Le groupe
Biographie :

"Arganork" est un cri de guerre, une incantation occulte, un culte voué à d'anciennes divinités, un poème à Lucifer, une clé ouvrant les portes vers les dimensions interdites et secrètes...  Arganork est un groupe fondé en 2009 par Satyriasis Demonius von Nettesheim, né à Strasbourg en Alsace. La musique et les paroles sont inspirées par le paganisme, divers mythologies, le satanisme, l'occultisme, la littérature fantastique, la sorcellerie dans l'histoire de France, l'astronomie, le néant, les cultes secrets, le vieux black metal Scandinave, les plus grands groupes de metal, les cultures occidentales, la culture Elsässich, l'histoire de la Ière et de la IIème guerre mondiale... Un hymne à la gloire de nos ancêtres, à la Terre, et au caractère divin de la nature et de l'homme... Arganork est aussi une guerre contre la conscience moderne, le matérialisme destructeur de son propre environnement, les religions, les dogmes et l'asservissement de l'être humain. Les forces de la nature sont réveillées pour détruire tout ce qui se dressera devant elles...

Discographie :

2010 : "Dusios"


La chronique


Quelques chuchotements sortent de nulle part, des synthés assez classes et dramatiques qui se posent… L’ambiance ainsi distillée est lugubre à souhait… D’emblée on comprend qu’à la lumière du jour Arganork préfère voyager éclairé par le spectre lunaire, cette lueur froide si propice aux ballades nocturnes en forêt… de là à y trouver une inspiration quasi-norvégienne, c’est effectivement une impression qui se confirmera par la suite…

Une fois passée cette intro, le one man band ouvre le feu sous la forme d’un black metal épique pour ne pas dire guerrier à l’image de celui qui orne la pochette mais aussi fortement mélodique… Comprenez par là que quand bien même le propos se veut agressif, le Lillois évite l’écueil de tomber dans le bourrin à tout va et que cela ne se fait jamais au détriment de la mélodie… Et c’eut été dommage tant on sent un vrai travail de fond et une qualité d’écriture évidente à l’écoute de ces riffs… Sans être omniprésents, les synthés interviennent régulièrement pour se superposer aux nappes de grattes et contribuer ainsi à l’intensité dramatiques des compos… et chose plutôt rare pour être signalée (surtout pour un premier effort !), j’ai trouvé que c’était fait avec beaucoup de subtilité et de soin, ne vous attendez donc pas à un vieux son kitsch de Bontempi, vous seriez déçu ! Pour résumer ça ne sonne ni cheap ni même cliché mais au contraire tout s’inscrit dans une logique de composition et d’harmonie presque évidente, ce qui fait que jamais l’intervention desdits claviers ne fait ressortir l’auditeur de son écoute…

Difficile de ne pas voir ici s’exprimer la compétence du seul maître à bord en matière d’orchestration ou tout simplement son aisance avec les machines… Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce curieux personnage, sachez que l’homme dans l’ombre tapi derrière l’entité Arganork n’en est pas à son premier coup d’essai… et oui c’était déjà lui le terroriste sonore qui oeuvrait sous le masque de Cosmoloco (formation assez audacieuse de brutal death où à l’époque il faisait déjà tout tout seul), autant vous dire qu’il est plutôt inspiré le Monsieur et qu’il n’a sans doute pas dit son dernier mot ! D’emblée "Dusios" ouvre la voie d’un manière plutôt convaincante en nous offrant un black metal froid, exécuté en bonne et due forme au moyen d’un riff bien efficace et bien massif qui tournera en boucle pendant quasiment tout le morceau soutenu par une boite à rythme du meilleur effet. Si j’osais je dirais qu’on à droit ici à un vrai petit "tube" black metal en puissance (à condition que cela puisse exister !) d’une efficacité plutôt redoutable…

Difficile pour moi de distinguer les pistes 3 et 4 tant elles confirment pour moi le talent de l’auteur de nous pondre des riffs assez simples mais définitivement accrocheurs, emmenés cette fois ci par une batterie un peu plus sauvage. Ah bordel ces riffs de guitare et ce son glacial pour ne pas dire suicidaire, couplé à cette boîte à rythmes délicieusement froide, le tout appuyé par une voix bien black pour ne pas dire douloureuse… bref il ne m’en faut pas plus pour dire qu’on tient ici sans conteste les deux meilleures pistes de cet album ! En tout cas personnellement je suis conquis ! "Elsass" est à nouveau un intermède musical au synthé nous offrant quelques touches de piano égrenées sur une boite à rythme quasi-militaire, un joli moment entre mélancolie et inquiétude, propice à la rêverie, avant qu’un orage n’explose… En piste 6 on prend plaisir à retrouver ce son de guitare assez froid qui contribue sans nul doute à l’identité musicale d’Arganork au service d’une des compositions les plus épiques de l’album alternant parties lourdes (et presque pagan sur le refrain) avec d’autres plus enlevées. Le chant est plutôt intelligible (et bon même : "Immortel !!") pour peu qu’on y prête une oreille attentive… ben oui ça reste du black quand même ! En tout cas une fois de plus le constat s’impose, en terme d’efficacité dans l’écriture, Arganork convainc !

"Le Chariot De Feu" se révèle être un morceau assez mid-tempo au départ qui va crescendo, nous gratifiant au passage de jouissifs déferlements de fureur alternés encore une fois à de superbes parties de guitare mélodiques et glaciales, froides comme la lame du rasoir… Voici sans nul doute l’un des morceaux les plus riches de l’album en terme de variations musicales mais de laquelle transpirent pour ma part les influences "thrashisantes" de son auteur ainsi que son goût pour le black pagan, bref un titre sauvage et varié mais d’où ressort une véritable ambiance "dramatisée" par l’ambitieuse présence des claviers. Pas grand-chose à rajouter, si ce n’est qu’admettre qu’Arganork me séduit à nouveau avec une certaine aisance…

Bien sûr en toute objectivité ce premier opus n’est pas dénué d’imperfections audibles, notamment la fin un peu avortée (pour ne pas dire à l’arrache) de ce morceau (erreur qui revient même plusieurs fois il me semble) mais cela confère aussi à cette galette ou plutôt cette cassette, une authenticité, un petit côté roots, brut de décoffrage à mille lieux des groupes qui sonnent trop aseptisés… "Mauvais Augure" en piste 8 est encore une fois un intermède musicale dans la veine de la piste 4… Ce genre d’atmosphère dramatique composée et exécutée au clavier qui n’aurait pas dépareillée sur un album de Cradle Of Filth ou Dimmu Borgir de la grande époque, et je dis ça sans aucune connotation péjorative tant les deux formations n’ont plus rien à prouver à cet exercice de style très typé musique de film J’ai trouvé pour ma part l’ultime piste titrée "Tourments" globalement un peu trop classique et de ce fait un petit peu en dessous qualitativement du reste de l’opus .

En conclusion Arganork aura eu le mérite de me faire revivre ces riches heures presque oubliées des années 90… Ces instants passés où on parlait de black metal mélodique sans qu’aucune notion péjorative ne vienne ternir le propos… j’avoue, parole de vieux con, avoir le même ressenti d’aborder presque un tabou en évoquant ce sujet au même tire qu’en parlant de l’évolution du death metal ! Putain !!! Est-ce que Chuck Schuldiner serait mort pour rien ? D’où est venue cette nécessité de se complaire dans la brutalité extrême au détriment de la mélodie… Et pourtant Satan (ben oui j’allais pas dire Dieu !!!) sait que j’apprécie une bonne galette de brutal death ou de grind mais quand même…. Le propos n’en était pas moins brutal sauf qu’il était amené avec un peu plus de nuance qu’un blast beat dans ta face… Alors mea culpa, peut-être certains me reprocheront un excès de sentimentalisme ou de revival outrancier, toujours est il que je ne dénigrerai jamais des groupes comme Mephitopheles ou même Covenant qui avaient su à leur époque digérer les influences brutales de la scène Nordique sans oublier de lui prodiguer au passage une touche mélodique qui avait fait leur marque de fabrique… Et c’est là ou Arganork brille… Me faire ressentir ce genre d’émotion en 2010 n’était pas pari gagné… Et pourtant, et pourtant la formation lilloise ou plutôt le one man band s’en sort haut la main et bordel, qu’est ce que c’est bon !!!

Satyricon, Emperor, forcément l’ombre des dieux Norvégiens n’est pas loin et semble planer pour ne pas dire enrubanner ce premier opus… Mais peu importe, en quarante minutes le résultat est là et se fait sentir…. Un artiste inspiré, des riffs intelligents, une ambiance de tous les instants, une production assez exemplaire pour ce qui est censé être une première démo ou plutôt un premier album à qui veut bien l’entendre… Bref vous l’aurez compris, pas grand-chose à jeter là dedans… Et quand à ceux qui reprocherait une froideur outrancière de la boite à rythme j’ai envie de dire qu’elle tombe a point nommé pour cultiver ce climat somme toute nordique… (On parle du 59 ou de la Norvège là ?) En effet, couplée aux vocaux black et au son abrasif des guitares le résultat n’en est que plus convaincant en terme d’homogénéité… Bref vous l’aurez compris Argnarork m’a fait passer un excellent moment de black metal en m’ouvrant les portes de son univers et rien que pour cela un grand merci à lui !!! Et quand en plus vous apprendrez que ce petit écrin de metal noir limité à 300 exemplaires se vend à 3€ sur le site de l’intéressé, dur de résister à l’envie de faire une bonne action vous ne croyez pas ? A bon entendeur salut !

PS : j’ai volontairement fait l’impasse sur le fond textuel de l’œuvre afin de ne vous parler que de musique mais une interview de l’intéressé étant en préparation, le moment sera sans doute plus opportun d’aborder ce sujet avec lui…


Ihsahn62
Juillet 2010


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.arganork.fr