser (cette chronique entre autres), la pluie orageuse vient s’éclater en lourdes gouttes sur le Velux, l’atmosphère est moite, les émotions aussi.
Un des composants qui me dérangent le plus dans le metalcore, ce sont ses nuances vocales. D’un côté des cris qui n’en sont pas, de l’autre un chant de comédie romantique américaine potache. Tu as le droit de pas être d’accord je m’en bats les couilles. Tu as compris l’idée. Et ben tu vois, As I Lay Dying fait partie de ces rares groupes où c’est crédible. Et c’est cool.
Il est deux heures, et une chose est certaine c’est que cet album, "Shaped By Fire", m’a réveillé l’esprit. Ce qui rend l’esprit si clair, c’est la propreté de l’interprétation, la finesse du travail qui gravitent autour de l’enregistrement et, évidemment, un appareil digne de ce nom pour écouter chez oit. N’oublions pas les choeurs, comme autant de mecs qui te gueulent dessus, pour que tu gueules avec eux. Tout ça te file une pêche incroyable. Plus efficace qu’une boisson énergisante à la con.
La musique ? On l’oublierait presque tellement l’ensemble est homogène. Elle vient littéralement se fondre dans nos oreilles. Les riffs sont pointus, la palm-mutes assourdissants, la batterie redoutable et les drops filent le vertige.
Finalement les douze pistes passent plus vite que ton dernier coup d’un soir avec un(e) inconnu(e).
Le temps passe vite tout court d’ailleurs puisqu’il s’est écoulé sept années entre "Awakened" et ce nouvel opus. Je ne sais pas si pendant ce laps de temps mes goûts ont changé ou si le groupe a muté en quelque chose de plus séduisant mais ce dernier effort est franchement cool.
"Awakened"
Note : 12,5/20
D’un avis plutôt mitigé sur leur précédent vrai album, je décide de m’attaquer à ce "Awakened" de la manière la plus objective qui soit. Et ça commence sur une impression positive ! Certes la tête de mort ils ont du mal à en décrocher mais graphiquement c’est beaucoup plus intéressant ! Mais oui vous l’avez déjà vu cet acherontia atropos, sur l’affiche du Silence Des Agneaux. C’est ce papillon ayant la particularité d’avoir ce qui ressemble à une tête de mort sur le dos, ce qui lui vaut son nom de Sphinx tête de mort. Et après l’effet visuel, l’accueil sonore est tout aussi charmant avec "Cauterize" qui, bien que classique pour le style, donne une petite envie de tout saccager.
Malheureusement, le petit sourire esquissé par ma bouche sera d’une courte durée parce que, comme beaucoup trop de groupes de metalcore aujourd’hui, impossible de garder les testiboules accrochées en dessous de leur virilité et ils nous balancent alors un chant clair inutile, commun, dont le seul intérêt serait peut-être de passer dans les clips de M6 à l’heure du goûter. Je n’ai pourtant rien contre ces pratiques mais il y a un moment il faut savoir ce que l’on veut. L’apogée reste le dernier titre de l’album "Tear Out My Eyes" qui frôle la crème de la crème du cucu la praline (pour reprendre l’expression de ma prof d’art plastique de sixième). Bien sûr il y a un public pour ça mais c’est franchement dommage ici. D’autant plus que le groupe sait utiliser le chant clair à bon escient, la preuve avec "A Greater Foundation", "Whispering Silence" ou encore "No Lungs To Breathe" qui octroie à la musique du groupe une certaine énergie et un petit côté punk californien pas désagréable du tout. Bon ok j’y ai été un peu fort dès le début, mais autant finir par ce qu’il y a à tirer de cet album non ? Des titres comme "Resilience" et "Wasted Words", sensiblement proches et dont la mélodie n’entache ni la puissance ni la dynamique des morceaux. On trouve aussi "Overcome" et "My Only Home" qui dégagent une bonne énergie, qui frappe assez fort sans pour autant porter un mur de metal extrême. Musicalement parlant, le groupe a gagné en mélodie ("Defender", "Washed Away") mais n’innove pas beaucoup et nous propose simplement du neuf. Concernant le son, il est de très bonne qualité pour tous les instruments mais là encore, aucune surprise, et une minime, voire inexistante, évolution.
Tu veux du son qui tâche ? Passe ton chemin. Tu veux qu’on te caresse les tympans ? Passe ton chemin. Mais alors cet album il est fait pour qui ? Probablement pour la nouvelle génération que les plus de 18 ans ne peuvent pas connaître (et difficilement comprendre). Je ne tape pas sur le son qui est de très bonne facture. Je ne tape pas sur les musiciens qui sont redoutables et qui offrent une prestation de qualité. Non je tape avec conviction sur l’univers de la galette, instauré par un abus de chant clair aux mélodies bateau et c’est bien dommage. As I Lay Dying ou un groupe qui stagne méchamment alors qu’il est censé faire partie des références du genre. Et en tant que chroniqueur super sympa je vais vous donner un petit conseil : allez écouter des extraits avant de l’acheter.
"The Powerless Rise"
Note : 13/20
Voici "The Powerless Rise" le cinquième album des Californiens, toujours chez Metal Blade. L’artwork est propre et bien agencé mais manque cruellement d’originalité en reprenant à peu près tous les clichés du genre. Première déception passée, passons à l’écoute du disque. Un brouhaha oppressant en guise d’apéritif rapidement rejoint par une voix de zombie tout droit sorti d’un film pour déboucher sur un riff étourdissant et rapide. "Beyong Our Suffering" c’est un morceau ancré à fond dans le créneau metalcore.
Poursuivons avec "Anodyne Sea". Une fois passé la série de blasts, l’effet des deux guitares aux volumes différents est franchement réussi et donne une certaine dynamique. On note également une mignonne mélodie de refrain et un solo de guitare assez mélancolique. Rien de très spécial à signaler concernant le titre qui suit, "Without Conclusion" si ce n’est le son très amusant des guitares au début, rappelant quelque peu les sons des premiers jeux vidéo. Il est tout de même important de signaler un son impeccable. Les guitares sont pleines et rondes, ça sonne très électrique, ça sonne très… euh metalcore ? Les titres "Parallels", "The Plague" et "The Only Constant Is Change" peinent à se démarquer. On a l’impression d’écouter du "déjà fait", notamment par des groupes comme Killswitch Engage ou Trivium. "Anger And Apathy" titre du milieu de l’album, est un peu plus imprégné de la patte AILD. Un bon riff de gratte, des envolées vocales et une batterie qui achève le morceau font de ce titre un des plus réussis. On enchaîne avec "Condemned" et c’est presque trois minutes de rage qui déferlent sur vous. Les grattes tranchent et le chanteur parait enfin se livrer et se lâcher un peu pour un morceau énergique et puissant. Un bourdonnement, une basse posée et appuyée par une batterie, il n’y a certainement pas qu’à moi que ça rappellera l’intro de "Cake And Sodomy" de Marilyn Manson. Heureusement "Upside Down Kingdom" se poursuit tout autrement pour laisser place à de charmantes mélodies vite rattrapées par des plans beaucoup plus metal. Une double pédale qui mitraille les deux tympans et c’est "Vacancy" qui commence. Ces 4 minutes 26 sortent du lot avec une structure un peu différente et des sonorités franchement agréables à l’oreille (notamment la montée en puissance bien arrangée vers la fin du titre). Onzième et dernier titre, le plus long, un choix pas forcément judicieux mais le groupe s’en tire bien avec ce titre planant où le chanteur se décide à murmurer quelques paroles pour nous offrir une pseudo-ballade (dynamique je vous l’accorde) et signer ainsi la fin de cet album.
Vous l’aurez compris, le bilan de cet opus est relativement mitigé. As I Lay Dying c’est du bon metalcore, rien de plus, rien de moins. Une galette très homogène pour un son typiquement de ce style, très précis et très rond. La linéarité des compositions et du son en font un album un peu plat et sans trop de personnalité mais les amateurs du genre y trouveront probablement leur compte.
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