L’autre jour, alors que je commentais sur un Facebook une vidéo qui était censée être une cover screamo d’un titre de Flo Rida (oui, giga lol), l’un de mes potes sort "Je me demande bien quel sera le prochain genre musical à être mis à mal". Parce que oui, screamo n’est plus. Ou alors, est, mais très rarement. Y a qu’à voir ce que le coreux lambda cite comme groupes de screamo. Ça me rappelle une soirée où voyant un mécheux tatoué (dans le pays où je suis actuellement, on appelle ça un "scene kid", c’est pas très gentil), je décide d’aller lui causer. Et c’est avec un grand désarroi que je découvre que cet individu, du genre à poser avec son iphone devant son miroir et à crier "Hardcore über alles" ne connaissait pas Converge… J’ai pas pleuré, mais presque.

Concernant le screamo, on peut dire qu’il est mort avec Orchid. Ou avec tous les autres groupes de la même trempe. C’est pour cette raison que j’ai toujours une appréhension quand je reçois quelque chose étiqueté "Screamo". En l’occurrence, le split Alceste / Hive Destruction. Et au temps pour moi, mes appréhensions n’étaient pas fondées. Parce qu’en effet, si on veut écouter un groupe qui retransmet exactement l’ambiance screamo du début des années 2000, il faut à tout prix écouter Alceste (edit, faut aussi aller écouter Céleste).

Le split Alceste / Hive Destruction se compose de 3 chansons par groupe. Les trois premières chansons étant celles d’Alceste. "L’avenir Derrière Elle". Parce que oui, s’il y a quelque chose à saluer parmi ces groupes de screamo, c’est qu’ils chantent en Français. Une ambiance pesante, sombre, accompagnée d’une voix éraillée (qui me fait penser au chanteur de Kickback, alors que ça a juste rien à voir, mais bon, soit). Une voix à l’agonie, suppliante. Mais contrairement à ce que certains groupes peuvent laisser croire, dans le screamo, la voix sait se taire pour laisser passer l’émotion des riffs. Fichtre, émotion, j’ai dit le mot banni. Cependant, il est vrai que lorsque j’écoute Alceste, sur ce titre notamment, certains riffs me rappellent des groupes emo (dans ma tête, ça sonne parfois comme A Day In Black And White), à savoir des riffs portant sur les aigus, reconnaissables par une certaine lenteur. On ne se presse pas dans le screamo, justement, on laisse le temps à ses tripes de crier son angoisse. Si vous avez envie de sauter par la fenêtre, c’est normal.

Le screamo, c’est malsain. L’apogée de l’agonie étant retransmise par la chanson "rien n’a changé mais tout est différent". Quant aux trois morceaux de Hive Destruction, ce sont des instrumentaux. Et bizarrement, moi qui éprouve toujours un manque lorsqu’il n’y a pas de chant, eh bien je ne l’ai pas éprouvé du tout ici. En outre, l’ambiance malsaine qui régnait sur la première partie du split est toujours présente ici, notamment grâce aux samplers, tirés de film dont on se doute qu’ils sont loin d’être joyeux. Ça fait un peu ambiance de fin du monde. Très approprié vu les événements actuels d’ailleurs. Une chose à noter, la structure plutôt complexe des morceaux : changement de tempo, changement de direction. Une oreille très attentive (ainsi qu’un bon matériel) nous permet de remarquer des fonds sonores discrets qui donnent encore plus d’ampleur à l’ambiance apocalyptique : le sampler de la fin de "Golden Sea", et le début de "Catharsis", exactement le genre de bruits étranges, rocailleux, angoissants, qu’on n’aimerait pas entendre si l’envie nous prend d’aller nous balader dans des ruines, à la lueur de la lune. Quant à "Nervestruck" je ne peux que noter le piano.