Un premier album est toujours une étape importante dans la carrière d'un groupe et ce "Pentachaos" ne dérogera pas à la règle !!! Chroniquer un tel album est toujours un moment un peu particulier pour tout rédacteur qui se respecte... Il faut savoir trouver le ton juste, offrir des critiques constructives et donner envie au groupe d'aller de l'avant, mais avant tout, il faut savoir respecter le travail fourni !!! Ce respect, Anti Aeon l'a déjà gagné à réception de leur digipack, la chose étant assez rare au milieu de tout ces MP3 pour être notée... Et puis le groupe a pris le risque d'enregistrer en conditions "live" la batterie, la basse et la guitare rythmique, ce qui n'est pas une mince affaire !!! Alors, tout ces efforts ont-ils été payants ??? Réponse plus bas...

L'album commence par une intro plutôt classique avant de se lancer dans le vif du sujet avec "Anti-Aircraft Revisionism"... Un premier riff plutôt intéressant et efficace, un sympathique blast, le tout assez bien mis en valeur par la production : voilà une agréable surprise !!! Bien sûr, on reste dans un son plutôt underground et il faut garder en tête que la plupart des instruments ont été enregistrés live... Pour faire bref, le son de guitare est vraiment très appréciable, le chant peut-être un poil surmixé, et la batterie un peu trop en retrait, surtout du point de vue de la grosse caisse : l'inconvénient des conditions live !!! Mais bon, l'ensemble reste cohérent et la musique d'Anti Aeon est parfaitement compréhensible, et c'est bien là l'essentiel...

Le groupe offre différents visages au fil de ses morceaux, offrant quelques blasts mais aussi des passages plus mid-tempo et atmosphériques... Ces derniers sont parfaitement maîtrisés, même s'ils tournent parfois un peu en rond, mais c'est lors des passages les plus rapides que l'enregistrement live montre ses principales faiblesses, surtout au niveau de la caisse claire, parfois à la limite de la rupture... Mais je n'en tiendrais pas vraiment rigueur car ce ne sont au final que de petites erreurs de jeunesse, à l'image de certains riffs ou de certains bridges un peu en deçà qualitativement parlant... A contrario, le solo du morceau intitulé "Agnishuddi" est plutôt surprenant et bien envoyé, mais surtout très mâture : rafraîchissant même si un peu trop mis en avant à mon goût !!!

Les morceaux vont ainsi s’enchaîner sans grande surprise mais de manière plutôt homogène et cohérente, chacun avec ses forces et ses faiblesses, à l'image d'un "Macrocosmic Vagina Gutter" un peu mou à mon goût, et ce jusqu'au trio final qui pour moi va révéler le vrai visage d'Anti Aeon... Peut-être les compositions sont-elles plus récentes, mais toujours est-il que leur qualité surpasse de loin celle des autres morceaux de l'album !!! Voilà trois morceaux bien maîtrisés d'un point de vue technique, plus mâture et mieux construit... Certes "Death To All" nous aura donné un petit avant goût avec son refrain mid-tempo, classique mais très efficace, mais le final de l'album est d'une toute autre qualité !!! Voilà qui donne du baume au cœur à l'humble chroniqueur que je suis...

"Salvation Is Insanity" commence ainsi par un excellent riff purement black-metal, sombre et torturé comme il se doit... Le genre de riff qui rend bien terne les morceaux précédents !!! L'appui d'une batterie en pleine possession de ses moyens en fait un morceau particulièrement accrocheur qui fait honneur aux nombreuses références cités par le groupe dans sa biographie... Même l'outro atmosphérique semble plus mâture, avec ses arpèges tout en légèreté !!! Le dernier morceau de l'album, intitulé "Furor Arma Ministrat" va lui aussi nous offrir un main riff excellent, certes classique, mais parfaitement assumé... Cela se ressent aussi dans la manière dont il est joué, et c'est ici un des avantages de l'enregistrement live : Anti Aeon pouvait semblé timide sur les premiers morceaux, mais on sent le groupe plus fougueux et rageur sur ces dernier morceaux !!!

Mais pour moi, le véritable hymne de ce premier album est bien l'avant-dernier morceau "Black Metal Assault" : titre certes cliché, à l'image du main riff, mais encore une fois, le tout semble tellement assumé et est tellement maîtrisé qu'on ne peut que dire bravo !!! Un titre plutôt old-school mais sacrément efficace et qui donne vraiment envie de bouger : c'est de l'énergie en barre, je vous le dis !!! Voilà pour moi ce vers quoi le groupe devrait se diriger à l'avenir... Quelque chose de peut-être plus classique, mais où ils prennent un plaisir évident, et c'est bien là tout ce qui compte !!! Les premiers morceaux de ce "Pentachaos" fixaient les bases de la musique d'Anti-Aeon, mais pour moi, les trois derniers nous donnent une idée de l'avenir du groupe, et cela s'annonce plutôt intéressant...

Malgré quelques faiblesses, quelques erreurs de jeunesse et une grosse prise de risque sur la manière d'appréhender l'enregistrement de ce premier album, Anti Aeon fait dans l'ensemble montre d'une assez bonne maîtrise technique... Le groupe a composé un premier album assez cohérent, avec une mention toute spéciale pour les trois derniers morceaux qui sortent vraiment du lot et laissent imaginer un avenir assez radieux du côté de Rouen !!! Ainsi, cette note n'est pas du tout une note sanction mais bel et bien une note d'encouragement au vu de la marge de progression que j'ai pu déceler sur ce "Pentachaos"... A suivre de près !!!

"Anti Aeon"
Note : 13,5/20

Il n'est jamais facile de parler d'un groupe qui sort un EP, ou une démo, avec très peu de titres, et bien que quatre titres (en fait, véritablement trois) ce ne soit pas négligeable non plus, Anti Aeon entre dans cette catégorie. Groupe de black metal rouennais, crée vers 2010 avec des membres du tout aussi jeune groupe de death metal Anfall Norr, Anti Aeon un de ces groupes roots qui créent de la musique pour la musique. Et donc la sincérité est extrêmement présente sur ces 18 minutes de black sauvage et primaire sur certains points. En tous les cas enregistré en "one shot" comme des conditions live, c'est avec une écoute laissant présumer un avis tout fait sur la naïveté d'un tel projet aujourd'hui que l'on aborde en premier cet EP. En effet avec un visuel sommes toutes classique,dénotant plus ou moins une volonté de révéler une appartenance à la vague, que dis-je à la déferlante, norvégienne des années 90 menée en premier par les Darkthroniens et les Darkthroniennes, et un logo magnifiquement illisible (et c'est ce qui fait tout son charme) mais très moderne, Anti Aeon réussit à montrer qu'il peut proposer quelque chose de old school avec des sonorités vraiment crades et une ambiance "morbidement" lugubre.

Le premier titre "Hypnos" qui fait office d'introduction néoclassique sur une bande à moitié inversée, aux intentions dépressives, ne laisse pas du tout présager ce qui suivra. Il est clair, qu'il faut d'abord se mettre en tête que Anti Aeon ne rajeunira aucun style et ne se permet pas d'être des plus créateurs de nouvelles vagues. Non, c'est un fait. En revanche c'est la noirceur des trois morceaux qui suivent qui font de ce petit EP, une production intéressante. Les blasts, les guitares et rythmiques abyssales, mettront tout le monde d'accord sur le fait que le black norvégien du siècle dernier est une influence potentielle d'Anti Aeon. Ce petit constat passé, on s'attache à apprécier les ralentissements totalement noirs, tantôt presque mid-tempo accompagnés par des vocaux en bi-timbre. En effet on s'accordera tous à dire que sa capacité à varier le chant d'une manière black et d'une autre manière plus death rend le black metal d'Anti Aeon plus rentre dedans. Et c'est justement à ce moment précis que l'on est assez content du fait que cela ait été enregistré en one shot, parce que cela permet de se rendre compte de la noirceur et de la rage que le groupe peut délivrer sur scène.

Du coup, "Abrahamic's Path", nettement plus guerrière que la précédente "Batkun 13" qui avait pour mission de poser l'ambiance et faire découvrir le style, se déguste avec plus de saveur, la mise en bouche se faisant plus facilement. On se rend compte que l'on détaille plus les passages de batterie, de basse, et qu'on laisse nos instincts primaires prendre le dessus. Le dernier titre vient poser une pierre finale à une impression finalement paradoxale à ce que l'on avait pu avoir au début. Les durées de morceaux dépassant les six minutes ne souffrent pas non plus d'aucune longueur qui auraient pu être conséquente...

Alors pour en terminer, Anti Aeon peut amplement se mettre en quête de son album, si ce n'est déjà fait, vu qu'il en était question. Bien sûr que le groupe ne sortira peut-être pas de l'hexagone, mais il faut se faire plaisir avant tout, et si d'aventure certains amateurs arrivaient à tomber sur cet EP et sur l'éventuel futur album, il est certain que la déception ne sera pas de la partie...

Arch Gros Barbare Octobre 2013