Le groupe
Biographie :

Influencé par la scène extrême-prog scandinave (Arcturis, Opeth, Winds, Greee Carnation…), et affranchi des excès techniques du heavy-prog américain, le groupe a élaboré une forme de metal ambiant aux structures sophistiquées. Recyclant en grande partie le répertoire longuement maturé de son défunt aîné (Zarathoustra), A Prison Called Earth a peaufiné, au cours de l’année 2010, et ce dans le plus strict isolement, un premier effort de 50 minutes intitulé "Rise Of The Octopus". Il s’agit d’un concept en trois actes, évoluant dans un univers néo-rétro proche de l’esthétique "steampunk", et traitant du pouvoir souterrain des sociétés secrètes. L’art du combo s’y épanouit dans des pièces musicales longue durée, où chaque plan instrumental révèle son lot d’arrangements multiples aux développements inattendus. Même si la voix ne prédomine pas dans ce paysage sonore tentaculaire, elle sait transcender, tout à la fois, la rage et l’émotion véhiculées par les autres instruments.

Discographie :

2010 : "Rise Of The Octopus (Realistic Tale Of A Sprawling City)" (Démo)
2013 : "The Ivory Miracle" (EP)


Les chroniques


"The Abominable"
Note : 16/20

Retour de A Prison Called Earth après la sortie du surprenant "Rise Of The Octopus" en 2010 avec cette fois un EP d'a peu près 15 minutes, "The Ivory Miracle". J'en profite pour m'excuser auprès du groupe pour la réalisation très tardive de cette chronique, même si comme le dit l'adage "vieux motard que jamais" ou un truc dans le genre.

Premier constat par rapport à leur premier essai, le son est bien plus gros et on sent que le groupe a bénéficié de plus de moyens ou de plus de temps pour mettre cet EP en boîte. Autre très bonne surprise la musique de A Prison Called Earth est plus concise cette fois, la durée de 15 minutes doit jouer mais on sent clairement que si le groupe a gardé la richesse inhérente à leur style, ils maîtrisent bien mieux le mélange qu'ils en font. "The Ivory Miracle" présente autant d'influences et de sonorités que "Rise Of The Octopus" mais tout y est bien mieux agencé, les enchaînements d'ambiances et de structures différentes se font plus naturellement et cet unique pavé d'un quart d'heure divisé en 6 pistes se révèle plus simple d'accès. Ce qui reste en tout cas, c'est le côté très immersif et presque cinématographique de leur musique, A Prison Called Earth nous embarque dans son monde avec une facilité déconcertante ! C'est du metal prog dans le sens noble du terme qu'on trouve ici, une musique riche qui tente pas mal de choses qui sortent du strict cadre du metal et un groupe qui conçoit sa musique comme un énorme ensemble dont chaque réalisation fait partie.

Le petit quart d'heure passe à une vitesse folle et on se dit que le prochain album visiblement en préparation devrait proposer du lourd, vu la progression effectuée entre "Rise Of The Octopus" et ce nouvel EP, on imagine qu'en revenant sur une longue durée A Prison Called Earth va nous réserver d'autres surprises. Mine de rien, le groupe propose depuis ses débuts des concepts, ce qui sous-entend bien entendu que toutes les pistes se suivent sans interruption et que "Rise Of The Octopus" était déjà lui-même un unique morceau découpé en plusieurs parties. Et être capable de retenir l'attention de l'auditeur pendant tout ce temps sans s'égarer dans des expérimentations tordues en cours de route n'est pas donné à tout le monde, or il se trouve que A Prison Called Earth manie cet exercice de style d'une fort belle façon ! Même si beaucoup d'univers s'entrecroisent encore sur "The Ivory Miracle", la cohérence et la forte identité du groupe font que tout coule de source, on se plonge avec plaisir dans ce monde relativement mélancolique et souvent d'une grande beauté.

Le groupe a visiblement connu ces derniers mois une période trouble, un split puis une reformation annoncée au prix d'un gros remaniement de line-up. Espérons que le groupe va retrouver une stabilité et que sa créativité n'en sera pas altérée, A Prison Called Earth a des choses à dire et il serait vraiment dommage de perdre un groupe de cette qualité.


Murderworks
Avril 2014




"Out Of Adversity"
Note : 15/20

A Prison Called Earth, voilà un nom qui promet une musique pleine de joie. Anciennement nommé Zarathoustra, ce groupe français officie dans le metal progressif et nous livre ici son premier effort autoproduit nommé "Rise Of The Octopus". Et concept album qui plus est, le moins qu'on puisse dire c'est qu'attaquer de cette façon montre une certaine ambition.

D'ailleurs malgré le fait que l'album soit découpé en 17 pistes, il n'est en fait constitué que de 3 morceaux différents. Un bon moyen de ne pas effrayer l'auditeur qui n'est pas habitué au prog et qui pourrait tomber nez à nez avec des pavés de 15 ou 20 minutes, la première fois ça peut déstabiliser. Musicalement le groupe situe ses influences dans les groupes extrême prog Suédois comme Opeth, Arcturus ou Green Carnation. D'ailleurs j'ai cru entendre dire que certains trouvent l'influence Arcturus période "Sham Mirrors" un poil trop prononcée. Pour ma part je ne risque pas de confirmer la chose étant donné que pour Arcturus je me contente de "La Masquerade Infernale".

En tout cas on peut dire que A Prison Called Earth a réussi à maintenir l'ambiance tout au long de l'album et malgré les influences diverses, on ne note pas vraiment d'incohérences. On trouve quand même du prog, des touches electro, du chant rappé sans que ça ne choque le moins du monde. Donc à ce niveau là pas de souci, c'est sûrement l'expérience de l'ancienne incarnation du groupe qui parle. Techniquement c'est pareil, c'est bien en place et le niveau affiché est globalement très bon. Pas de démonstration cependant, on reste dans le mélodique et la technique n'est là que pour servir les ambiances développées tout au long de ce "Rise Of The Octopus".

Ambiances très bien retranscrites d'ailleurs puisqu'on ne s'ennuie pas une seconde pendant l'écoute, même sans les paroles sous les yeux on se laisse immerger dans l'univers du groupe sans problèmes. Le concept est d'ailleurs basé sur l'idée que la Terre pourrait être la prison d'une autre planète, et comme présenté dans la bio ça part dans un délire rétro proche du steampunk avec sociétés secrètes en prime. Bref il y a de l'ambition dans l'air, et c'est sympa de voir un groupe oser cette expérience périlleuse dès le premier album. Même si "Rise Of The Octopus" est considéré ici ou là comme une démo, ça ressemble quand même méchamment à un premier véritable album. Et si ce n'est pas le cas je crois que quand ce dernier arrivera on devrait se prendre une petite gifle dans les dents.

Parce que oui l'album est bon, voire même très bon, comme je le disais on est embarqué dans le train direct (Train, vapeur, steampunk non ? Bon ok je vais me coucher). Même si d'après certains les influences seraient trop visibles, je répète que ça ne me choque pas personnellement et que le travail est tellement bien fait que je me suis laissé prendre au jeu sans montrer de résistance. Même si bien sûr l'album ne se laisse pas dompter comme ça, la musique est quand même riche donc relativement complexe. Et le tout demande plusieurs écoutes pour être totalement assimilé, rien de rebutant au premier abord attention. Il y a simplement beaucoup d'informations et d'ambiances pour qu'on puisse le connaître par cœur dès les deux premières écoutes.

Et tant mieux, c'est dans ces cas là qu'on se retrouve avec les meilleures surprises. Je préfère devoir forcer l'entrée d'un univers musical plutôt que d'apprivoiser un album en une ou deux écoutes et m'en lasser au bout de 10. Là au moins on sait que la galette va s'inscrire sur la durée et qu'on est quasiment assurée de la faire tourner assez régulièrement. Je parlais de technique tout à l'heure et je tiens à préciser que la prod' est elle aussi de bonne qualité, une fois de plus pour une œuvre autoproduite c'est vraiment appréciable et ça montre le boulot qui a été abattu.

Encore une bonne surprise musicale pour moi donc, française qui plus est, qui prouve la bonne santé de la scène française de ces dernières années. En espérant que le groupe soit signé et puisse nous délivrer d'autres albums avec de vrais moyens professionnels, même si le travail est ici très soigné je suis curieux d'entendre ce que ça pourrait donner avec un peu plus de moyens. Vu l'ambition affichée dès le départ je pense qu'on peut légitimement s'attendre à quelque chose de bon. Je conseille en tout cas ce "Rise Of The Octopus" à tous les amateurs de prog mélodique, vous m'en direz des nouvelles.


Murderworks
Avril 2011


Conclusion
Le site officiel : www.apce.bandcamp.com