Deuxième album avec notre belle Capri, "Innuendo" est le septième opus studio du groupe. Cela semble presqu'être une renaissance de ce qu'était Amberian Dawn avant. Le précédent opus ne m'avait pas plu des masses et semblait maladroitement tenter d'accentuer le ton sur la nouvelle voix très différente de celle de Heidi. Pour ma part, ce changement n'a pas gêné outre mesure, car la demoiselle en a dans les cordes vocales sans aucun souci et nous le prouve sur ces deux albums. Mais ici nous avons le retour aux sources de ce qu'aiment les fans : légèreté et symphonie sont au rendez-vous sur un ton classique de déjà-vu exquis.

L'album démarre en trombe sur "Fame And Gloria", très féerique, dans un power entraînant racontant l'histoire de femmes battues qui se relèvent et se vengent sous fond de thème à pirates. C'est un morceau efficace aux refrains épiques qui tranchent avec les couplets plus calmes. On a envie de se battre ! Pour parler de leur single "Court Of Mirror Hall", c'est encore différent dans un aspect plus kitch et presque pop, rappelant (pour ma part) le fameux "Elan" de Nightwish. A croire que les groupes de symphonique ont peur de ne pas assez attirer de public avec une chanson non kitch pop. Mais ce n'est pas mauvais pour autant, loin de là ! C'est agréable à l'écoute, rythmé, et on se laisse bercer par la voix de Capri toujours au top. C'est donc un morceau plus soft mais qui n'en perd pas son intérêt ! Le fameux piano / voix de l'album, "Angélique" (il en faut bien un !), nous emporte dans son ton minimaliste et bourré d'émotion. C'est un morceau qui ressemble beaucoup à ce qu'on pourrait retrouver dans une comédie musicale de Broadway et on imagine très bien le personnage qui raconte son histoire dans le décor d'une grande scène sombre. Et on s'interroge sur le morceau "Symphony n°1, Part I". Ce qui amènera donc une deuxième partie dans un prochain opus ? J'aime bien ça ! Il est en plus très bon, orchestral et symphonique ! Je l'aurais bien vu en fin d'album, mieux que "My Time – Your Time", qui n'est pas mauvais mais ne transcende pas plus que ça non plus…

En bref, "Innuendo" est un très bon retour d'Amberian Dawn. Le rendu power symphonique qu'on leur connaît s'accorde très bien avec la voix puissante et sans faute de Capri qui sait aussi véhiculer toute l'émotion nécessaire quand il le faut. Les morceaux s'enchaînent sans monotonie ni ressemblance, tout en gardant une certaine logique dans l'opus. On retrouve là du metal power symphonique très classique mais aussi très "frais", une fraîcheur qui assure et qui plaît (surtout en live pour les avoir vus il y a quelques semaines !).

Oh mon Dieu, ces claviers… Oh, pardonnez-moi. J’interromps mes jérémiades, et nous reprenons depuis le début.

Chers lecteurs de French Metal, si vous êtes un peu attentifs, vous remarquerez qu’Amberian Dawn est parvenu à me contenter depuis "End Of Eden". Sans pour autant faire partie d’une quelconque élite, le groupe poursuit son petit bout de chemin très honnêtement depuis 2008. L’année dernière, un album de "reprises" nommé "Re-Evolution" est sorti, nous offrant l’opportunité de découvrir la chanteuse rock Capri, fière successeure d’Heidi Paviainen. Ce disque ouvrait également une porte vers un groupe davantage polymorphe, près à dépasser ses limites et à se montrer sous un nouveau jour.

Je ne sais pas si les Finlandais ont, une fois encore, voulu aller beaucoup trop vite, ou s’ils se sont juste montrés paresseux. Le résultat est là : il se nomme "Magic Forest", et, mes amis, je suis profondément déçue ! Comment sont-ils parvenus à gâcher leurs pourtant si belles opportunités ? Je n’en ai pas la moindre idée.

Pour résumer cette situation plutôt effarante, disons que les titres proposés sont tout d’abord affreusement similaires. Les lignes de chant sont d’une banalité exceptionnelle, et il est bien difficile de sélectionner un meilleur titre, vu la ligne générale calquée sur la ‘musique fast-food’ : sitôt écoutée, sitôt oubliée. Bon, d’accord, je suis mauvaise ; parmi ce théâtre d’anecdotique dans le meilleur des cas, d’horreur dans le pire ("Warning" n’est apparemment pas une plaisanterie), il y a bien un morceau qui se distingue de l’ensemble. Même deux, pour être honnête. Il s’agit de "Magic Forest" (formidable, le morceau-titre tente péniblement de sauver la mise !) et de "Green-Eyed", composition finale où Capri nous surprend et nous charme grâce à ses capacités vocales superbes et indéniables ! Au moins, il existe un élément positif à l’album, et pas des moindres !

Mais cette voix magnifique est malheureusement bien loin d’être suffisante pour parvenir à donner un goût positif à l’ensemble. J’ai déjà parlé de l’écriture indolente de la majorité des dix morceaux ; il me reste encore à mentionner la catastrophe ultime. J’ai nommé [le public retient son souffle]… les claviers, Mesdames et Messieurs ! Oui, ces claviers kitschissimes, pour ne pas dire, avec moins de démagogie, de très mauvais goût ! Et parce que si ce n’était pas le cas, ça serait moins drôle, vous devinez bien entendu que leur place dans le mix est d’une importance capitale. Bref, n’espérez même pas y échapper : vous n’entendrez qu’eux !

Non, vraiment, je ne parviens pas à comprendre comment cet album indigne s’est trouvé une place dans la discographie d’Amberian Dawn. Alors, que s’est-il passé ? L’impatience ? Une pression du label ? En tout cas, si la réponse est "le manque de budget" (sait-on jamais, n’est-ce pas ?), s’il-vous-plaît, j’exige être informée directement, pour ainsi rendre visite à ma banque afin de leur verser une somme suffisamment costaude pour nous faire oublier ce faux pas monumental. Non mais vraiment, ces claviers…

Pour débuter la nouvelle ère d’Amberian Dawn, les Finlandais ont choisi de nous proposer un album de reprises, ou réédition de leurs propres titres, appelez ceci comme vous le souhaitez. Pour rappel, en Novembre dernier, la chanteuse Heidi Parviainen a décidé de quitter le navire, après cinq ans de bons et loyaux services. De même, le guitariste Kasperi Heikkinen et le batteur Heikki Saari troquent leur place au sein du groupe. Si ceux-ci sont remplacés par des têtes connues, puisqu’il s’agit de deux anciens membres (Emil "Emppu" Pohjalainen et Joonas Pykälä-aho), la nouvelle voix d’Amberian Dawn est une découverte. Quelle idée agréable que de présenter la jeune Capri en lui donnant l’opportunité d’être écoutée sur ses propres interprétations d’anciens titres soigneusement sélectionnés.

S’il y a bien quelque chose qui m’attriste, c’est quand les groupes craignent l’évolution au point de choisir une copie conforme d’un ancien membre pour remplir la tâche laissée vacante. Dieu merci, ce n’est pas le cas avec Amberian Dawn, pas le moins du monde. Les fans étaient prévenus : Capri est avant tout une chanteuse rock, dynamique et très reconnaissable. Et comment cette voix s’adapte-t-elle à un tel groupe, connu pour son lyrisme ? Facile : c’est plus facile de dire que c’est le groupe en question qui s’adapte à elle. Ou peut-être que, plus probablement, les musiciens auront tout simplement profité d’un changement de chanteuse pour tenter de changer le cours de leur route. Le résultat en satisfera certains, pendant qu’il en décevra d’autres. Pour ma part, j’adhère !

Si certains titres renaissent, apparaissent sous un jour nouveau ("Valkyries", "Incubus"), d’autres, au contraire, restent fidèles à la version que nous connaissons déjà, et permettent donc de constater que Capri ne pâlit pas de la comparaison "obligatoire" avec Heidi Parviainen ("Circus Black", "River Of Tuoni"). Cependant, les titres de "Re-Evolution" tendent à prendre une essence nouvelle, moins douce, plus vigoureuse, plus sombre aussi. Les musiciens sont capables de mettre celle-ci en valeur non seulement grâce à leur technique louable, mais également grâce à leur feeling, celui qui leur permet de doser correctement afin de ne pas tomber dans le problème de la démonstration gratuite. Le travail sur le son joue également énormément sur cette impression d’énergie nouvelle ; ce son clair et direct idéal pour mettre en valeur les capacités, et surtout le caractère de la nouvelle chanteuse.

Les Finlandais ont choisi le terme le plus approprié pour parler de leur actualité : évolution. Car, nous nous en doutons, si l’idée d’un tel album reste sympathique et relativement intéressant (pour autant que le groupe ne se contente pas de reproduire ce qu’il avait fait quelques années auparavant), il est évident que le manque certain de nouveau matériel empêche de parler de révélation quelconque. Soit, n’en demandons peut-être pas tant cette fois-ci, et patientons jusqu’au prochain disque ; disque qui, probablement, ne tardera pas à voir le jour.

Selon le claviériste / guitariste / tête pensante Tuomas Seppälä, "Circus Black", quatrième album des Finlandais d’Amberian Dawn dont la sortie est fixée le 29 Février prochain, est, je cite, "l’album le plus impressionnant de leur carrière". En 2010, lors de la chronique de "End Of Eden", j’émettais l’idée que prendre un peu plus de temps pour la construction d’un nouveau disque pourrait permettre à Amberian Dawn d’éviter les redites et autres désagréments. Constatation : en effet, les mois ont cette fois-ci été plus longs que d’habitude. A la place de nous sortir un quatrième opus un an seulement avec son prédécesseur, on nous le sort… deux ans plus tard. D’accord, alors "prenons notre temps, mais pas de trop" ! Prolifiques, vous disais-je lors de ma dernière chronique ! Amoureux et amateurs, une fois de plus, vous n’allez pas être déçus ! Les éléments-clefs sont encore et toujours de la partie, les mélodies, la voix angélique, les soli entêtants, un tempo qui a par moment sérieusement actionné la pédale du frein –par rapport à ce que l’on a l’habitude d’entendre de la part des Finlandais– malgré sa tendance speed permanente,… Du pur Amberian Dawn. Mais un Amberian Dawn qui ne se presse pas est un Amberian Dawn plus fort, plus mature. Voilà LA force de "Circus Black". En fait, en vantant les mérites de son petit dernier, Tuomas Seppälä ne nous avait pas menti ! Cela faisait longtemps que son groupe avait trouvé un style peut-être pas original, admettons-le, mais qui, au moins, avait les mérites de lui convenir à la perfection ; l’heure est venue de prouver qu’il peut encore aller plus loin, grandir, affirmer sa personnalité. Pour s’aider dans sa tâche, le combot n’a pas hésité non plus à inviter deux personnalités dont la réputation n’est plus à faire : Timo Kotipelto (Stratovarius) au chant sur le tubesque "Cold Kiss" et Jens Johansson (du même Stratovarius, mais aussi Dio, The Yngwie J. Malmsteen's Rising Force), auteur d’un solo de clavier très réussi sur "Crimson Flower". Excusez-moi du peu ! De plus, lorsque deux musiciens de si grand talent se montrent sous leur meilleur jour, inutile de préciser que ça fait du bien aux oreilles ! Quatrième album convaincant. Comme quoi, comme disent les Chinois : "Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient de la soie".

"End Of Eden"
Note : 15,5/20

Attention, voici l’heure du grand retour de l’éternelle satisfaite, la chroniqueuse enchantée parmi toutes, celle qui trouve son compte au sein de –presque– tous les disques qu’elle a à critiquer ! Je serais ravie de vous prouver un jour que non, je ne suis pas particulièrement facile à convaincre –et non, je vous entends venir d’ici, je ne suis un "bon filon" pour personne–, mais pour cela, je vais devoir vous priez de revenir un peu plus tard. Parce que les Finlandais d’Amberian Dawn ont fourni travail trop réussi pour que je puisse trouver matière à me plaindre. Remarquez, je ne demande que ça : être satisfaite.

Revenons-en au sujet du jour. Un an seulement après la sortie de son précédent opus, "The Clouds Of Northland Thunder", et deux ans après la sortie de "River Of Tumi", le premier album, Amberian Dawn nous accorde le plaisir de voir venir "End Of Eden". Eh oui, ça c’est ce qui s’appelle un groupe prolifique ! Bien sûr, le problème à accumuler les sorties en si peu de temps est celui-ci : proposer du nouveau, c’est bien ; ne pas se contenter de faire et refaire toujours la même chose, c’est encore mieux ! "The Clouds Of Northland Thunder" accomplissait le travail sans embûche ; autant dire que la charge confiée aux Scandinaves était ardue. Du moins elle semblait l’être. A priori. Bien que la première écoute ressemble parfois abominablement à de la simple redite –pour preuve, le single "Arctica", d’un auto-plagiat attristant– malgré quelques pistes intéressantes. Bien que l’album lui-même, dans son intégralité, soit visiblement légèrement en-dessous des précédents – inutile d’en chercher la raison, elle est toute trouvée. Bien que le tout manque des soli dont nous avaient habitués les guitaristes auparavant. Bien que les célébrissimes refrains se révèlent parfois proches de l’indigeste ("Come Now Follow"). Mais que vous avais-je dit en début de parcours ? Que le résultat était trop abouti pour avoir l’occasion de ronchonner. Parce qu’Amberian Dawn est un bon groupe, et parvient à le prouver, encore une fois ! Malgré quelques erreurs… ou plutôt imperfections (la faute à leur empressement ?), "End Of Eden" se savoure avec délice au fil des compositions empreintes du talent des deux noyaux forts : le compositeur Tuomas Sepällä et la parolière Heidi Parviainen à la voix d’ange. J’ai mentionné ce qui m’a laissée sur ma faim ; il me reste à parler de ce qui m’a marquée. Bon d’accord, le terme ‘"marquée" est un peu fort. Disons plutôt ce qui m’a plu. Eh bien c’est tout simple : ce qui me plaisait sur les deux précédents albums. C’est-à-dire le metal rapide et épique auquel on a droit, et la merveilleuse voix de Heidi, dont les progrès sont notables, dit au passage.

Rien de neuf sous le soleil, soit. Néanmoins j’aimerais évoquer plus spécialement "Virvatulen Laulu" : avant-dernière piste de l’album, à la fois la plus osée, la plus surprenante et la plus séduisante, avec son chant tout en finlandais, sa mélancolie et son duo voix masculine / voix féminine de toute réussite ! Troisième album en trois ans, et Amberian Dawn ne s’est pas trompé. Par contre, oserais-je suggérer tout bas qu’il n’est pas nécessaire d’offrir un quatrième album dans seulement quelques mois ? Prenez-votre temps : le résultat n’en sera que meilleur !

Gloomy Novembre 2010