La première chose positive qui ressortait à la réception de ce mini CD de cinq titres c'était la simplicité et surtout la beauté de ce digipack. En effet cet artwork vraiment spécial signé Ariane Nicollier, est en fait très original dans sa police d'écriture parce que ça nous ramène pas mal d'années en arrière avec une police de type machine à écrire, avec ses tâches, ses défauts... C'est juste génial. C'est génial parce que ça nous replonge dans les années underground 80's / 90's où l'on n'avait pas tout à disposition et c'était fait main et pas "grand tirage impersonnel". De plus le carton du digipack, on dirait du recyclé et le relief du Ø sur le dessus et simplement remarquable. Grâce à ça, sans écouter le contenu, Almøst Human gagne la moyenne dans l'appréciation de tout auditeur potentiel, parce que ça sort de l'ordinaire et le mouto-clonage étant aujourd'hui la seule issue qui semble se profiler à l'horizon tel le Soleil Vert de Charlton Heston, les Suisses ont réussi à briser le moule et en sortir indemnes et suffisamment lucides pour avoir leur propre individualité. Ceci étant dit le visuel ne fait pas tout....

Et il aura fallu quelques bonnes écoutes répétées de ces cinq titres pour pouvoir apprécier ce "Ø", parce que de prime abord, Almøst Human bien qu'excellemment bien produit (résultat évident du travail de son créateur Chris Matthey ingé son de métier et musicien guitariste de talent, et de Olivier Perdrizat talentueux guitariste également, sans léser bien sûr les autres membres du groupe non moins méritants) a du mal en revanche à se créer une identité musicale immédiate. Almøst Human propose vingt-cinq minutes d'un metal moderne, sans véritable étiquette. Un metal actuel qui mêle les grosses rythmiques puissantes très graves aux passages plus mélodiques sur fond de style un peu indus / electro, avec un chant de couplet hurlé sur des refrains plus chantés. On nous sert ici une mixture de metalcore moderne, avec un peu de djent sur certains moments, où l'esprit d'un Nine Inch Nails aurait rencontré la poésie d'un Ministry (sans sa rapidité) dans un monde plus atmosphérique à la Tool sauce core. Ça donne effectivement une croisée de chemin spéciale qui peut manquer de piment ou tout du moins de forte personnalité, car ces dernières années on nous l'a servi sous toutes les sauces, en entrée, en plat et même en dessert. Ceci étant, sur les cinq titres de Almøst Human on arrive tout de même à y trouver son compte. Tout d'abord c'est la voix de Ben Pluss qui laisse une marque la plus prononcée dans l'esprit de l'auditeur. Ce dernier possède un timbre classique dans son verbiage hurlé, mais ce qui est vraiment palpitant c'est sa voix claire parfaite sur "Obey, Consume Or Disappear". Un chant où le sieur fait une très belle démonstration de variations vocales impressionnantes, sur des rythmiques progressives qui montent et qui descendent mettant l'auditeur psychologiquement à fleur de peau. C'est dans cet esprit musical que Almøst Human arrive plus à toucher son auditoire que dans des choses plus basiques finalement avec "Living Wreck" peut-être trop long. Car même arrivant à cerner le côté froid de groupes tels que Meshuggah ou Outcast, Almøst Human sur "Normosis" pénètre sur des terres déjà cultivées. Et si leur technique est irréprochable, avec une batterie synthétique, des guitares robotiques, déroutantes et hypnotiques, il leur manque sur ce côté la ressource nécessaire pour pouvoir se détacher d'une vague moderne domptée par des surfeurs déjà trop présents partis de la plage où il ne reste plus un centimètre carré de sable.

Entre bonnes choses et choses moins percutantes Almøst Human finit sur un titre cependant inspiré car très psychotique. "Each Of Us" brille ici aussi par la magnifique voix claire de son chanteur totalement envoûtante dont les lignes vocales plusieurs fois doublées et harmonisées, sont brillamment posées sur des guitares angoissantes (presque stoner) ancrées dans une atmosphère véritablement glauque et futuriste. Almøst Human arrive finalement à se détacher de tout ce qui lui collait à l'arrière-train comme des vieilles casseroles étant là pour dire, que c'était du réchauffé. Et avec ce titre de clôture, ils laissent à l'auditeur une satisfaction qui était en dent de scie depuis le début du CD.

En conclusion, on reste un peu tiraillé sur ces "quatre" titres, ("Morning Star" étant une minuscule interlude d'une minute), et on se dit qu'il serait intéressant d'en connaître plus sur Almøst Human pour savoir si les chansons à venir auront justement plus cette personnalité qu'on attend du groupe au vu de l'expérience musicale de ses membres...