Après "The Splendid Iniquity" fortement marqué par le death old school suédois et "The Divine Apostate" qui lorgnait vers des ambiances plus noires et sinistres, les Américains d'Angerot reviennent avec "The Profound Recreant". Un troisième album qui continue à creuser dans cette voie à cheval entre les grands noms du death metal suédois et une approche plus noire et un peu plus black metal dans les ambiances.

Sachant que les gaillards ont créé leur propre pédale d'effets inspirée de la fameuse Boss HM-2 et qu'ils l'ont nommée "Chainsaw", vous ne serez pas surpris d'apprendre que le son des guitares et de la basse bourdonne comme il faut ! Une petite introduction aux allures de choeurs religieux et "They Shall Take Up Serpents" embraie avec ce bon vieux death metal bien gras et mid-tempo qui va déplacer quelques vertèbres et prend d'emblée des airs de Bolt Thrower mélangé à la fameuse scène old school suédoise. On a donc une bonne alternance up et mid-tempo avec déjà une ambiance noire et poisseuse amplifiée par les chant, ou plutôt les chants puisqu'on passe de growls profonds à des parties plus arrachées. "Grand Feast Ov The Flesh" enchaîne avec là encore quelques choeurs en début de morceau et rien moins qu'Andy LaRocque en guest ! Là encore le morceau alterne intelligemment le mid-tempo, quelques accélérations brutales et une ambiance sinistre et malsaine. On a d'ailleurs plusieurs morceaux qui flirtent avec les six minutes donc Angerot travaille ses ambiances et ne se contente pas de foncer dans le tas comme un sauvage. Pourtant, le groupe sait y faire en matière de brutalité et quand il décide de passer la seconde et de se faire plus frontal ça fait mal. Puisqu'on parlait de guests, "Bastard Creature" fait fort aussi puisqu'il nous fait entendre Sammy Duet de Goatwhore, Jack Owen actuel Six Feet Under et évidemment guitariste historique de Cannibal Corpse jusqu'à "The Wretched Spawn". Comme si ça ne suffisait pas, David Gutierrez Rojas de Haliphron et Bleeding Gods vient poser quelques parties de claviers sur un morceau décidément très sombre.

Des claviers toujours au début du morceau-titre qui prend des allures de bande-son de film d'horreur avec ce démarrage très baroque avant de verser évidemment dans le death metal rampant et bien gras avec là encore une ambiance malsaine et sinistre. C'est là qu'Angerot se démarque de tous les groupes s'inspirant des grands du death old school suédois, lui ne se limite pas à ça et amène d'autres sonorités plus noires pour enrichir sa musique et ses ambiances. "Horns Ov Moses" repart sur quelque chose de plus frontal et ouvertement brutal avec là encore un guest au chant, à savoir Simon Olsen de Baest. Et pour terminer avec les invités, on entend aussi Sebastian Bracht de Dahlian au chant sur l'intro "Das Salz" et le morceau final "Slaughter Ov Innocence", ainsi que Steve Tucker de Morbid Angel évidemment mais aussi de Malefic Throne qui a sorti un excellent EP l'année dernière. Il donne de la voix sur "In The Company Ov Wolves" qui démarre sur une ambiance très baroque là encore avec des claviers horrifiques et des mélodies froides. Une fois de plus, le groupe accélère le rythme tout en gardant des ambiances noires qui se mélangent très bien à cette approche plus brutale. Juste avant, on aura eu droit à un morceau plus froid, plus black metal parfois dans ses ambiances et assez violent avec "Behold The Blessed Black" qui prouve qu'Angerot ne se limite pas au death old school et sait comment donner de la personnalité à son death metal gras et noir. Sachant que l'album ne dure que trente-neuf minutes, vous ne risquez pas de vous ennuyer, "The Profound Recreant" est suffisamment varié et direct pour rester efficace en toutes circonstances.

Angerot revient donc avec un nouvel album tout aussi gras et brutal que ses prédécesseurs mais encore plus noir. Quelques petites sonorités plus baroques ou plus black metal se font une fois de plus une place et se mélangent à ce death brutal, noir et old school qui frappe quand même assez fort. "The Profound Recreant" est un pas de plus vers un death metal personnel qui s'inspire certes en partie de la scène old school suédoise mais qui développe des ambiances de plus en plus puissantes et sort donc du strict cadre du death old school.

Amateurs de death metal, tenez-vous prêts ! Angerot nous offre "The Divine Apostate", son deuxième album. Créé aux Etats-Unis en 2017, le groupe se forme autour de Bill Zaugg (basse, ex-Suffer), Jason Ellsworth (guitare, Suffer, Tennessee Murder Club, ex-Fall, ex-Hank Williams III), Chad Petit (guitare / chant, Suffer, Tennessee Murder Club, ex-Fantome, ex-The Blinding Light) et Josh Ferrie (batterie, Nodes Of Ranvier, Suffer, Tennessee Murder Club, ex-Fall, ex-The Blinding Light) et joue un death metal bourrin qui accouche d’un premier album en 2018. Et c’est cette même année que Josh Ferrie cède sa place à Matt Johnson (batterie, ex-Byleth). Les quatre gaillards travaillent alors sur "The Divine Apostate", et quelques invités sont au programme…

Ne vous laissez pas tromper par l’introduction mystique de "Below The Deep And Dreamless Sleep", car vous allez être surpris par la puissance de frappe du groupe ! Les riffs sont lourds, le chant imposant, et on retrouve autant d’éléments old school que brutal death. On passe de hurlements caverneux à un scream vicieux et perçant alors que le groupe entier distribue des mandales par poignées. Deuxième titre, "O Son Of The Morning, O Son Of The Dawn" est tout aussi puissant, et le solo déchirant est signé Terrence Hobbs (Suffocation, Criminal Elements). Côté rythmique, ça va vite, très vite, et surtout ça envoie du bois. La double pédale ne s’arrête que pour laisser place à un blast furieux, et la machine avance sans difficulté. On reste dans quelque chose de sombre et lourd pour "Vestiments Of Cancer", un titre plus lent au niveau de l’introduction, mais dont les influences old school n’auront aucune peine à se faire sentir. Quelques harmoniques en son clair lors de certains passages ainsi qu’une guitare lead inspirée, et on saute à "Coalesced With Wickedness". Le groupe s’enfonce encore plus dans les ténèbres grâce au chant de Snowy Shaw (Mad Architect, Notre Dame, ex-King Diamond, ex-Mercyful Fate, ex-Dimmu Borgir…) mais reste dans un style très violent et n’hésite pas à faire rimer blast avec rythmique grasse.

"Each Night As You Sleep, I Destroy" est également dans cette veine de son inquiétant, avec une composition instrumentale au son principalement clair qui introduit parfaitement "Counsel Of The Ungodly". On sent que la capacité du groupe à composer des riffs à la fois malsains et lourds est pleinement exploitée, et surtout que ça sonne terriblement bien ! Les leads sont signés Ben Ash (ex-Carcass, ex-Pig Irön, Satyricon en live), et ce son perçant sied parfaitement à l’ambiance du morceau. "Father, Mentor" prend la suite, et c’est à nouveau ce mélange de composition old school incrustée de passages plus axés death technique qui fait mouche. Le groupe sait jouer, c’est indéniable. Dernier morceau, "Thy Kingdom Burned" reste dans cette veine à mi-chemin entre old school et brutal pour nous asséner une dernière mandale en pleine face. Un excellent final, qui exploite pleinement les capacités du groupe !

A peine trois ans, à peine deux albums, et Angerot a déjà tout d’un groupe confirmé. "The Divine Apostate" mêle avec ingéniosité un death metal massif, des ambiances sombres et des sonorités grasses, le tout surmonté d’un chant surpuissant. Pour moi c’est validé, et je veux ma claque live !