Le groupe
Biographie :

Altarage est un groupe de black / death metal espagnol dont l'identité des membres est tenue secrète. Altarage sort son premier album, "Nihl", en Février 2016 chez Doomentia Records, suivi de "Endinghent" en Octobre 2017 chez Season Of Mist, de "The Approaching Roar" en Janvier 2019 chez Season Of Mist / Underground Activists, et de "Succumb" en Avril 2021.

Discographie :

2016 : "Nihl"
2017 : "Endinghent"
2019 : "The Approaching Roar"
2021 : "Succumb"


La chronique


Les Espagnols d'Altarage n'aiment pas perdre de temps, "Succumb" est déjà leur quatrième album depuis 2016 ! Je vous conseille vivement d'aller écouter les trois précédents d'ailleurs, pour peu que vous aimiez le death / black poisseux et chaotique il y a de quoi se faire plaisir. Et si Altarage a sa patte et développe peu à peu son univers, on peut tout de même noter que l'influence la plus évidente est celle des dingues australiens de Portal.

Altarage est loin de faire une banale copie pour autant, ses trois premiers albums partagent le même goût pour les ambiances dégoulinantes, le chaos et la crasse dégoulinante que Portal. Au-delà de ça, ces Espagnols ont toujours réussi à créer leur monde et à balancer des albums étouffants et éprouvants. Altarage montre une envie flagrante de vous faire du mal et "Succumb" ne déroge pas à la règle avec une bonne heure de supplices en tous genres. Le groupe ne perd pas de temps et "Negative Arrival" nous attaque à la gorge d'entrée de jeu à grands coups de blasts et de riffs dégueulasses, poisseux et dissonants. Le chant truffé d'effet n'arrange rien et le climat démoniaque qui se dégage de ces deux petites minutes est déjà étouffant et terrifiant, le tout étant encore amplifié par le son des guitares à la fois tranchant et gras. "Magno Evento" ne fait pas retomber la pression et nous matraque de plus belle, avec toujours en fond ce chant totalement possédé et parfois couvert d'effets. "Succumb" montre la même intensité que ses prédécesseurs, le death / black crado d'Altarage est sans pitié et va une fois de plus laisser tout le monde sur les rotules. Après avoir écouté ce genre d'album, on a l'impression d'avoir passé une heure dans une machine à laver à se faire jeter dans tous les sens. Même quand le groupe lève le pied, il reste terriblement malsain, les riffs sont systématiquement méphitiques et le tempo très lourd de certains passages broie les quelques os qui auraient résisté jusque là. La production, comme je le disais, est grasse et amplifie encore la sensation de se prendre un bloc de mélasse non identifiée sur le coin de la tronche, comme un mélange de boue, de lave, de plomb en fusion et de sang.

Au-delà des étiquettes, Altarage crée tout simplement de la musique extrême, peu importe les classifications cet album veut vous faire souffrir et y arrive très bien. La plupart des morceaux sont assez directs et tournent autour des quatre minutes, en dehors de "Foregone" qui frôle les huit minutes et surtout de "Devorador De Mundos" qui monte à vingt et une minutes. Altarage y déploie son maléfice habituel pendant huit minutes mais sur un tempo bien plus lourd avant que le morceau ne parte en un long drone qui monte progressivement en intensité jusqu'à la fin. Une poignée d'accords qui se mettent à vous bourdonner de plus en plus fort dans les oreilles et qui au final créent presque une sorte de palier de décompression. Aussi extrême que soit un tel pavé, le fait de laisser tourner quelque chose d'aussi primitif amène presque un peu de lumière et d'air après l'étouffement étalé sur les onze précédents morceaux. Parce que mine de rien, le groupe aime faire des morceaux à tiroirs, les structures bougent tout le temps, le rythme est évidemment chaotique et ce nouvel album prend vite des airs de créature gluante et rampante qui vous glisse entre les doigts dès que vous essayez de la saisir. Il y a quelque chose de Lovecraftien là-dedans, de profondément malfaisant. "Succumb" vous maltraite pendant une heure et cette torture sonore vire à la faille spatio-temporelle, on en ressort sans savoir où on était ni ce qui vient de se passer. L'épuisement, vous allez le sentir par contre, ainsi que l'impression d'avoir dû lutter pour trouver de l'air pendant tout ce temps.

Altarage continue son exploration des abysses et des méthodes de tortures sonores en nous livrant "Succumb". Le groupe suit la voie tracée par les trois précédents albums, à savoir celle d'un death / black poisseux, malsain, brutal, étouffant et éprouvant. C'est toujours aussi bon dans le genre et ces malades ont un indéniable savoir-faire lorsqu'il s'agit de faire souffrir son prochain. Vous vouliez de l'extrême ? Altarage vous le fournit sur un plateau, à vous de voir si vous avez le cran de tenter le voyage.


Murderworks
Juin 2021


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/altarage