Le groupe
Biographie :

Animals As Leaders est un groupe de metal progressif instrumental américain originaire de Washington. Le groupe fut créé en 2007 par le guitariste Tosin Abasi, il inclut maintenant le guitariste Javier Reyes et le batteur Matt Garstka. Leur premier album, éponyme, est sorti en 2009 chez le label Prosthetic Records. Le deuxième album, intitulé "Weightless", est sorti en Novembre 2011. Le troisième album, "The Joy Of Motion", est sorti le 25 Mars 2014 chez Sumerian Records. Le quatrième album, "The Madness Of Many", est sorti le 11 Novembre 2016. Le cinquième album, "Parrhesia", sort le 25 Mars 2022.

Discographie :

2009 : "Animals As Leaders"
2011 : "Weightless"
2014 : "The Joy Of Motion"
2016 : "The Madness Of Many"
2022 : "Parrhesia"


Les chroniques


"Parrhesia"
Note : 16/20

Six ans après "The Madness Of Many", Animals As Leaders est enfin de retour avec un nouvel album nommé "Parrhesia" et on s'attend à se prendre comme d'habitude des plans complètement fous techniquement, des ambiances planantes et aériennes et un groove à déboîter des nuques par paquet de douze. Et ça tombe bien parce que c'est bien ce que propose ce nouvel album avec cette fois une durée plus compacte de trente-sept minutes.

Pour les quelques ermites qui auraient dormi dans une grotte, la musique du groupe est entièrement instrumentale et si la technique est maîtresse en ces lieux de folie musicale, Animals As Leaders ne se contente pas d'en mettre plein la vue et trouve toujours le moyen de nous balancer de très belles mélodies aériennes. Autre constante, la production monstrueuse qui donne à "Parrhesia" comme à ses prédécesseurs un son énorme, surpuissant et parfaitement clair. "Confict Cartography" nous confirme que le groupe n'a pas perdu sa patte et on retrouve instantanément nos marques dans cette sorte de djent progressivo-technico mélodique qui rappellera à certains les ambiances planantes de Cynic dans ses moments les plus aériens. Les gros riffs sont bien là et ce premier morceau nous en balance d'ailleurs une bonne dose avec comme d'habitude des plans bien alambiqués qui vont en pousser plus d'un à s'arracher les cheveux. On sait à quoi s'attendre avec ce groupe et on ne tombe jamais des nues à l'écoute d'un nouvel album tant il reste fidèle à son credo, mais malgré ça il arrive à nous cueillir à chaque fois par son talent d'écriture et son art de la mélodie et du groove qui déboîte. Chaque album a sa petite particularité et sans jamais bouleverser la donne on a toujours unn petit élément qui permet de ne pas avoir l'impression d'entendre deux fois la même chose. Cette fois c'est une orientation plus franchement moderne et puissante avec un peu moins de passages jazzy. On entend pas mal de riffs puissants et si certains morceaux sont toujours très groovy voire même presque dansants comme "Gestaltzerfall", l'ensemble est assez costaud et on se prend pas mal de gros riffs dans les dents.

Pas plus méchant mais en tout cas un peu plus direct, d'où probablement cette durée plus courte que d'habitude. Et ce qui impressionnera toujours c'est justement cette faculté de proposer une musique ultra technique, complètement folle mais suffisamment mélodique et accrocheuse pour être relativement accessible. "Thoughts And Prayers" en est d'ailleurs un bon exemple avec cette ambiance mélancolique et planante, ces superbes soli tout en retenue qui, subitement, laissent place à des riffs bien plus durs et des plans d'une technicité à rendre malade une fois de plus. Et bien évidemment toujours ce groove imparable derrière tout ça qui fait que malgré le déluge de notes et les structures syncopées, le pied cherchera toujours à taper le rythme, ce qui n'est pas toujours évident avec ces malades donc faites gaffe, c'est un coup à se luxer les chevilles ! On a même quelques petits blasts sur "Micro Aggressions" qui est plutôt frénétique dans le genre et sur lequel la double grosse caisse se fait plaisir, un morceau qui porte donc bien son nom. Globalement, "Parrhesia" va droit au but et ne prend que rarement le temps de relâcher la pression et si on entend toujours plus d'une fois ces fameuses mélodies aériennes, le groupe se fait tout de même plus direct. "Gordian Naught" qui termine l'album et suit "Micro Agressions" n'en profite d'ailleurs pas pour calmer le jeu et terminer l'album en douceur, bien au contraire. On se prend là encore un morceau assez frénétique et très technique qui en met partout et balance des plans tordus dans tous les sens et une nouvelle petite série de blasts en toute fin.

Animals As Leaders revient donc avec un nouvel album plus court, plus direct mais toujours globalement dans la même lignée. Le groupe ne change pas son fusil d'épaule mais nous propose une direction suffisamment différente de celle empruntée par ces prédécents albums pour que la formule fonctionne une nouvelle fois.


Murderworks
Mai 2022




"The Madness Of Many"
Note : 16/20

Un peu plus de deux ans après "The Joy Of Motion", les fous furieux d' Animals As Leaders sont de retour avec "The Madness Of Many". Une fois de plus, les amateurs peuvent se rassurer, le groupe ne devrait pas les dépayser avec ce nouvel album.

Le groupe continue son chemin tranquillement en apportant systématiquement quelques subtilités supplémentaires à sa musique. évitant ainsi de la dénaturer en y apposant un changement brusque. Sur "The Joy Of Motion", c'était le côté musique latine qui s'était infiltré sur quelques morceaux et qui enrichissait les ambiances de la musique d'Animals As Leaders. Cette fois, on sent quelques sonorités orientales et ce dès le morceau d'ouverture, "Arithmophobia", qui en dehors de ça reste toujours aussi fou, technique et mélodique que ce que le groupe nous a livré jusqu'à maintenant. Les sonorités latino font d'ailleurs leur retour dès le break de ce même morceau, ce qui confirme ce que je disais sur le fait d'implémenter plus d'éléments tranquillement à chaque nouvel album tout en gardant ce qui a construit les précédents. "Ectogenesis" est assez surprenant avec ses rythmiques typiques de l'electro mais jouées ici en électriques forcément, rafraîchissant et impressionnant techniquement une fois de plus. On y trouve aussi de sacrés coups de double de la part de Matt Garstka qui se fait bien plaisir sur ce morceau et qui nous donne l'occasion d'entendre clairement le son énorme dont bénéficie l'album en général et la grosse caisse en particulier. Sur certains morceaux, on entend même des passages pouvant faire penser à certains guitar heroes, Steve Vai en particulier. Mais globalement on a bien la même base djent / progressive / mélodico-planant / jazzy avec paradoxalement un côté metal et dur assez prononcé notamment via des riffs assez assassins, surtout couplés avec un son aussi gros.

La grande force du groupe, c'est de proposer une fois de plus une musique extrêmement technique mais aussi très mélodique et relativement accrocheuse. L'impression d'être en train d'écouter une bande de potes qui jamment en studio n'est jamais présente, on sent que malgré la grande complexité des morceaux ceux-ci sont travaillés et construit de façon cohérente. Comme je l'avais dit pour "The Joy Of Motion", il faut quand même être habitué aux musiques techniques ou en avoir le goût pour réellement apprécier un album d'Animals As Leaders, mais pour ceux qui bloqueraient au premier abord, sachez que le groupe laisse tout de même une très grande part à la mélodie et que la première impression se révèlera souvent trompeuse. Bon, après, si vous êtes allergiques au metal instrumental, ça va être déjà plus compliqué d'adhérer. Pour ceux qui aiment depuis le premier album, par contre, il n'y a aucune raison de ne pas écouter "The Madness Of Many", le groupe continue à y appliquer la méthode de l'évolution dans la continuité et la qualité est toujours largement au rendez-vous. C'est l'avantage de pratiquer une musique aussi riche et aussi variée, il y a de la marge avant de n'avoir plus rien à dire. Animals As Leaders prouve que sa réputation d'excellent groupe est amplement mérité et que le relatif buzz provoqué à l'époque par la sortie du premier album n'était pas un pétard mouillé.

Pour faire simple, je vais conclure presque de la même façon que pour "The Joy Of Motion" en disant que si vous avez toujours aimé la musique du groupe, vous allez vous régaler et que si celle-ci vous donne des boutons, ce n'est pas avec "The Madness Of Many" que cela changera.


Murderworks
Mars 2017




"The Joy Of Motion"
Note : 16/20

Trois ans déjà qu'est sorti "Weightless", précédent effort d'Animals As Leaders et prédécesseur de "The Joy Of Motion" qui va nous occuper aujourd'hui. Pour ceux qui seraient passés à côté jusqu'à maintenant, Animals As Leaders est un groupe instrumental, très porté sur la technique et les saccades et qu'on rapproche du mouvement djent qui explose ces dernières années.

Avec un nom pareil, ce nouvel album ne pouvait pas être le fruit d'une stagnation, et effectivement le groupe a encore étoffé son panel de sonorités. D'entré de jeu, le son est énorme, la pré-prod ayant été chapeautée par Misha Mansoor (qui a aussi coécrit plusieurs titres), on sait où on met les pieds au moins. Pour le reste, on retrouve la patte Animals As Leaders, mélange de démonstration technique fulgurante où le trio part dans soli de malade entourés de structures pour le moins tordues, d'ambiances plus éthérées et mélodiques, le tout surmonté par des passages très jazzy. C'est encore plus vrai cette fois, les sonorités jazz et latines se font plus de place sur ce nouvel album, il suffit pour s'en convaincre d'écouter "Another Year" ou encore "Para Mexer". Bonne idée d'avoir agrémenté la musique habituelle du groupe avec ces quelques sonorités supplémentaires, ça donne l'occasion à l'auditeur néophyte de pouvoir au moins accrocher à quelques passages. Parce qu'il faut bien l'avouer, même si Animals As Leaders aime les mélodies et les ambiances planantes sa musique n'en reste pas moins complexe. Bien sûr le format des morceaux (toujours dans les 4-5 minutes) permet d'éviter de tomber dans la démonstration stérile ou la jam improvisée, mais les amateurs de musique directe n'accrocheront toujours pas.

En tout cas et malgré le côté très technique de la chose, il est indéniable que ce trio a su garder le sens du groove et ils ont profité de côté groovy pour nous mettre une bonne basse qui claque bien. Le côté très jazzy cette fois bien plus présent y est pour beaucoup d'ailleurs, ça permet au groupe de placer quelques moments de respiration au milieu de toute cette débauche de plans techniquement bien corsés. En tout cas, on peut dire qu'ils ont un talent de compositeurs hors norme, parce que réussir à accrocher avec de l'instrumental ce n'est pas évident mais réussir à le faire avec des morceaux aussi exigeants tient du tour de force ! Ce n'est pas à la portée de n'importe qui de trouver le parfait équilibre entre démonstration et mélodies accrocheuses, Animals As Leaders y arrive une fois de plus sur "The Joy Of Motion" qui porte décidément bien son nom ! En tout cas, au-delà de cet aspect peut-être plus facile d'approche, les amateurs du groupe ne risquent pas de tomber des nues, Animals As Leaders continue à faire ce qu'ils sait faire et ce qu'il est le seul à faire d'ailleurs.

Voilà donc un album qui marque un changement dans la continuité comme on dit, pas de grosse révolution à l'horizon mais un supplément de sonorités qui viennent épicer le tout et qui évitent de tomber dans la redite. Ceux qui aiment aimeront toujours, ceux qui n'aiment pas n'aimeront pas plus cette fois.


Murderworks
Juillet 2014




"Weightless"
Note : 17/20

Si vous ne passez pas votre vie dans un grotte, vous devez sûrement avoir au moins entendu parler d’un projet du nom d’Animals As Leaders. Projet qui a sorti un premier album éponyme en 2009 et qui avait fait son petit effet, dû en grande partie au talent de son géniteur : Tosin Abasi. Si son nom ne vous dit rien et que vous êtes passés à côté de sa musique, je vais essayer de vous le présenter. En préambule, sachez qu’Animals As Leaders donne dans l’instrumental, donc si l’absence de chant vous gêne c’est mal barré !

Mais ne décampez pas tout de suite, il y a encore un espoir que ça vous plaise. Je parlais du talent de Tosin Abasi, et celui-ci se sent aussi bien dans une composition incroyablement complexe que dans une technique guitaristique tout simplement irréprochable. Tous les morceaux sont truffés de notes, de changements de rythmes, de passages que seuls des extraterrestres peuvent jouer, et en même temps le tout accroche en un rien de temps. C’est hyper technique et très mélodique à la fois, et il suffit de jeter une oreille sur une bonne paire de groupes techniques qui pullullent de nos jours pour comprendre à quel point c’est difficile d’atteindre ce résultat.

On navigue dans une sorte de musique progressive, instrumentale donc comme je le disais plus haut, et résolument moderne, bref on est très proche de ce qu’on appelle aujourd’hui le djent. On note toute une multitude de bidouillages éléctro et autres polyrythmies assez courantes depuis quelques temps. Mais Animals As Leaders n’est pas là pour amuser la gallerie et faire un numéro de singes savants, le groupe propose de la vraie musique, aussi technique et complexe soit-elle. C’est paradoxalement assez facile d’accès, alors qu’il suffit de jeter un œil aux partitions pour tomber sur le cul ! Le secret réside dans cette faculté à sortir des mélodies magnifiques et à balancer des passages superbement aériens.

Et comme les morceaux ne dépassent jamais les 5 minutes on n’a pas trop le temps de s’ennuyer, il se passe toujours quelque chose sur ce "Weightless". Ce qui pourrait à la limite emmerder les personnes qui ne sont pas familiarisées avec le prog, ce sont tous ces passages très techniques justement. Certains ne manqueront pas de taxer ça de branlette stérile ou de démonstration, mais ce serait injuste de limiter la musique d’Animals As Leaders à cette seule dimension. L’album s’appelle "Weightless", et quand il décide de balancer ses passages les plus mélodiques et ses plus belles ambiances, il vous soulève effectivement comme une simple plume.

On passe de passages techniques, tordus rythmiquement et truffés de notes à d’autres qui vont tout simplement vous faire voyager. J’ai vu pas mal de comparaisons entre ce groupe et Cynic, et si vous avez jeté une oreille sur ce que Cynic fait aujourd’hui vous comprendrez mieux la notion de "voyage musical" dont je parle à propos des passages les plus mélodiques de ce "Weightless". Cet album a un côté presque apaisant, le genre de trucs que je vais m’écouter quand je veux me calmer et oublier tout ce qui m’entoure. C’est peut être paradoxal mais toujours est-il que malgré sa complexité structurelle et certains passages clairement plus "heavy" que le reste, cet album fait partie de ceux qui me permettent de souffler un peu.

Je sais que beaucoup de monde classe tout ce qui se rapproche du djent dans le même sac, en étant persuadé que tout ça n’est qu’un effet de mode qui va bien vite disparaître. Comme dans tous les styles il y a sûrement quelques opportunistes qui vont essayer de faire leur trou, mais je doute fortement qu’Animals As Leaders soient de ceux là. Il y a un vrai talent ici, un vrai sens de la mélodie et je pense que le talent de Tosin Abasi peut encore nous apporter de la très bonne musique pendant un petit moment. En attendant d’en avoir la confirmation, profitons déjà de ce très bon deuxième album.


Murderworks
Janvier 2012


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/animalsasleaders