Premier album éponyme pour les Bretons de Artless Craft qui prennent leurs
inspirations premières dans les bases graisseuses de Kyuss, Monster Magnet et
Queen Of The Stone Age. Le son et la production s'y référent évidément,
analogiquement adaptés à l'ambiance désirée ; basse grasse, batterie au doux
parfum boisé, guitare aérienne presque Black Sabbatienne qui donne un côté très
seventies à l'ensemble. La formule du trio ici marche parfaitement, "Thin
Veiled Euphoria" premier titre de l'album, nous proposant la sensation de se
ballader dans les grands espaces Américains de la route 66, moteur vrombissant à
tout va, barbouze et chemise de bûcheron dans le vent. "Ochre Ash" nous
entraîne plus vers les racines metal des Bretons, Metallica derniére version ou
le Carcass de "Heartwork" en fond, empruntant sur sa fin le rock psychédélique
des années 70. Les bases sont alors posées, le groupe s'aventure ici et là
à mélanger les tonalités, quelques fois à la limite du rock sudiste de
AllmanBrothers Band. S'enjouant sur les tempos ("Reason", "Tony Hearted
Bitch") , délivrant la carte de la ballade rock mi tempo ("Magic Hands")
entrecoupé de parties presque expérimentales, Artless Craft ponctue chaque
titre par un riff ou une mélodie entêtante soutenu par la voix aérienne de
Florant, évoquant les intentonnations qui firent les beaux jours de la scéne de
Seattle dans les 90' (Alice In Chains, Pearl Jam). Les amplis poussés à fond,
l'efficacité des grooves transpire allègrement d'autenticité, le trio se
pourvoyant en machine rock 'n' roll redoutable. Si l'innovation ici n'est
pas le but, le groupe évite avec habileté les pièges du plagiat de ses aînés en
combinant rock sudiste, stoner et metal avec sincérité.
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