"Bardo Thodol"
Note : 18/20
…And Oceans a guéri. Deux ans après leur dernière production, Timo “T” Kontio (guitare, Festerday, Magenta Harvest), Teemu Saari (guitare, Festerday), Kauko Kuusisalo (batterie, Aegrus, Gloria Morti, Gorephilia), Antti Simonen (claviers, Morian, ex-Alghazanth), Mathias Lillmåns (chant, Dispyt, Festerday, Finntroll…) et Pyry Hanski (basse, Before The Dawn, Gloria Morti, ex-Aeonian Sorrow…) sont déjà de retour avec leur nouvel album, "The Regeneration Itinerary".
Après quelques sonorités inquiétantes, "Inertiae" nous met face à un véritable mur de son majestueux qui nous captive en un rien de temps, mais les tonalités synthétiques viendront reprendre leur place, puis devenir plus énergiques. Elles finiront par se mêler aux riffs imposants pour créer un son assez étrange mais fascinant avant de laisser place à "Förnyelse I Tre Akter" où l’agressivité se combine à merveille avec la beauté des leads et des claviers. Les parties vocales sont toujours aussi féroces et donnent à la rythmique sa touche brute, devenant même plus intense lors des refrains avant d’adopter une froideur sauvage sur "Chromium Lungs, Bronze Optics", composition où les éléments électroniques semblent toujours présents en arrière-plan. Mathias se montre même plus plaintif sur certains passages, mais il est aussi parfois accompagné de choeurs aériens avant de redevenir beaucoup plus virulent sur "The Form And The Formless" où la fureur rencontre d’abord une rythmique épaisse, mais qui n’hésite pas à devenir plus douce avant de repartir de plus belle. Un court instant de répit nous est accordé, puis "Prophetical Mercury Implement" vient prendre sa place et nous piétine sans ménagement avant de proposer des sonorités plus légères et entêtantes, mais aussi des moments d’oppression enivrante. Malgré sa longueur, le morceau est parfaitement rythmé et nous conduit après un passage bruitiste à "The Fire In Which We Burn" qui est à la fois plus courte et plus vive, profitant d’harmoniques perçantes pour compléter une base déjà bien agressive.
La batterie nous accueille sur "The Ways Of Sulphur", suivie par le reste du groupe bien décidé à nous offrir une expérience assez différente, créant un son assez sombre et angoissantes doublée de patterns saccadés, puis "I Am Coin, I Am Two" prend la suite en restant dans une angoisse assez similaire. On notera toutefois une certaine lenteur pour accompagner la voix claire des premiers instants, puis les hurlements reviennent accompagnés de riffs ravageurs et de claviers grandioses avant que "Towards The Absence Of Light" ne vienne donner une touche épique au son. Si les orchestrations sont parfaites pour nous émerveiller, les moments les plus brusques vont colorer différemment le son avant de nous conduire à "The Terminal Filter" où l’on retrouve sans attendre des riffs les plus rapides et même quelques influences old school accrocheuses que ce soit dans les patterns énergiques ou les leads tranchants.
La version digibox limitée contient deux titres supplémentaires, la presque dansante "Copper Blood, Titanium Scars" qui sait parfaitement inclure des éléments plus joyeux à sa propre noirceur qu’elle rend parfois plus mélancolique, mais également "The Discord Static" où les touches Industrial sont bien plus présentes, rendant le morceau totalement différent du reste de l’album, mais renouant avec certaines anciennes influences du groupe.
…And Oceans est plus motivé que jamais, et "The Regeneration Itinerary" nous montre également que la formation sait parfaitement tirer le meilleur de ses racines pour en faire un concentré de noirceur, de rage, mais aussi de tonalités accrocheuses.
"Bardo Thodol"
Note : 19/20
Il est temps pour ...And Oceans de se déchaîner à nouveau. Créé en 1995 en Finlande par
Timo “T” Kontio (guitare, Festerday, Magenta Harvest) et Teemu Saari (guitare,
Festerday) le groupe connaîtra une évolution musicale avant de changer de nom pour
Havoc Unit entre 2005 et 2013, date où le groupe s’arrête.
Mais en 2017, les deux guitaristes s’unissent à nouveau pour faire renaître ...And Oceans,
qui compte en 2023 sur Kauko Kuusisalo (batterie, Aegrus, Gloria Morti, Gorephilia),
Antti Simonen (claviers, Morian, ex-Alghazanth), Mathias Lillmåns (chant, Dispyt,
Festerday, Finntroll…) et Pyry Hanski (basse, Before The Dawn, Gloria Morti,
ex-Aeonian Sorrow…) pour la sortie d’"As In Gardens, So In Tombs", son sixième album.
L’album débute avec "As In Gardens, So In Tombs", le titre éponyme, qui nous capture
rapidement dans sa tempête aussi violente que majestueuse, alliant avec facilité mélodies
imposantes, blast et hurlements viscéraux. Le titre se coupe avec le break central entêtant
avant de nous écraser à nouveau, puis "The Collector And His Construct" démarre à toute
allure en reprenant une construction similaire qui se montre également très efficace, que ce
soit dans les parties les plus brutes ou dans les accompagnements travaillés. Les vagues de
son nous conduisent à "Within Fire And Crystal" où l’ambiance se montre légèrement plus
martiale avant que les claviers et hurlements n’apportent une touche lancinante et
mélancolique, qui sera magnifiée par "Carried On Lead Wings", une composition aux racines
old school très marquées. Le contraste intense entre les différents éléments rythme le
morceau qui nous laisse naviguer sur ses riffs rapides avant que la mystérieuse "Likt Törnen
Genom Kött" ne prenne la suite en nous lacérant avec des leads perçants.
La rythmique
solide n’est pas en reste, puisqu’elle apporte une base brute aux parties vocales ainsi
qu’aux orchestrations sombres et inquiétantes, tout comme sur "Cloud Heads" qui ne mettra
pas longtemps à nous étouffer avec des riffs agressifs. Les break surprenant viendra faire
ralentir la tornade avant de lui laisser toute sa liberté pour nous mener à "Wine Into Water", un
titre à l’ambiance beaucoup plus calme que les autres, qui use de sonorités lentes et lourdes
avant de renouer avec la rapidité, qui sera également une des caractéristiques d’"Inverse
Magnification Matrix", le morceau suivant. Le break théâtral donne au groupe une puissance
supplémentaire lorsque la rythmique revient à la vie pour nous frapper en compagnie des
claviers envoûtants, puis "The Earth Canvas" dévoile des tonalités plus sombres et pesantes
qui collent parfaitement à l’atmosphère mélancolique et maussade. "Ambivalent God", le plus
long titre, renoue avec des leads tranchants old school contrastés par des claviers aériens
et majestueux qui permettent à la rythmique de freiner ou d’accélérer à sa guise en
compagnie de parties vocales surpuissantes. Le son s’éteint progressivement avant d’être
ramené à la vie par la courte "Samlarens Valv" et ses riffs accrocheurs, qui se retrouvent
parfois accompagnés de claviers occultes, puis par "Third Eye Catalyst", le dernier morceau,
qui vient refermer ce sixième chapitre de l’histoire du groupe avec un mélange aussi agressif
que fascinant.
Tous les groupes ne réussissent pas un retour aussi maîtrisé qu’...And Oceans. "As In Gardens, So In Tombs" s’inscrit parfaitement dans la lignée de leur excellent album
précédent, qui mélange habilement black metal dévastateur avec des orchestrations
grandioses.
"Cosmic World Mother"
Note : 19/20
Revenus des profondeurs, ...And Oceans nous offre "Cosmic World Mother", son nouvel
album. Créé en 1995 en Finlande par les guitaristes Teemu Saari (Festerday, ex-O) et
Timo Kontio (Festerday, Magenta Harvest, ex-O), le groupe s’axe vers un son black
symphonique, puis introduit des éléments étranges, novateurs, recrute Syphon (guitare,
True Black Dawn), change de nom pour Havoc Unit entre 2005 et 2013, puis cesse
totalement son activité. C’est en 2017 que le groupe revient, avec son duo de fondateurs,
Syphon qui passe à la basse, et de nouveaux venus comme Kauko Kuusisalo (batterie,
Aegrus, Gloria Morti, Gorephilia), Antti Simonen (clavier, Morian, ex-Alghazanth,
ex-Obscurant) ou encore Mathias Lillmåns (chant, Finntroll, Chthonian, Dispyt,
Magenta Harvest, Festerday). Et cet album promet…
Entre black metal sombre, accents symphoniques l’album est réellement impressionnant.
Dès "The Dissolution Of Mind And Matter", on sent que le groupe a travaillé les compositions
de bout en bout. Rien n’est laissé au hasard, de la rythmique furieuse qui s’apaise pour
laisser place aux leads accompagnés de claviers aux hurlements viscéraux et parfois
accompagnés de choeurs viscéraux. Les morceaux ne sont pas spécialement longs, mais ils
permettent largement d’étaler les influences du combo, passant de leur black metal
symphonique habituel à des influences plus modernes, voire même avant-garde. Mais ce qui
est évident, c’est la mélodicité. Les riffs ont beau être tranchants et violents, ils ne négligent
jamais les harmoniques, qui laissent au vocaliste la possibilité de hurler de différentes
manières. Un véritable ouragan de ténèbres, avec des passages bruts, majestueux, à
l’image du metal finlandais.
On notera également quelques titres plus virulents que les
autres à l’image de la rapide "Five Of Swords" ou de la glaciale "Cosmic World Mother", mais
également quelques accalmies comme l’intrigante "Helminthiasis" ou "In Abhorrence Upon
Meadows", un morceau au clavier qui brise littéralement le rythme sombre en proposant une
mélodie mélancolique avant de laisser à nouveau place à la violence pure. La folie reprend
rapidement le dessus avec "Apokatasis", puis on repart dans les influences modernes et
indus de la formation pour "One Of Light, One Of Soil". L’album se termine en beauté avec des
mélodies tranchantes que seuls les Finlandais sont capables de produire avec la sublime
"The Flickering Light" au son prenant.
...And Oceans avait annoncé son retour, mais je ne le pensais pas aussi impressionnant.
"Cosmic World Mother" est un album glacial, atmosphérique, sombre, violent, mélancolique et
pour autant, il est parfait. Tout ce qu’on demande à une formation dont l’expérience et la
diversité musicale est en droit de nous faire espérer.
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