Si je vous dis "groupe de black metal entièrement féminin", vous allez de suite penser à Astarte (R.I.P. Tristessa). Eh bien sachez qu'il y en a un autre dont on va parler aujourd'hui qui s'appelle Asagraum et qui pratique un black bien plus dur et plus sombre que celui pratiqué par les demoiselles précédemment citées. Leur deuxième album, "Dawn Of Infinite Fire", risque de clouer pas mal de becs médisants et d'en mettre une paire sur le cul.
Asagraum emprunte beaucoup à la scène orthodoxe et l'album a d'ailleurs été enregistré au fameux Necromorbus Studio dans lequel sont passés pas mal de représentants de cette scène justement. "They Crawl From The Broken Circle" ne perd pas de temps et nous attaque directement à l'ancienne sur un tempo nerveux avec de bons riffs bien sales en guise de comité d'accueil, ces demoiselles ne sont pas là pour plaisanter et elles vous le font comprendre sans détour. Les habituelles dissonances bien malsaines sont là aussi et le black metal d'Asagraum sent l'occulte à plein nez. Si le groupe ne tombe jamais dans le bourrin à outrance, la violence est bien là et ne fait pas de cadeau, comme en témoigne le début de "The Lightless Inferno" qui tabasse bien comme il faut. L'entame de "Abomination's Altar" sent très fort le old school et le thrash n'est pas loin, quant au solo de "Guahaihoque" il nous renvoit au "Lawless Darkness" de Watain. En gros, Asagraum est à cheval entre le black traditionnel, le black old school limite thrash et la scène orthodoxe. Un mélange plutôt efficace, malsain, violent et assez sale qui donne un album de black metal pur et dur qui ne fait pas de prisonnier et ne succombe à aucune influence extérieure. La plupart des morceaux tournent autour des cinq minutes et sont suffisamment vivant pour ne pas se répéter malgré le côté sans fioritures du black d'Asagraum. Ces demoiselles ne plaisantent pas et connaissent leurs classiques donc si vous ajoutez à un certain talent de composition, vous devriez sentir la baffe arriver. Notons au passage la superbe pochette réalisée par Bahrull Marta qui en plus convient parfaitement à l'ambiance de "Dawn Of Infinite Fire".
Les puristes s'en donneront à cœur joie et savoureront ce concentré de black metal pur, d'autant que les morceaux sont inspirés et bien foutus en plus de dégager une ambiance qui sent le souffre et l'occulte. Un peu de chant clair fait son apparition sur "Waar Ik Ben Komt De Dood" et au lieu d'apaiser le tout et d'amener un peu de lumière, cela amplifie au contraire l'ambiance occulte digne d'une messe noire puisque les parties de chant en question sont presque plus déclamées que chantées. Des voix fantomatiques que l'on entend en fond derrière des riffs dissonants et malsains histoire de plomber encore un peu plus un album qui ne respirait déjà pas franchement la joie de vivre. Si le groupe ne réinvente rien et prend plusieurs écoles du black metal pour les mélanger, cela donne au final une patte reconnaissable et ce nouvel album d'Asagraum tape dans le mille. On retrouve tout ce qui fait le sel d'un bon groupe du genre que ce soit la mélancolie, les dissonances, les ambiances malsaines, la furie exprimée à coups de blasts, bref tout est là et "Dawn Of Infinite Fire", malgré son titre, est une véritable chambre froide comme on les aime dans le black metal. Ce feu-là est noir et vous glace les os après vous avoir brûlé la peau. La production est assez proche des standards du genre elle aussi, sale mais suffisamment puissante pour que la violence ait de l'impact et une basse qui arrive à se faire une petite place dans le mix.
Un deuxième album qui confirme le potentiel déjà entrevu sur "Potestas Magicum Diaboli" et nous balance un brûlot de black metal direct, sale, malsain et furieux. Si vous n'aimez pas que votre black metal aille fricoter avec des influences extérieures et reste haineux et froid, vous venez de trouver un bon candidat.
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