Le groupe
Biographie :

Asagraum est un groupe de black metal international formé en 2015 et actuellement composé de : Obscura (chant, basse, guitare / Draugur, Wolvenbloed, ex-Infestis, ex-Legem Aeternam) et A. Morthaemer (batterie / ex-Sisters Of Suffocation) et Makhashanah (basse / Abyssic, ex-Sirenia, ex-Lazy). Asagraum sort son premier album, "Potestas Magicum Diaboli", chez Kvlt en Septembre 2017, suivi de "Dawn Of Infinite Fire" en Septembre 2019 chez Edged Circle Productions, et de "Veil Of Death, Ruptured" en Octobre 2023.

Discographie :

2017 : "Potestas Magicum Diaboli"
2019 : "Dawn Of Infinite Fire"
2023 : "Veil Of Death, Ruptured"


Les chroniques


"Veil Of Death, Ruptured"
Note : 15/20

Après un très bon deuxième album sorti en 2019, les Suédoises d'Asagraum reviennent avec un troisième méfait nommé "Veil Of Death, Ruptured" qui sent toujours autant le soufre. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, on parle évidemment de black metal et ce dans une forme assez pure hormis quelques légères incursions dans ce que l'on appelle le black metal orthodoxe.

Le black metal d'Asagraum est bien entendu inspiré de fameuse seconde vague norvégienne et à part ces quelques petites touches plus modernes on se retrouve en terrain familier, à savoir un black metal violent, froid, mélodique et noir comme la suie. Le changement le plus notable cette fois se trouve dans une utilisation moins frontale de la violence, une orientation que laisse vite entendre "Ignem Purificat Lilitu" qui laisse pas mal de place à un mid-tempo assez groovy proche du black'n'roll malgré quelques blasts. "De Verloren Tijd" fait par contre une belle feinte avec ce chant clair sur fond d'arpèges sombres et mélancoliques avant de partir sur de gros blasts brutaux, avant de repartir ensuite sur quelque chose de plus lourd, sombre et habité. Le groupe garde la même personnalité mais opte pour une approche plus occulte, une orientation que laissait déjà sentir "Dawn Of Infinite Fire" par rapport à "Potestas Magicum Diaboli" qui était plus direct et frontal. Cette fois, Asagraum descend encore un peu plus bas et pose des ambiances plus froides, son black metal se fait aussi malsain et froid que mélancolique et introspectif. "Impure Fire" remet d'ailleurs le visage le plus direct du groupe en avant avec des blasts et des arpèges très dissonants, l'ambiance est glaciale et la violence se fait plus brute. Le black metal d'Asagraum se fait donc plus nuancé et plus varié cette fois, on ne sait jamais par où l'attaque va venir et l'album prend des allures de voyage initiatique dont chaque explosion ou rupture de ton est une épreuve. Et malgré ces légers emprunts à la scène orthodoxe, il y a de quoi ravir les amateurs de black metal pur et dur à l'ancienne.

On note aussi que l'album lui-même se fait plus compact avec dix bonnes minutes de moins que son prédécesseur, trente-six au lieu des trois quarts d'heure de "Dawn Of Infinite Fire". Les morceaux sont pourtant toujours autour des cinq ou six minutes mais il semble que les diablesses ont cette fois voulu aller à l'essentiel et dégraisser au maximum. Et si "Veil Of Death, Ruptured" se fait moins frontalement violent, il n'empêche que les explosions brutales sont fréquentes et qu'elles servent à dynamiser des morceaux qui n'hésitent pas à chasser sur des terres plus occultes et à poser des ambiances plus inquiétantes. Le morceau-titre balance d'ailleurs lui aussi des arpèges malsains et sales sur un rythme qui provoquera un headbanging sauvage chez tous les puristes, une approche toujours aussi efficace qui donne là aussi un morceau assez violent et direct. Les coups de double grosse caisse posent le mid-tempo classique des vieux Darkthrone, là où les arpèges dissonants empruntent aux scènes plus modernes. Le son est d'ailleurs puissant mais garde une certaine crasse sur les guitares et la basse qui vous grésillent gentiment dans les tympans, une approche du son un peu plus baveuse que les guitares habituelles tout en aigu façon lames de rasoir. L'évolution est progressive et ne devrait pas choquer qui que ce soit, la patte du groupe reste reconnaissable et certains éléments sont simplement plus appuyés sur "Veil Of Death, Ruptured". Même avec des ambiances plus occultes et quelques influences black plus modernes, on reste du black metal assez pur, la noirceur et la violence froide sont toujours de mise.

Asagraum revient donc avec un troisième un peu moins frontal, un peu plus contrôlé mais toujours assez violent et doté d'ambiances occultes prenantes. Le black metal proposé ici ne renie pas les origines du genre et y amène quelques sonorités plus modernes et plus dissonantes tout en gardant la flamme noire de la seconde vague norvégienne.


Murderworks
Décembre 2023




"Dawn Of Infinite Fire"
Note : 15/20

Si je vous dis "groupe de black metal entièrement féminin", vous allez de suite penser à Astarte (R.I.P. Tristessa). Eh bien sachez qu'il y en a un autre dont on va parler aujourd'hui qui s'appelle Asagraum et qui pratique un black bien plus dur et plus sombre que celui pratiqué par les demoiselles précédemment citées. Leur deuxième album, "Dawn Of Infinite Fire", risque de clouer pas mal de becs médisants et d'en mettre une paire sur le cul.

Asagraum emprunte beaucoup à la scène orthodoxe et l'album a d'ailleurs été enregistré au fameux Necromorbus Studio dans lequel sont passés pas mal de représentants de cette scène justement. "They Crawl From The Broken Circle" ne perd pas de temps et nous attaque directement à l'ancienne sur un tempo nerveux avec de bons riffs bien sales en guise de comité d'accueil, ces demoiselles ne sont pas là pour plaisanter et elles vous le font comprendre sans détour. Les habituelles dissonances bien malsaines sont là aussi et le black metal d'Asagraum sent l'occulte à plein nez. Si le groupe ne tombe jamais dans le bourrin à outrance, la violence est bien là et ne fait pas de cadeau, comme en témoigne le début de "The Lightless Inferno" qui tabasse bien comme il faut. L'entame de "Abomination's Altar" sent très fort le old school et le thrash n'est pas loin, quant au solo de "Guahaihoque" il nous renvoit au "Lawless Darkness" de Watain. En gros, Asagraum est à cheval entre le black traditionnel, le black old school limite thrash et la scène orthodoxe. Un mélange plutôt efficace, malsain, violent et assez sale qui donne un album de black metal pur et dur qui ne fait pas de prisonnier et ne succombe à aucune influence extérieure. La plupart des morceaux tournent autour des cinq minutes et sont suffisamment vivant pour ne pas se répéter malgré le côté sans fioritures du black d'Asagraum. Ces demoiselles ne plaisantent pas et connaissent leurs classiques donc si vous ajoutez à un certain talent de composition, vous devriez sentir la baffe arriver. Notons au passage la superbe pochette réalisée par Bahrull Marta qui en plus convient parfaitement à l'ambiance de "Dawn Of Infinite Fire".

Les puristes s'en donneront à cœur joie et savoureront ce concentré de black metal pur, d'autant que les morceaux sont inspirés et bien foutus en plus de dégager une ambiance qui sent le souffre et l'occulte. Un peu de chant clair fait son apparition sur "Waar Ik Ben Komt De Dood" et au lieu d'apaiser le tout et d'amener un peu de lumière, cela amplifie au contraire l'ambiance occulte digne d'une messe noire puisque les parties de chant en question sont presque plus déclamées que chantées. Des voix fantomatiques que l'on entend en fond derrière des riffs dissonants et malsains histoire de plomber encore un peu plus un album qui ne respirait déjà pas franchement la joie de vivre. Si le groupe ne réinvente rien et prend plusieurs écoles du black metal pour les mélanger, cela donne au final une patte reconnaissable et ce nouvel album d'Asagraum tape dans le mille. On retrouve tout ce qui fait le sel d'un bon groupe du genre que ce soit la mélancolie, les dissonances, les ambiances malsaines, la furie exprimée à coups de blasts, bref tout est là et "Dawn Of Infinite Fire", malgré son titre, est une véritable chambre froide comme on les aime dans le black metal. Ce feu-là est noir et vous glace les os après vous avoir brûlé la peau. La production est assez proche des standards du genre elle aussi, sale mais suffisamment puissante pour que la violence ait de l'impact et une basse qui arrive à se faire une petite place dans le mix.

Un deuxième album qui confirme le potentiel déjà entrevu sur "Potestas Magicum Diaboli" et nous balance un brûlot de black metal direct, sale, malsain et furieux. Si vous n'aimez pas que votre black metal aille fricoter avec des influences extérieures et reste haineux et froid, vous venez de trouver un bon candidat.


Murderworks
Octobre 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/asagraum