Le groupe
Biographie :

En Septembre 2003, au hasard d'une rencontre, Bob (fraîchement ex-Scarve) et Matt (Elvaron) décident de mettre en chantier un album de black metal progressif et symphonique. Le concept basé autour des 7 péchés capitaux est alors choisi comme trame pour ce premier album. Matt compose 7 titres instrumentaux. L'idée d'un "concept total" naît durant cette phase ; chaque titre fera 7 minutes et sera dans une tonalité différente. Parallèlement, Bob commence un travail d'investigation autour des 7 péchés capitaux.
En Janvier 2004, Matt propose une première démo de travail à Bob afin qu'il puisse commencer à écrire les textes. La trame de l'histoire est longuement discutée puis adoptée. Après une première séance d'essais, Bob et Matt décident que le chant sera en Français. Partagé entre sa paternité et son activité scénique avec Darwin's Theory, Bob écrit les 7 textes. Pendant ce temps, Matt enregistre les parties définitives. Fin 2004, Bob enregistre 4 titres. Afin d'aller encore plus loin dans le concept, Akroma décide de faire appel à 7 guitaristes qui viendront chacun faire un solo. Matt contacte Neb Xort d'Anorexia Nervosa qui accepte de participer au projet puis décline l'offre. Julie Hénau, Adeline Gurtner et Nicolas Colnot rejoignent Akroma. Adeline écrira des paroles additionnelles ainsi que ses propres lignes de chant. Les premiers guitaristes sont contactés, aucune limite n'est fixée à la créativité. Début 2005, Bob boucle ses parties de chant. Les premiers soli arrivent. Matt prend contact avec des amis instrumentistes classiques pour enregistrer certaines parties. Matt entre en contact avec Ess de Essgraphics pour la réalisation du livret (20 pages dont 7 montages illustrants chaque péché).
En Avril 2006, Akroma signe sur Thundering records / Manitou Music. Septembre 2006, "Sept" sort de l'usine et arrive encore tout chaud dans les locaux de Thundering Records / Manitou Music. L'album est immédiatement disponible sur l'e-shop. La sortie officielle dans les bacs est annoncée pour le 2 Octobre. Après un remaniement de musiciens et de nouveaux "guests" pour les soli, Akroma s'est penché sur un concept cher à Bob : les 10 plaies d'Egypte qui s'abatterons par la main vengeresse de Seth... L'album "Seth" sort en 2009. En Septembre 2010, le line-up d'Akroma est encore remanié avec l'arrivée de Thomas Das Neves (Heavenly, Symakya, La Horde) derrière les fûts et de Pierre-Yves Martin (Guardian Angels, Divine Prophecy) à la basse. Le groupe signe alors avec le label Fantai'Zic pour un nouvel album. La création graphique d'Akroma sera désormais confiée au Chromatorium. C'est de nouveau un thème biblique, celui des 12 apôtres, que le groupe choisi pour ce troisième album, qui sort en Mars 2014. En 2017, et après trois années de travail acharné, Akroma livre un dernier recueil basé sur l'ultime chapitre biblique : l'Apocalypse de Saint-Jean.

Discographie :

2006 : "Sept"
2009 : "Seth"
2014 : "La Cène"
2017 : "Apocalypse (Requiem)"


Les chroniques


"Apocalypse (Requiem)"
Note : 16/20

Les Lorrains d'Akroma sont de retour avec un quatrième album de black symphonique, "Apocalypse (Requiem)", trois ans après "La Cène". Toujours orienté concept album, c'est cette fois l'Apocalypse de Saint-Jean qui est centre de l'album.

"Kyrie" ouvre l'album à coup de blasts et d'un gros hurlement bien aigu en guise de bienvenue, une entrée en matière qui passe ou qui casse ! Ce serait dommage de s'arrêter là en tout cas puisque la voix de Laura Kimpe vient vite adoucir un peu le trait, mais surtout parce que le groupe a un certain sens de la mélodie qui fait que son black accroche l'oreille et développe des ambiances intéressantes. Alors certes Akroma risque de défriser les amateurs de black pur et dur avec ses orchestrations majestueuses et ses nappes de claviers, la proximité du chant avec celui d'un certain Dani Filth risque d'ailleurs d'enfoncer le clou. Mais malgré ces quelques points qui vont avoir du mal à passer chez certains, il faut avouer que le black metal d'Akroma est plutôt efficace et suffisamment dynamique et varié pour que la longueur des morceaux ne pose pas problème. En effet, le groupe aime composer des pièces qui vont de six à huit minutes en moyenne et quand on joue à ça, il vaut mieux avoir de la ressource en stock sous peine de lasser très vite. Le problème ne se pose pas ici, on sent que le groupe travaille sa musique et lui laisse le temps de mûrir. D'ailleurs ce n'est pas parce que c'est du black symphonique que la violence en est absente, les blasts ne se font pas prier et n'hésitent pas à se faire véloces quand le morceau l'exige. Dans les passages les plus furieux, le groupe ferait même presque penser à Anorexia Nervosa et ses envolées hystériques.

Niveau production, c'est du bon boulot, "Apocalypse (Requiem)" sonne aussi clair que puissant et on sent là aussi qu'Akroma n'a rien laissé au hasard. Les ambiances rendent superbement bien la dimension religieuse du concept, la voix lyrique de Laura Kimpe y apportant d'ailleurs une importante contribution une fois de plus. Malgré la longueur des morceaux, ce nouvel album est tout de même bien plus compact que "La Cène" qui dépassait l'heure et quart alors que "Apocalypse (Requiem)" atteint les quarante minutes. Cela ne se ressent pas forcément au niveau des structures des morceaux, c'est simplement que "La Cène" contenait littéralement deux fois plus de morceaux. Ceux de ce nouvel album sont comme d'habitude assez dynamiques, en mouvement et variant régulièrement les ambiances au sein même d'un titre. On sent d'ailleurs une légère touche progressive dans ces constructions à tiroirs et certains passages plus techniques, sans compter le fait qu'Akroma aime proposer des albums concept. "Apocalypse (Requiem)" se termine d'ailleurs sur un morceau de bravoure de près de huit minutes aux ambiances et aux mélodies poignantes, typiquement le genre de morceau qui donne envie de relancer l'album juste derrière ! C'est sûrement ce qui va arriver plus d'une fois, malgré son caractère touffu et très varié, ce nouvel opus vous prend entre ses griffes assez rapidement.

Au final, un nouvel album qui confirme qu'Akroma sait y faire en matière de black symphonique. Aussi brutal que majestueux, "Apocalypse (Requiem)" ne devrait pas décevoir ceux qui avaient déjà apprécié les précédentes réalisations du groupe. Quant à ceux qui ne connaissent pas encore le groupe et qui apprécient ce genre de black, ils seraient bien avisés de s'y pencher.


Murderworks
Septembre 2017




"La Cène"
Note : 16/20

Si les premières minutes m'ont carrément rebuté à cause du chant hyper aigu d'Alain, quelque part entre Dani (Cradle Of Filth) et Bobby Ellsworth (Overkill), le concept d'Akroma semblait tellement ambitieux qu'il méritait une véritable attention. "La Cène" est donc le troisième album des Nancéiens basé cette fois-ci sur les douzes apôtres. Après l'évocation de la Passion du Christ (d'après les évangiles de Matthieu) par Profundae Libidines en 2011, Akroma a loué les services d'un consultant (l'abbé Pierre Binsinger), histoire de ne pas raconter trop de conneries...

Elaboré comme un opera-metal, black metal, "La Cène"a donc son casting. Sans citer tout le monde, il apparaît SAS de l'Argilière (Misanthrope) dans le rôle de Pierre, Black Messiah (Seth) qui incarne ce bon vieux Barthélémy, Sotaa (Odium) est Jean ou encore dans la peau du traître de service Judas, ce sera Emmanuel Lévy (Wormfood). L'artillerie est lourde et musicalement Akroma en fait des tonnes, usant du symphonique pour renforcer l'aspect "noble" du propos, du black, du death, du thrash, l'ensemble on va dire est prog-baroque à l'instar de Kalisia qui nous en avez déjà mis plein la face déjà avec son "Cybion" en 2009 (œuvre démesurée qui aura pris à son géniteur presque 20 ans de travail). Les Français, ça fait plaisir, n'ont pas peur de se lancer dans d'ambitieux projets, surtout que celui-ci est d'une grande qualité à défaut d'un manque de contrastes parfois.

En effet, difficile de sceller l'identité des apôtres tant l'ensemble fait bloc, traité avec un même élan "infernal" et grandiloquent. Noyés dans une production digne d'un blockbuster épique, on imagine ces derniers comme des super-héros testostéronés qui rappellent la rencontre du cinéaste Aronofsky avec Russel Crowe pour la relecture de son Noé. On peut s'interroger alors sur le fondement du concept biblique. Là n'est peut être pas la question au final, encore que ce soit le cœur de "La Cène"...

Pour en revenir à la musique elle-même, les Nancéens ne nous accordent aucun répis et impressionnent par la richesse des compositions, le phrasé rythmique d'Alain étant tout aussi spectaculaire (ça démarrait très fort avec le premier titre "Pierre" et ça s'amplifie avec "Jean"). Blast beats dévastateurs, riffs heavy, envolés black moderne comme Covenant (du "Nexus Polaris") a pu en réaliser, death mélo ("Philippe"), certains titres sortent du lot en ce qui me concerne comme "Bathelemy" et son intro au violoncelle ou encore "Jean". La présence de la chanteuse soprano Laura Kimpe apporte, quant à elle, quelque chose d'onirique, un souffle apaisant tout au long de l'album, il n'y a qu'à entendre ses très belles interventions sur "Jean" et "Judas".

Si le chant peut rebuter par sa singularité, j'ai bien failli déposer les armes à la première écoute, on s'y fait et à l'arrivée on salue même sa performance rythmique à toute bringue. Cette "Cène"mérite vraiment une attention particulière tant l'ensemble est brillant !


Boris
Avril 2014




"Seth"
Note : 12/20

Woaw, woaw, woaw, musicalement que ce groupe est superbe !!! Formé en 2003 par Alain Germonville alias "Bob" , ex-Scarve et Matthieu Morand (Elvaron), Akroma s'est enrichit d'autres membres pour délivrer une musique totalement surprenante et réellement bien inspirée. Vous avez pu découvrir leur premier album sorti en 2006, nommé "Sept" et basé sur les sept pêchés capitaux. Un premier album original et plein de bonnes surprises, telles que voix féminines, du violon très celtique... Alors voici son successeur nommé "Seth". Bizarrement même si l'écriture n'est pas pareille, la prononciation reste sensiblement la même. Est-ce ici, quelque chose de voulu par le groupe pour faire un éventuel clin d'oeil ? "Seth" change de contrées pour rester tout de même dans les croyances, mythes et légendes, mais au lieu de parler des sept pêchés capitaux Akroma s'est introduit dans la nécropole d'Anubis pour vous faire revivre les dix plaies de l'Egypte. Je saluerai la sagacité et la clairvoyance de "Bob" pour trouver un concept de taille à chaque sortie d'album... Idées rudement bien trouvées, et intelligemment mises en place et en musique.

Encore une fois Akroma s'est entouré de musiciens chevronnés pour parfaire son oeuvre, car effectivement si des membres de Syrens Call, Outcast, Nightmare, Resilience, Carcariass, Mortuary et Innerchaos étaient venus honorer le groupe de sa présence, sur celui-ci certains comme Benjamin Sertelon (Resilience) ou Pascal Lanquetin (Carcariass) sont revenus pour ne citer qu'eux, mais sont venus également s'ajouter en guest Christophe Danjon (Exulan) ou encore Hugo Lefebvre (Anthropia) pour ne citer qu'eux également. Donc en matière de composition, Akroma présente de nouveau un album extrêmement bien sous tous rapports. Le son est totalement impressionnant de clarté et de puissance, les vocaux féminins qui récitent une prose avec une articulation sans faille me rappellent lorsque Pazuzu avait sorti ses deux premiers albums, les titres tels que "La Baronnette" où la jeune femme ressortait son texte d'un magnifique manière. Et donc ici "Les Grenouilles"ont exactement le même effet. Akroma a depuis son premier album, choisi de délivrer ses textes en Français, et je trouve que c'est exactement ce qu'il fallait à cette musique un peu black heavy, un peu symphonique et progressive. Ce chant Français, d'ailleurs est très difficile à rendre intéressant, car c'est un véritable défi de proposer des morceaux avec des textes Français. Si il y a quelques années, c'était dans l'air du temps avec ADX, Vulcain... le chant Français n'a jamais été très pratiqué dans le metal hexagonal, il a été mis en valeur par des groupes tels que Misanthrope, qui a totalement redoré le blason de ce type de texte. Akroma réussit cet exercice de style, et l'intérêt dans tout ceci, en plus d'avoir l'avantage de faire comprendre plus facilement les paroles, c'est de proposer quelque chose de singulier.

Maintenant il subsiste un gros problème, c'est le chant. Si les ambiances sont magiques, grâce à des segments de chansons alternés entre des passages hyper rapides, black et symphonique et d'autres nettement plus planants, le chant d'Akroma, reste un obstacle à la croissance de popularité que le groupe pourrait avoir. En effet, si le chant d'Alain est pas mal dans ses tonalités plus graves, même hurlées, il est vraiment "spécial" dans l'ensemble, parce que le monsieur va chercher une voix nasillarde, assez haut perchée qui n'apporte pas du tout de symbiose avec la musique d'Akroma. C'est vraiment dur à l'assimiler, à la première écoute, je dirais même que j'ai détesté totalement. Alors à force on s'y fait, parce que les variations de gorge sont différentes en fonction des morceaux comme sur "La Grêle", où il reste en début de morceau, plutôt sobre, et c'est ce chant que j'ai beaucoup plus apprécié. Puis lorsque il veut donner peut-être plus de torture dans ses vocaux, ça donne un style singulier c'est vrai, mais ça risque malheureusement de faire fuir pas mal de monde. A côté de ça la voix féminine de Lulu est agréable et un morceau justement comme "La Grêle", se laisse écouter sans aucun problème : "Il n'avait pas besoin d'être vivant pour être un dieu" et une phrase obsessionnelle, j'adore.

C'est trop bizarre, les atmosphères, sont sublimes, les morceaux sont excellents, mais c'est cette voix nasillarde surprend et terrorise de prime abord, elle ne vient pas gâcher mais enlever de sa splendeur à la musique d'Akroma... C'est un peu comme une mangue, le goût de la mangue est délicieux, mais le côté poivré du fruit rend la chose très bizarre, on a tendance à ne pas aimer, mais pourtant l'ensemble étant bon, on y revient, c'est très paradoxal tout ça... En faisant abstraction de cet obstacle conséquent malgré tout, "Seth" est un superbe album, plein d'émotions comme sur "Les Sauterelles" où l'ont part vraiment dans une musique sombre et symphonique. Les guitares sont heavy et thrash et on peut s'attarder sur des soli construits pour purifier les plaies musicales de cet album, écoutez "La Mort Des Premiers Nés", vous comprendrez.... L'album termine par le morceau le plus long, d'environ 11 minutes, où l'on baigne vraiment dans un esprit Egyptien, avec tous les thèmes de l'album concernant cette légende. Ce titre "Les Ténèbres" est le plus somptueux de tous , parce qu'il commence avec des nappes de claviers dignes des plus grandes B.O de films et l'évolution progressive du morceau s'inscrit dans la tradition la plus pure des morceaux symphoniques, en conservant son côté exotique. C'est fichtrement bien foutu... Alors "Seth", regorge d'ambiances et de passages malfaisants à souhait, mais la voix d'Alain quant elle part dans son trip nasillard, vient comme un ovni qui n'aurait pas sa place, un peu comme une hémorroïde, ça fait mal, c'est gênant, et pourtant c'est naturel d'en avoir, ça fait partie du corps et la nature l'a inventé... On veut l'exterminer, mais ça fait si mal qu'on n'ose pas y toucher...


Arch Gros Barbare
Octobre 2009


Conclusion
L'interview : Bob

Le site officiel : www.akroma-metal.net