Le groupe
Biographie :

Argash est un groupe de black / death metal allemand formé en 2020 et actuellement composé de : Eric Wunderlich (batterie / Nihilation, Northern Eternity, ex-Violet Moon), Oleg Kamlowski (guitare / Nihilation, ex-Violet Moon), Sebi Knetzgore (guitare, basse / ex-Violet Moon, ex-Exaltation, ex-Nihilation) et Anna Nihil (chant / Nihilation, ex-Violet Moon). Argash sort un premier EP, "Unleash", en Septembre 2022 en autoproduction.

Discographie :

2022 : "Unleash" (EP)


La chronique


L’Allemagne a toujours été un vivier fertile de groupes de black metal, comptant dans ses rangs des formations vraiment géniales : Absurd, Endstille, Nagelfar, Nachtblut, Graveworm, et j’en passe. Argash est un petit nouveau sur la scène puisque cet EP sorti en 2022 est leur première production et le moins qu’on puisse dire, c’est que les six titres présents sur cet opus démontrent un certain savoir-faire quant à manipuler les arcanes de l’art métallique noir. Si on creuse un peu niveau line-up, on se rend compte que trois des membres sur quatre ont déjà une autre formation qui s’appelle Nihilation et qui a sorti un album "A Misanthrope’s Guide To The Planet" estampillé progressive black metal. Ces mêmes personnes avaient joué ensemble dans Violet Moon, groupe de gothic death, responsable de deux albums sortis respectivement en 2005 puis le second en 2011. Si Violet Moon n’existe plus, Nihilation est toujours actif et Argash semble être le nouveau projet de la fine équipe.

Argash c’est quoi du coup ? Eh bien du black metal assez fin et travaillé, avec une voix bien agressive, dont le timbre médium / grave ajoute un contraste au son globalement aigu des autres instruments tout en consolidant l’aspect menaçant des compositions. Le chant d’Anna Nihil est très intéressant car la demoiselle possède un timbre à la fois puissant et audible, et on distingue bien les paroles. Celui-ci est assez en avant dans le mix, mix qui, pour le coup, est lui aussi assez limpide. En fait, on est loin d’un black torturé à la Vidargangr ou à la Ligfaerd, d’autres allemands, où le son est poignant, dérangeant et cosmique. Là on est sur un black metal accessible, même si celui-ci n’est pas dénué d’agressivité et de noirceur pour autant. Structurellement, on est sur quelque chose de solide, les intros, couplets et refrains s’enchaînent avec efficacité, le climat est lourd, malgré les apports mélodiques, et on a ce drumming caractéristique qui trace en flèche. "Protoplanet" ouvre le bal avec un rythme élancé, des toiles de guitares qui forment une couche sonore intense et prenante, on est sur un morceau assez linéaire mais finalement bien entraînant. Le climat global est assez monotone, dans le bon sens du terme. Le groupe crée la fracture avec "Frozen Wasteland" et son petit côté Mayhem période Maniac. Les arpèges mineurs disséminent une atmosphère inquiétante. Le titre est lourd, très noir, et plus menaçant que le précédent. Le chant prend des détours un poil plus death m"tallique, et le contraste fonctionne à merveille.

On sombre dans la mélancolie la plus totale avec "Inferno", un track relativement froid. "The Hum" prolonge ce voyage en terres hostiles avec le même engagement. Cette phase de l’EP est à double tranchant car l’aspect redondant dû à une linéarité des parties musicales peut lasser. On aurait aimé quelques breaks, cassures, changements, il y en a, mais pas de quoi détourner le morceau de son entreprise initiale. Attention aussi, le son change radicalement selon le système d’écoute, privilégiez le casque car sur d’autres supports ça passe moins bien. "Unleash" vient apporter cette bouffée d’oxygène qui manquait jusqu’à présent, le morceau est lourd, plus syncopé, on est dans une approche plus thrashy du style Argash, mon titre préféré du disque je pense. "Wilfires", tout comme "Unleash", dévoile une autre facette de la formation germanique, le black metal devient ici plus nerveux, plus torturé, c’est vraiment la guerre pour le coup ! En fait, il aurait fallu ne pas enchaîner "Inferno" et "The Hum" pour obtenir le parfait équilibre, un tout petit défaut de tracklisting au final parce qu’on a tout le meilleur à la fin. Finalement, Argash est vraiment plus intéressant quand il rentre dans un délire plus psycho-misanthropique.

Argash est germanique dans toute sa splendeur, le côté froid et martial se ressent à fond. Alors oui, je vous vois penser que je tape à fond dans les stéréotypes, mais je ne pensais pas du tout aux heures les plus sombres, mais plutôt la manière très industrielle de voir les choses, comme pour les bagnoles. Ce n’est pas des bagnoles chaleureuses les voitures allemandes, mais elles ont une finition impeccable et c’est du solide. "Unleash" c’est pareil, l’exécution instrumentale est sans faille, le son propre, lissé, s’inscrit dans une démarche de ne rien laisser au hasard, on entend tout, et bien. Les compositions, dans l’idiome du black, déversent une noirceur subtile et c’est très bien. Cependant, il manque le petit grain de folie, ce truc un peu sale qu’on kiffe généralement dans le black. Ici, tout est bien articulé mais peut-être un peu trop contrôlé, contenu. C’est dommage car des titres comme les deux derniers sont excellents, le groupe devrait creuser dans cette direction à l’avenir afin de propose du matériel un tantinet plus insolite.


Trrha'l
Mars 2023


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/argashmetal