Le groupe
Biographie :

An Ocean Of Void est un groupe bordelais formé en 2010 et actuellement composé de : Floran Guillou (chant), Julien Lesseur (guitare), Benoît Lamote (guitare / clavier), Jean-Luc Marro (basse) et Pierre Delmas (batterie). En 2012, An Ocean Of Void présente sa première démo. En Décembre 2015, An Ocean Of Void sort son premier album, "The Great Escape, chez Inverse Records. Le quintette propose un metal atmosphérique aussi bien influencé par la scène prog que post-rock.

Discographie :

2012 : "Demo 2012" (Démo)
2015 : "The Great Escape"


Les chroniques


"The Great Escape"
Note : 16/20

Envie d'une grande évasion ? Alors installez-vous confortablement, montez le son et laissez-vous emporter par le premier albums de Ocean Of Void, le bien nommé "The Great Escape.

Tout commence par un plongeon dans les profondeurs ("Diving In The Deepest Sea"). Cette ouverture à la Pink Floyd nous immerge rapidement dans l'univers aquatique de l'album et fait office d'une belle préparation au voyage. S'ensuivront "Enigma", "Silent Storm", "Resonance" et "Behind The Red Clouds" ; quatre longs morceaux progressifs qui dépassent tous les 7 minutes, dans lesquels les influences prog initiales vont savamment se mêler à des sonorités plus modernes allant du doom au post-core. Après ces quatre longs morceaux, le groupe nous offre une pause instrumentale avec "An Ocean Of Void Part. I" qui renoue avec l'univers aquatique annoncé dans l'intro pour finir sur un solo très inspiré... qui s’interrompt de façon un peu maladroite (une fois n'est pas coutume) en laissant place à "A Faded Light". Ce cinquième long morceau vient apporter la dernière grosse pierre à la charpente de l'album avant l'outro, " An Ocean of Void Part. II". Une outro n'apportant, d'ailleurs, pas grand-chose de plus à ce CD qui aurait tout aussi bien pu se conclure sur le dernier long titre.

Les cinq longs morceaux qui constituent le cœur de l'album sont particulièrement intéressants car ils permettent au groupe d'y explorer de vastes univers sans jamais se montrer ennuyant. Tout cela est bien ficelé, varié et très cohérent, ce qui traduit un vrai talent de composition. On notera cependant un manque de lourdeur sur certains passages dont je ne sais s'il est lié au master ou aux arrangements. En effet, entre deux accalmies, le groupe tend à nous emmener vers des horizons plus menaçants et orageux, mais on a l'impression que la tempête ne parvient pas à son intensité maximale... Disons-le de façon moins subtile : le son manque parfois un peu de couilles. Si bien que le growl de Floran apparaît un peu faiblard, voire poussif, et finit par devenir presque dérangeant sur certains passages.

Malgré ce bémol, je me dois de saluer le travail des instrumentistes. Julien et Benoît assurent un jeu de guitare aux sonorités variées avec quelques petits soli bien sentis. Ils viennent de plus ponctuer la musique du groupe avec quelques apparitions discrètes de clavier qui apportent un vrai plus dans le développement de leur univers. A la basse, Jean-Luc profite d'un son généreux qui donne beaucoup de chaleur aux morceaux. Enfin, loin de l'habituelle foire à la double pédale à laquelle nous a habitué la scène metal de ces dernières années, Pierre nous offre un jeu de batterie tout en finesse avec une utilisation subtile de la caisse claire dont les ghost notes ressortent très bien dans le mix. Dans "Resonnance", on note d'ailleurs une juxtaposition intéressante et très réussie entre batterie acoustique et batterie programmée. Au-delà de mes observations sur le manque de lourdeur de certains passages, le son apparaît dans l'ensemble bien travaillé. Il y manque sûrement le petit plus que peut apporter une grosse production plus onéreuse.

Pour conclure, je dirais que les Bordelais nous offrent ici une très belle entée en matière. S'ils persistent dans ce sens, le groupe devrait rapidement peser dans la balance du metal hexagonal. C'est en tout cas tout ce que je leur souhaite. En attendant, je vous recommande cet album très riche et bien construit qui nous offre un plaisir renouvelé à chaque écoute.


Zemurion
Décembre 2015




"Demo 2012"
Note : 14,5/20

Jeune formation bordelaise, créée il y a environ deux ans, si je ne m'abuse, An Ocean Of Void présente depuis quelques mois sa première démo. Une démo sans nom, sans booklet, juste dans une pochette cartonnée (mais que vous pouvez obtenir à prix libre), qui mérite amplement d'être mise en avant car musicalement An Ocean Of Void apporte quelque chose de nouveau à la musique rock et metal. Cela devenant une denrée rare de nos jours... Alors malheureusement pour nous, c'est une démo et donc par conséquent pas très longue (et je dis malheureusement car pour les avoir vus en concert récemment, vous ne savez pas combien il peut être frustrant de n'avoir que deux titres et une intro sur cette démo), bien que pour deux titres et une intro ils vous tiennent dix-huit minutes.

An Ocean Of Void se présente comme un combo jouant une musique qui puise son inspiration dans les scènes metal, post-rock, ou encore rock atmosphérique et presque parfois dans le shoegaze d'où ce raccourci primaire et réducteur de post-metal pour les situer finalement quelque part. On parlera aisément pour placer quelques références : De Porcupine Tree pour le côté post rock, certainement de Katatonia (principalement les derniers, n'allons pas non plus chercher quelque chose de similaire avec "Dance Of December Souls" car vous ne le trouveriez pas) pour le doom atmosphérique, et aussi pour moi en tous les cas, de My Dying Bride sur certains passages, pour le dépressif, ainsi qu'également du rock atmo' d'Anathema pour puiser en fait directement à la source des Anglais de Pink Floyd bien évidemment.

An Ocean Of Void a donc énormément de choses pour plaire à un public totalement éclectique. D'une part on peut se rassurer car pour justement bien mettre en exergue l'infinie tristesse et l'infinie détresse que propose leur musique, il fallait avoir une production bien proportionnée et surtout au son propre et ceci, An Ocean Of Void y a certainement attaché une certaine importance et une certaine rigueur, car c'est clair et très propre du début jusqu'à la fin. Avec un artwork réalisé par Julien (le guitariste) très proche de l'imagerie de Fursy Teyssier, membre principal du groupe de shoegaze / post rock : Les Discrets (les plus curieux iront écouter et regarder les œuvres de Fursy Teyssier), c'est à dire très sombre, très noir, très négatif finalement, An Ocean Of Void annonce immédiatement que leur musique est le reflet, sans doute de la société actuelle... Un reflet qui n'est pas très positif mais dans lequel ce genre de groupe puise sa force pour écrire des morceaux d'une rare intensité et d'une rare beauté ténébreuse... Alors il est vrai que ce n'est pas un style qui plaît à tout le monde, notamment dans celui du metal, parce que beaucoup auront peut-être tendance à s'ennuyer mais en fait pour écouter ce genre de musique il faut puiser au plus profond de son âme, s'ouvrir à la musique simplement et laisser les shakras ouverts jusqu'à la fin.

Pour en revenir aux références, c'est vrai que An Ocean Of Void possède quelques côtés Porcupine Tree. Le premier véritable titre "Behind Red Clouds", un morceau de sept minutes vingt tout de même, une fois l'introduction instrumentale passée, on retrouve cette simplicité efficace et juste mélancolique qu'on peut avoir chez Porcupine Tree. C'est assez flagrant d'ailleurs si on le compare à un titre comme "Trains" sur l'album "In Absentia" des Porcupine, où l'on sent bien les similitudes d'An Ocean Of Void avec les les Anglais (bien que les Bordelais soient nettement plus lents pour accentuer le côté sombre, et là aussi les plus curieux iront écouter ce titre "Trains"). Et comme les Porcupine Tree eux-mêmes, peuvent avoir des passages à la Pink Floyd, il était indéniable que An Ocean Of Void n'en possède pas non plus les effets.

Car oui, les guitares d'An Ocean Of Void sont très Pink Floyd par moments, voire relativement souvent, une influence principale du guitariste forcément. On ressent ça sur "Behind Red Clouds", à compter des trois minutes, juste au départ du break qui annonce une accalmie suivie d'une semi accélération, pour finalement revenir sur un passage planant à 4'15 et enfin un solo sorti tout droit de la tête de Gilmour et Waters. A la différence près que nous parlions également d'Anathema, et de My Dying Bride, facette que l'on peut découvrir sur les autres titres vus en concert et pas forcément sur les deux présents sur cette démo... Trop courte on l'a dit. Mais s'il n'est pas possible de comparer avec ces maîtres du doom anglais (maintenant rock atmo' pour Anathema) on ressent malgré tout sur ce premier titre la douleur et la légèreté dépressive que les Suédois de Katatonia nous offrent depuis quelques années. C'est cette facette que An Ocean Of Void arrive à bien saisir et à retranscrire.

Le deuxième morceau "A Faded Light", quant à lui, est déjà un peu plus agressif, le riff d'entame du titre d'ailleurs ressemblant étrangement en plus lent et post-rock à un "I'm Broken" de Pantera l'espace de quelques secondes, pour finalement finir sa chute aux enfers, vers quelque chose de plus tortueux... Et ceci An Ocean Of Void a amplement le temps de le travailler, sachant que le titre dure un peu plus de huit minutes. On retrouve donc immédiatement ces ambiances noires, atmosphériques dont on parlait plus haut, qui nous transportent, dans un environnement abyssal, à demi en transe grâce à un vocaliste hurleur relativement puissant qui marie facilement ses "gueulantes" écorchées aux timbres multiples, aux rythmiques hypnotiques des guitares.

An Ocean Of Void, c'est un peu comme Nokturnal Mortum (l'expérience et le recul en moins) avec leur immersion Pink Floydienne totale dans leur black metal folk (et là aussi les curieux devraient aller y faire un tour), un peu comme les Japonais de Presence Of Soul pour leur shoegaze post-rock des plus mélancoliques (encore pour les curieux la chanson "Lost" sur l'album "Blinds", divine), un peu comme Alcest et son shoegaze black (toujours pour les mêmes allez tester les trois albums), ils font avancer la musique en créant quelque chose de magique. J'ai réellement apprécié le style d'An Ocean Of Void, ils s'approprient l'attention de l'auditeur avec délicatesse et l'entourent de notes suaves mais tristes, d'où une chronique si longue pour seulement deux titres... Et une note qui subséquemment peut paraître élevée pour une première production... Soit An Ocean Of Void possède un bon potentiel, espérons que celui-ci soit à la hauteur de la prochaine production si celle-ci est également beaucoup plus longue, et que nous ayons plus d'informations sur où cela a été réalisé par qui comment, qui sont les membres du groupe... Enfin en tous les cas bien que cette démo n'ait pas la prétention d'être de l'or en barre, on peut déjà parler de petite pépite noire...


Arch Gros Barbare
Février 2013


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/anoceanofvoid