Anal Vomit. Déjà, là, on a envie de se mettre à genoux et de tendre les fesses pour dire RESPECT. Pourtant, au risque d'en décevoir certains, il ne s'agit pas là d'un énième groupe de grind prono-goro-scato-urino-vomito-boulimo-fétichiste. Anal Vomit est en fait un super groupe péruvien de metal extrême à la sauce sud-américaine. Loin des classiques du vieux continent ou des États-Unis, ces contrées nous offrent une musique bien à part... Enquête.

"Peste Negra, Muerte Negra" est le quatrième véritable album du groupe, qui a déjà dépassé ses 20 ans de carrière. N'étant pas du tout (à mon grand regret) un spécialiste de la scène latino-américaine, je dois avouer que je passe à côté de beaucoup de bonnes choses. Ainsi, Anal Vomit évolue aux côtés de légendes comme Brujeria ("marijuana… si !"), Sarcofago, Holocausto, Sextrash, Vulcano ou Possessed. Anal Vomit, c'est avant tout un groupe qui ne se prend pas au sérieux, comme son nom vous l'a sûrement fait comprendre. Entre blasphème musical et second degré satanique, on se marre bien devant tant de bestialité.

Sous cette pochette atrocement infâme se trouve un CD tout beau tout propre. Exit donc les enregistrements réalisés à l'arrache dans une cave, aboutissant à du vacarme ultra noisy bien salace. Place à du clean, du son très clair, ce qui risque de décevoir certains puristes mais personnellement, je trouve qu'on peut tout à fait "faire du sale avec du propre." En effet, avec l'arrivée de Joe Hoyle à la batterie (Desvirginizagore, Lux Ex Tenebris, Raped By Pigs) et le changement de label pour Gates Of Hell Records, le groupe a pris une nouvelle direction, qui sans perdre son second degré légendaire fait tout de même un petit peu plus sérieux. Ça ne se refuse pas.

L'arrivée de ce nouveau batteur issu du brutal death permet d'offrir une musique plus rapide, mais plus adroite, tout en permettant aux autres instruments de se faire une place tout aussi marquée. "Venganza Obscura" offre ainsi un très beau solo de gratte ou de jolis coups de basse, alors que "Brebaje De Muerte" semble plus grind, tandis que "Dios Muerto" tend vers le thrash à certains moments. Voilà en fait l'avantage d'avoir un son plus clair : on peut varier les mélodies et cela se sent ! Malgré tout, la musique reste totalement décalée, démoniaque, entre cyber-gotho-pouffe de concert EBM et découpage de chèvre enflammée durant une messe en latin. Derrière toute cette avalanche de diablotins sur-cocaïnés, on éprouve aucun mal à admirer tout le talent et toute la maitrise du groupe pour nous offrir de gros riffs, qui même en étant un peu basiques, ne sont que très rarement linéaires.

Enfin, même si je ne parle pas le moindre mot d'espagnol (à part les trucs dégueux, comme tout le monde), je dois avouer que ça rend plutôt bien pour ce style de musique. Tout comme j'adore le français pour du punk, l'italien pour du hardcore ou l'anglais pour à peu près tout le reste, cela renforce ici la singularité de ce metal extrême à sombrero, avec lequel je vais m'empresser de faire plus ample connaissance… Bref, félicitations à nos amis moustachus pour cette perle groovo-punko-satanico-disco-déglinguée qui va agréablement pimenter vos oreilles.