Le groupe
Biographie :

Anorak est un groupe de metal hardcore né en 2005 à Amiens. Les compositions du quatuor sont d'abord influencées par la musique directe et percutante de groupes comme Nostromo, Lack ou encore Will Haven. Anorak se forge alors un set frontal mais qui, déjà, laisse la place à des passages déstructurés, déconstruits. Après cinq mois de travail en répétition, le groupe se lance dans une série de concerts et peut alors présenter ses morceaux au travers de prestations intenses et survoltées. Sur cet élan, la formation développe un jeu qui se caractérise par des rythmiques binaire et/ou syncopées, des sonorités qui oscillent entre un métal lourd et une noise débridée. S'y ajoute un chant tantôt guttural tantôt crié. Cependant, la tension et la rage qui apparaissent au premier abord n'empêche pas le groupe d'avoir une approche résolument rock'n'roll. Jusqu'en Juin 2006, le groupe se produit en Picardie et dans le Nord dans des bars et des squats, aussi bien aux côtés de groupes locaux qu'étranger. En 2006, le combo enregistre une première démo quatre titres avec les moyens du bord. Grâce à cet enregistrement de nouvelles portes s'ouvrent et les lieux dans lesquels se produit le quatuor se diversifient (salles de concerts, festivals) et lui permettent de partager l'affiche avec de nombreux groupes. En Mars 2007, le groupe retourne en studio accoucher d'un EP autoproduit intitulé "Faces Of Cruel Kids Rotten Walls". "My Own Haze" sort en 2009 chez le label Thunderring Records, suivi de "Sick" en 2011 chez Maximum Douglas Records - Basement Apes Industries - Swarm Of Nails - Fuck A Duck. Deux ans après voici "Go Up In Smoke".

Discographie :

2006 : Démo 4 titres
2007 : "Faces Of Cruel Kids Rotten Walls"
2009 : "My Own Haze"
2011 : "Sick"
2013 : "Go Up In Smoke"


Les chroniques


"Go Up In Smoke"
Note : 17/20

Imaginez la gare ferrovière d'une petite bourgade de province à l'heure où le monde commence à émerger. Les premiers rayons de soleil vous lèchent les joues et, mêlés à la rosée des premières lueurs, vous aveuglent. Vous entendez au loin des enfants profitant déjà de cette belle qui s'annonce sinon, rien, le calme plat... et ce train qui s'en prévenir vous rappelle que vous avez contemplé la scène là où il ne fallait pas et vous traîne pendant plus de quarante minutes à vous réduire en viande hachée.

C'est un peu l'effet "Go Up In Smoke" introduit par "I've Never Been...". Ce nouvel opus est fait d'un hardcore pénétrant, intrusif, à l'énergie rock'n'roll. Construit sur des bases de déstructures, la musique d'Anorak me paraît pourtant moins complexe que par le passé. On est dans le truc qui t'arrache la peau à la râpe à bois ("Damaged This Day", "Horror For Trance", "Backlach") mais pas seulement. La composition de l'album s'articule également autour d'ambiances plus subtiles d'un côté ("Part Of You", "Deserve Your Meat") et à l'esprit rock'n'roll de l'autre ("Go Up In Smoke", "Red Cellar (Part 2)"). Un mélange détonnant qui nous fait nous balader entre les différentes ambiances tout en conservant une cohérence implaccable sans oublier un côté noise toujours présent. On trouve également, dans cet opus bien chargé, des sons plus lourds, plus minimalistes aussi. Je pense notamment à "Empty Bottle Of A Full Life" et "Red Cellar (Part 1)" qui ont au moins le mérite de casser le rythme de l'album. Et c'est d'ailleurs là que réside le petit point noir de cet effort puisque ces pistes ne font pas partie des plus captivantes. L'opus se ferme sur "Vain" qui me rappelle les influences Botchiennes un peu effacées sur cette album ce qui est indicateur de l'évolution du groupe. Le morceau n'en reste pas moins bien agréable.

Après avoir écouté l'album dans son intégralité, quelle interprétation ferez-vous de l'artwork qui l'accompagne ? J'y vois un malade, dont le corps et l'esprit sont sous l'emprise de la folie, ou d'une force inconnue, et qui lui fait subir des accès de violence internes comme externes, des suées insupportables, les pleurs d'un être qui ne se maîtrise plus et de ses proches qui attendent patiemment la fin des crises... ou la fin tout court. Et toi, tu vois quoi ?


Kévin
Février 2014




"Sick"
Note : 18,5/20

Découverts à la lecture d'un magazine dont je tairai le nom, Anorak m'avait séduit de par son inspiration Botchesque. Ayant une forte attirance (non sexuelle) pour ce groupe, les Français m'avaient agréablement surpris. Deux ans après "My Own Haze", ils reviennent bousculer vos oreilles avec "Sick". Commençons par l'artwork, validé à 100%, un côté étrangement bestial enveloppé d'une certaine douceur végétale.

La machine se lance avec "Long Black Half Hair" qui, dignement nous chauffe à recevoir la suite dans un metal hardcore hyper maîtrisé et violent, avec en plus, un son énormissime, il n'y a rien à dire de plus la dessus. "Wood Philosophy" dans la même lignée, continue de poser les bases de ce qui va nous arriver ensuite, ces deux premiers morceaux sont très bons mais ce qui suit l'est encore plus ! Et ce qui suit c'est "Covered With Mud", bien plus dansant, bien plus intense mais surtout une deuxième partie de morceaux extraordinaire. Le genre de partie dont aurait voulu plus que tout au monde en être l'auteur. Dansant également entre deux parties extrêmement saccadés, "The Mirror Building", les riffs rebondissent violemment pour parfois nous enfoncer d'un pas sévèrement lourd ! Le niveau ne baisse toujours pas avec "Crowded Sunny Streets", toujours cette voix très dure qui se mêle si justement aux sonorités et plans rageux des titres, appuyée par une batterie dynamique et calée avec brio. On remarque que dans cette musique ultra ficelée et très carrée, la basse apporte un zeste de rondeur, d'élasticité à une musique rigide (et il n'y a rien de négatif là dedans bien au contraire !). N'oublions pas "Guru", un titre plutôt court, globalement bon mais nettement moins inspiré que le reste de l'album. "Sticky Sand" non plus ne fait pas partie des meilleurs morceaux de la galette non plus mais reste de très très bonne facture, on notera par ailleurs le travail effectué sur la voix qui est bougrement agréable. L'album s'achève sur "Demonstrating My Slime", où la encore le hardcore 'n' roll de nos Picards fait des ravages avant de se stopper. Votre temps de réaction ne sera pas supérieur à deux secondes entre le moment où le skeud s'arrêtera et celui où votre doigt pressera le bouton "play".

Ceux qui s'obstineront à comparer Anorak à Botch n'auront pas tort mais n'auront pas compris à quel point le groupe s'est développé une personnalité propre. Alors quand ta maman t'aura donner ton argent de pochen, ne file pas à la boulangerie acheter des bonbons, achète plutôt cet album que tu pourras savourer bien plus longtemps.


Kévin
Septembre 2011




"My Own Haze"
Note : 13/20

Personnellement, les étiquettes à rallonge j’ai décidé d’arrêter, ça nuit à la santé mentale, donc, Anorak est un groupe de "Crossover HxC". Simplement parce que c’est l’impression qui s’impose à l’écoute de "My Own Haze", impression d’emblée guidée par leur influence principale et revendiquée : Botch, celèbre combo HxC de Seattle, et grande influence pour de nombreuses formations hardcore new school. A rajouter à une bonne recette chant / guitare des recherches plus noise sur de très bons titres comme "Human Sponge Story". L’écoute de l’album "My Own Haze" n’est cependant pas facile, les titres étant très décousus, très déstructurés, alternant chant clair, chant grondé, rythme de guitare très rapide et break brutaux ("Legs Feel Heavy"), non effectivement, Anorak n’a pas choisi la simplicité, cela en intéressera certains mais risque d’en fatiguer beaucoup autant par un certain manque d’abouti sur certains titres mais aussi du coup par le manque de linéarité du CD, qui est souvent un atout mais là se révèle plus comme une faiblesse.


Lenore
Juillet 2009




"Faces Of Cruel Kids Rotten Walls"
Note : 17/20

Deuxième démo pour les picards d'Anorak qui débordent d'énergie sur ce 6 titres surprenant. Déjà son artwork est assez étonnant, pour ne pas dire laid, et détonne dès que l'on a le CD entre les mains, mais a le mérite au moins de directement nous interpeler et comme l'habit ne fait pas le moine, on est vite conquis par la folie destructrice du quatuor la galette enclenchée dans nos petits esgourdes. Les Amiénois oscillent vers un noisecore assez déjanté, mais point démonstratif techniquement, priviligiant un côté massif et hypnotique, la torture démarrant avec l'ultra court "On/Off", hymne à la désolation, nous écrasant de sa lourdeur longoureuse. "Cruel Love" s'enchaîne et la moiteur ambiante montante commence à sérieusement nous oppresser, les quelques incursions mélodiques nous permettant de reprendre notre souffle, mais Anorak nous replonge avec délice dans l'apocalypse de ses riffs dissonnants. "Rotten Way" suit et le groupe nous attaque à la gorge avec ses blasts efrennés et une rythmique ternaire renforçant un côté plus post HxC et la présence sur son pont aérée d'une partie de saxo déjanté déjoue tous les pronostics et évite le piège du morceau metalcore "presque" classique. "Face No More" nous montre un côté plus "festif" et sautillant, aux relants plus punk rock pour la majeur partie du morceau, si ce n'est le petit écart du milieu du titre, me faisant penser de par ses sonorités et l'agencement de ses structures à un Nomeansno élevé au death metal. Les Picards nous achévent impitoyablement avec "Scan The Wall" et "Kids Of God", mettant en avant des atmosphéres déchirées au Neurosis et torturées au HxC de Snap Case ou Botch, syncopant habilement riffs tortueux à la saturation malsaine et rythmiques épileptiques. Anorak, la très bonne surprise de cette fin d'année.


Lole
Décembre 2007


Conclusion
L'interview : Nicolas

Le site officiel : www.myspace.com/anoraknroll