"Stella Pandora"
Note : 17/20
Cinq ans après "Age Of Capricorn", les Polonais d'Arkona sont de retour avec "Stella Pandora" et on une fois de plus c'est du black metal pur et dur qui vous attend. Des morceaux comme toujours longs qui balancent un black froid, violent, mélodique et sans concessions. Pas de gros changements donc si vous connaissez, vous savez où vous mettez les pieds puisque le groupe fidèle à sa vision du genre.
"Pandora" qui ouvre l'album atteint déjà les neuf minutes et démarre avec une introduction dramatique, presque cinématographique et déjà oppressante. Et quand le black metal débarque, c'est une fois de plus sans pitié et très froid avec de gros tapis de double grosse caisse, des blasts furieux et des riffs froids et directs avec une pointe de mélancolie et d'ambiances stellaires. Le contraste est une fois de plus maîtrisé et le mélange de ces mélodies poignantes et de cette violence déchaînée crée un black metal prenant, efficace et qui suinte l'authenticité par tous les pores. Les neuf minutes passent très vite et Arkona confirme non seulement qu'il n'a pas changé son fusil d'épaule mais qu'il n'a pas non plus perdu l'inspiration. "Altaria" ne faiblit pas en intensité et nous bourre la gueule de blasts d'entrée de jeu avec là encore une certaine mélancolie dans les mélodies. On est loin du bourrinage intensif sans nuances même si la musique d'Arkona est intense et assez brutale. Le groupe place suffisamment de passages plus lourds et plus mélodiques pour aérer le propos, ce qui permet de rendre les morceaux plus vivants malgré l'intensité éprouvante de l'ensemble. C'est "Necropolis" qui, pour la première fois, permet au groupe de lever le pied avec un tempo plus mid, plus posé et des ambiances stellaires qui prennent plus de place. De très belles mélodies se font entendre et contrastent avec la brutalité du reste, ce qui permet de reprendre son souffle et d'admirer le talent d'Arkona qui se fait tout aussi efficace dans un registre que dans l'autre.
Loin des groupes qui posent, qui jouent les grandes gueules, qui se portent en étendard d'on ne sait quoi, Arkona prend le temps de peaufiner ses albums et ne laisse parler que sa musique. Il aura fallu cinq ans pour pouvoir écouter un nouvel album mais l'attente en valait la peine tant "Stella Pandora" se montre violent, mélodique et épique même par moments. L'inspiration est là, les mélodies frappent juste, les riffs sont tranchants et efficaces et malgré l'habituelle longue durée des morceaux, le groupe ne s'enlise jamais et garde son intensité et sa puissance d'évocation de bout en bout. Proche de la tradition de la seconde vague sans jamais totalement y coller, Arkona déploie depuis un moment son propre univers et arrive à mettre assez de personnalité dans son black metal pour se démarquer du reste de la scène. Les groupes de black metal des pays d'Europe de l'Est ont de toute façon une personnalité, une rage et une mélancolie qui leur sont propre et qui rend leur musique bien plus puissante émotionnellement que les autres. Il y a une sincérité qui transpire de cette scène, une colère et un désespoir qui n'ont rien de superficiel et vous prennent à la gorge. Loin de l'esbroufe des groupes qui s'affichent, qui font des déclarations fracassantes mais vides de sens, qui sortent les jongleurs et les cracheurs de feu sur scène, en voilà un qui fait parler la musique et seulement elle. Arkona reste discret et ne sort ses albums que quand il les considère prêts, résultat on se prend une bonne petite baffe à chaque fois et sa musique développe de plus en plus sa propre personnalité tout en restant ancrée dans la tradition black metal.
"Stella Pandora" est donc une fois de plus une réussite pour Arkona qui nous confirme sont talent et son envie de n'en faire qu'à sa tête dans une scène surchargée de clones. Aussi mélodique et épique que violent et éprouvant ce nouvel album fait sentir la passion de ces polonais et la flamme noire du black metal y est bien vivante.
"Age Of Capricorn"
Note : 16/20
C'est la période des fêtes de fin d'année, l'ambiance est festive et le moment est donc idéal pour parler du septième album des Polonais d'Arkona, "Age Of Capricorn" ! Pour les étourdis du fond, je rappelle que cet Arkona n'a rien à voir avec le groupe russe puisqu'il propose un black metal bien plus direct, brutal et froid dans la grande tradition des pandas qui piquent.
Rien qu'à voir le tracklisting, on comprend qu'on va se faire rouler de la même façon qu'avec "Lunaris" puisque on y retrouve là aussi six morceaux et que le tout dure une fois de plus quarante-sept minutes à peu près. Arkona n'a donc pas changé son fusil d'épaule et nous délivre toujours un black metal frontal aux blasts destructeurs avec ces bonnes vieilles mélodies froides ou malsaines qui ne sont pas sans évoquer Dark Funeral à certains moments. "Stellar Inferno" ouvre l'album avec déjà huit minutes au compteur et ne fait pas de prisonniers puisqu'après une petite minute en guise d'intro bien glauque, le morceau nous attaque avec des arpèges dissonants bien sales avant de nous rentrer dans le lard à coup de blasts sans pitié. Vous l'aurez compris, Arkona ne s'est pas calmé et son black est toujours aussi méchant et glacial, ce qui tombe plutôt bien puisque c'est ce qu'on vient chercher. Certes ça n'invente rien mais ce n'est pas ce qu'on demande à Arkona et honnêtement vu l'efficacité de la bête, on ne va pas se plaindre, "Age Of Capricorn" ne prend pas de gants et vous balance son black pur et dur dans la tronche dès le premier soir ! Comme sur le précédent album, le groupe sait placer quelques passages plus mid-tempo surmontés de tapis de double grosse caisse qui permettent souvent de poser des mélodies malsaines ou spatiales. Le contraste avec les passages très brutaux est donc d'autant plus saisissant et cet équilibre entre les deux permet évidemment de ne pas s'emmerder à l'écoute de ces longs morceaux qui tapent tout de même fréquemment dans les huit minutes. Donc oui, c'est classique comme black metal, mais on sent que c'est fait avec les tripes et il faut avouer que c'est quand même sacrément efficace ! Les ambiances sont prenantes et ne se contentent pas de verser dans le malsain ou l'occulte, les riffs sont puissants et sales et la violence de la chose vous broie sans pitié.
Quelques claviers ou arragements viennent parfois pointer le bout de leur nez comme sur "Alone Among Wolves" mais ne vous y trompez pas, nous ne sommes pas du tout en présence d'un groupe sympho ou atmo. Les blasts de brutasse viennent d'ailleurs bien vite vous le rappeller sur le morceau en question et remettent les pendules à l'heure en vous matraquant la mâchoire pour être sûr que le message est rentré. Un orgue vient appuyer les ambiances mélancoliques du morceau éponyme sur certaines passages et ajoute là encore un peu de gel sur un album qui était déjà bien bloqué en dessous de zéro depuis le début. Ce morceau placé en milieu d'album permet d'ailleurs d'avoir une petite respriration puisqu'il est majoritairement centré sur du mid-tempo et des mélodies plus mélancoliques, les blasts se font entendre plusieurs fois mais le groupe reste moins vindicatif (non pas comme les panneaux...) que sur le reste de l'album. Comme pour prouver que cette accalmie n'était qu'une petite pause, "Deathskull Mystherium" reprend la main avec des riffs bien sauvages, primitifs et sales sur fond de blasts incessants. Globalement, Arkona se distingue du reste et affirme sa personnalité avec ses ambiances qui sont souvent malsaines évidemment mais aussi mélancoliques, dramatiques ou carrément spatiales ! Au niveau de la production, c'est puissant et propre, peut-être même trop pour les puristes mais c'est le genre de son qui colle très bien à ce genre de black très brutal. Quand vous balancez des blasts à la vitesse du son, vous avez intérêt à avoir un son clair qui permet de distinguer tous les instruments sous peine d'avoir droit à une bouillie sonore, donc Arkona a fait le bon choix, tant pis pour les puristes qui enregistrent tout dans la cave.
Un nouvel album dans la lignée de son prédécesseur qui nous envoie un bon black metal brutal, froid, malsain et suffisamment varié pour maintenir l'attention pendant ces quarante-sept minutes. Arkona ne fait pas de prisonniers et si la mélodie trouve la place de s'exprimer, attendez-vous à vous faire malmener assez fort quand même.
"Lunaris"
Note : 16/20
Formés en 1993, les Polonais d'Arkona sortent leur sixième album "Lunaris" après toute une tripotée de splits divers et variés. Si ce groupe n'est pas le plus productif en termes de sorties d'albums, il est en tout cas fidèle au black metal pur et dur.
Ce nouvel album ne s'écarte pas de ce que le groupe nous proposait déjà sur "Chaos.Ice.Fire", à savoir un black metal brutal et mélodique bien plus proches des anciennes vagues norvégiennes et suédoises que des groupes récents jouant sur les dissonances à plein tube. Certaines mélodies malsaines et vicieuses pourraient même faire penser au Dark Funeral des débuts, à ceci près qu'Arkona aime prendre le temps d'installer les ambiances et multiplie les sonorités. Pour vous donner une idée, le titre le plus court de "Lunaris" dépasse les six minutes, et vu que le groupe aime les blasts supersoniques vous vous doutez bien que sa musique est plutôt intense ! Tout ce qu'on attend d'un groupe de black metal est là : la violence, les ambiances glauques et malsaines, de la mélodie, de la haine, de la mélancolie, bref le cahier des charges est rempli. Si vous êtes du genre à ne plus écouter que les classiques du black, vous devriez jeter une oreille sur ce nouvel album d'Arkona, car même si celui-ci ne révolutionne rien il y a un savoir-faire, une qualité et une authenticité qui font du bien à entendre. Quelques claviers font leur apparition de temps en temps mais contrairement à certains groupes de black, ils ne sont pas là pour adoucir quoique ce soit, leur rôle étant plutôt d'apporter un côté épique supplémentaire ou d'appuyer certaines ambiances glauques. Le tout surmonté par le chant bien arraché de Necrosodom (que l'on avait aussi entendu chez les fous furieux de Thunderbolt), dans la plus pure tradition black metal.
Même si j'ai dit que la musique d'Arkona était intense, le groupe ne passe pas pour autant son temps à blaster comme un porc, ces gars-là savent construire leurs morceaux et varier les rythmes et les ambiances et vu la longueur des morceaux, c'est plutôt bienvenu. "Lunaris" ne connaît aucun temps mort, aucun passage à jeter, les ambiances vous prennent à la gorge dès le début et ne vous relâchent pas. Je pense pouvoir dire que ce nouvel album d'Arkona fait partie des meilleurs albums de black sortis ces derniers temps, même si je n'ai pas écouté absolument tout ce qui s'est fait. La qualité des composition est telle que je ne pense pas me tromper en disant cela, sans compter que ça change un peu des groupes dits orthodoxes qui pullulent ces dernières années (même si j'aime beaucoup ce style aussi). Avec Arkona, on retourne à un black metal aussi traditionnel que vindicatif, ce bon vieux black qui vous rentrait dans le lard et vous balançait une ambiance de caveau humide et dégueulasse. Il y a une certaine accroche dans ces morceaux, comprenez par là que vous n'allez pas les chanter sous la douche mais que malgré la violence sans pitié, les morceaux ont tous une efficacité qui fait que le groupe doit faire pas mal de dégâts en live. Niveau production, c'est assez sale pour respecter les codes du genre mais aussi assez puissant pour que les passages les plus violents aient l'impact qu'ils méritent et que tout soit audible.
Pour finir, disons simplement que l'on tient là un excellent album de black metal pur et dur, aussi violent que mélodique et toujours prenant et sombre comme il se doit. Intensité, efficacité, brutalité, mélancolie, mélodie, tout est là et si vous aimez le black metal il n'y a aucune chance que "Lunaris" vous déçoive.
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