Le groupe
Biographie :

Originaire d'Orléans, Akphaezya se définit comme un groupe de free metal. Akphaezya est avant tout le projet de son guitariste / compositeur Stephan H. Fort d'un premier opus sorti sur le label anglais Ascendance Records et salué par la presse européenne, Akphaezya continue avec "Anthology IV (The Tragedy Of Nerak)" en 2012 chez Code666 Records. C'est ensuite en 2024 que sort "Fell Down The Veil (Anthologies I, III & V)" en Octobre en autoproduction.

Discographie :

2004 : "Anthology II" (Démo)
2008 : "Anthology II : Links From The Dead Trinity"
2012 : "Anthology IV (The Tragedy Of Nerak)"
2024 : "Fell Down The Veil (Anthologies I, III & V)"


Les chroniques


"Fell Down The Veil (Anthologies I, III & V)"
Note : 17/20

Il aura fallu douze ans pour entendre du nouveau de la part d'Akphaezya, mais l'attente est enfin récompensée avec la sortie de "Fell Down The Veil (Anthologies I, III & V)". Comme le nom de l'album l'indique, il met fin à l'intrigue débutée sur les deux précédents albums. Pour le côté plus purement musical, sachez qu'Akphaezya est difficile à catégoriser, nous allons donc reprendre l'étiquette de metal progressif / avant-garde proposée par le groupe.

Pour faire très simple, disons que si vous aimez Unexpect, Diablo Swing Orchestra ou dans une moindre mesure Pin-Up Went Down, vous avez déjà quelques prérequis pour apprécier la musique d'Akphaezya. Autant dire que les puristes de tous poils peuvent fuir à toutes jambes, il n'y a rien pour eux par ici. Même si "Rapture" démarre par des ambiances torturées et des riffs assez percutants, on entend bien vite des sonorités à la fois plus accrocheuses dans les lignes de chant et plus expérimentales par le biais de certains accords plus dissonants. Mais c'est à partir de "At Shirya" qui suit que l'on retrouve vraiment la patte la plus expérimentale du groupe avec des passages jazzy et un chant totalement décalé et possédé. C'est d'ailleurs surprenant de se dire que l'on retrouve une patte reconnaissable quand on sait à quel point le groupe mélange des sonorités différentes. Ce qui pourrait devenir un beau bordel contribue en fait à créer une personnalité à part et à renforcer l'univers qu'Akphaezya installe pour donner vie à son concept. On retrouve donc musicalement ce mélange d'émotions que véhicule l'histoire, ce qui nous fait passer du chaud au froid et de passages agressifs ou sombres à d'autres bien plus dansants et lumineux. Le groupe ne donne pas l'impression de revenir après douze ans d'absence tant il se remet dans le bain avec un naturel déconcertant. Et pourtant, il y a un changement de taille puisque le chant n'est plus assuré par Nehl Aëlin mais par Hakath Ooh, qui fait entendre une belle palette vocale et une folie tout à fait à sa place dans la musique d'Akphaezya.

"Case 24-135" propose même des passages bien funky en plus d'un refrain accrocheur en diable rappelant presque la scène fusion par moments, un bon concentré de mélodies, de groove et de folie. "T.R.O.Y.", quant à lui, balance des riffs parfois à la limite du thrash tout en plaçant des parties de chant proches du rap, le tout avec quelques mélodies plus sombres et une certaine accroche qui rend le morceau très efficace malgré ses sept minutes. Une fois de plus, ce nouvel album est un sacré mélange de genres et les plus puristes risquent clairement de faire un malaise, si ce n'est pas déjà arrivé avec les deux précédents albums. Et pourtant il n'y a rien d'hermétique, le sens mélodique et le groove sont bien là et les morceaux nous donnent tous des points d'accroche pour ne pas nous perdre. Le concept proposé sur ces trois albums est assez touffu et fait se croiser beaucoup de personnages, mais pas d'inquiétudes les clés de compréhension vous seront données en fin d'album. Si vous voulez reprendre les trois albums et essayer de tout décrypter vous-mêmes vous avez de quoi vous amuser. Maintenant que ce concept est terminé, les portes sont grandes ouvertes pour la suite, que ce soit musicalement ou conceptuellement justement. Et vu qu'Akphaezya n'a pas froid aux yeux on risque d'avoir droit à quelques surprises à l'avenir ! Là où la plupart des groupes commencent à ressembler à des patrons du CAC40 quand ils parlent musique ("on a fait plus 30% sur Spotify, plus 40% sur tel site, etc...") on a là un groupe qui fait ce qu'il veut, qui envoie voler les barrières et vous parle franco.

On entend souvent dire en ce moment que le metal s'enlise, qu'il n'avance plus et que tout a déjà été fait. Vous ne pouvez pas tenir ce type de discours et ne pas aller écouter "Fell Down The Veil (Anthologies I, III & V)", ce ne serait pas cohérent. Vous voulez un groupe passionné ? Qui se fout des catégories ? Qui bouscule les codes du metal ? Ben voilà, vous l'avez trouvé ! Et ça tombe bien parce que vous avez deux albums à rattraper avant celui-ci et un concept complet à décortiquer, donc on se décrasse les oreilles, on se rafraîchit le cerveau et on y va !


Murderworks
Décembre 2024




"Anthology IV (The Tragedy Of Nerak)"
Note : 14/20

A l’image de Pin-Up Went Down, Akphaezya est le roi des compositions décalées, mélanges d’influences plus différentes les-unes des autres, pour l’obtention d’un résultat à la fois surprenant –c’est le moins que l’on puisse dire ! – mais aussi et surtout particulièrement réussi ! En 2008, je me souviens avoir été épatée par "Anthology II" (une de mes premières chroniques, entre parenthèses. Ca ne me rajeunit pas !) ; inutile de dire qu’en 2012, les espoirs que je fonde sur son successeur sont à la hauteur de mon enthousiasme. De plus, rappelons également qu’"Anthology IV" est sous-intitulé : "The Tragedy Of Nerak".

Ce titre, la pochette à l’allure grecque antique, ainsi que les morceaux groupés en quatre actes (portant chacun le nom d’une saison différente), tout pour plaire à une ex-rhétoricienne ! La théorie est toujours alléchante, ça va de soi. Quid de la pratique, alors ? En pratique, Akphaezya n’est plus le groupe sautillant à la limite de l’insouciance que nous avions connu précédemment : il s’est assombri, comme le prouvent très bien les atmosphères parfois oppressantes auxquelles nous avons droit sur "Anthology IV". Autre chose, de loin plus étrange : Akphaezya s’est assagi. En d’autres termes, les morceaux ont nettement, très nettement moins tendance à "partir dans tous les sens", alors qu’il arrivait que sur l’album précédent, l’auditeur peine parfois à les suivre. Une bonne nouvelle ? Mon avis sur la question est mitigé. Personnellement, j’aimais me sentir presque perdue par tant d’idées réunies au sein d’un même titre. L’avantage principal à ce sujet est sans aucun doute que le résultat est plus accessible aux oreilles moins habituées ; l’inconvénient, c’est que, sur la longueur, Akphaezya courtoise trop souvent le déjà vu. Bien sûr, tout est encore une fois interprété avec brio, ce qui n’est pas surprenant compte tenu de la qualité des membres du groupe ! Dommage que la sensation d’avoir perdu l’âme pointe –légèrement, qu’on se rassure– le bout de son nez. Par bonheur, il semble que la deuxième moitié de ce nouvel album nous permette de retrouver tous les éléments que l’on chérissait tant, cette audace caractéristique qui fait la différence ("Nemesis" et "Harsch Verdict" en tête). L’autre composante favorable s’appelle Nehl Aëlin. Décidément, cette chanteuse n’en finira jamais de m’étonner ! Si ces dernières années les chanteuses ont eu le vent en poupe dans le monde du metal, l’occasion d’écouter autant de créativité et de diversité de la part d’une seule et même personne nous a néanmoins rarement été donnée.

J’irais même jusqu’à dire que, malheureusement, cet "Anthology IV (The Tragedy Of Nerak)" ne parviendrait pas à trouver une place distincte par rapport aux nombreux concurrents, parfois de taille (qui a dit Diabulus In Musica ?). Oh non, il ne s’agit pas d’un mauvais album. Peut-être mes attentes étaient simplement trop différentes ?


Gloomy
Février 2012




"Anthology II : Links From The Dead Trinity"
Note : 17/20

Voici enfin l’heure de la sortie du premier album d’Akphaezya ! Premier album qui en réalité n’est autre qu’une version revisitée de la demo du même nom, sortie en 2004, qui avait recueilli les faveurs des chroniques. Et à raison ! Dés l’introduction, partagée entre murmures et vocalises mystiques, nous devinons que nous pénétrons dans un univers atypique que nous découvrirons et apprivoiserons tout au long de l’album. Et ça avec grand plaisir, étant donné qu’il n’y a pas un instant où l’on s’ennuie à l’écoute de celui-ci, car une des plus grandes richesses d’ ‘Anthology II’, c’est bel et bien sa variété ! Aux éléments metal se mêlent des nombreux éléments electro, jazzy (comme sur "Reflections", pour ne citer qu’un titre), et certains passages feraient même très étrangement penser à un cabaret, voire un bal musette ("The Bottle Of Lie"), sans que cela ne vienne porter atteinte à la crédibilité de l’album. Les musiciens se sont fait plaisir en intégrant à leur metal déjà très original des influences diverses et variées, sans essayer de se rapprocher d’un style particulier déjà existant. Il serait tout bonnement impensable de parler d’Akphaezya sans mentionner la superbe et inimitable vocaliste Nehl Aëlin, véritable caméléon humain (qui, rappelons-le, évolue également en solo). Elle participe grandement au charme d’"Anthology II" grâce à sa voix chaude et modulable à souhait : elle est capable de passer d’une voix rock et énergique à un timbre nettement plus doux, tendant parfois vers l’opératique lors de certaines vocalises. Parfois, sa voix rappelle celle d’un enfant ("Trance : H.L4"), et c’est avec tout autant d’excellence qu’elle réalise des vocalises arabisantes de toute beauté (sur l’émouvante semi-ballade aux sonorités ethniques "Beyond The Sky"). Un premier opus qui, même s’il peut paraître difficile d’accès aux premières écoutes de part autant de diversités, se révèle être une véritable réussite. Un tout grand bravo !


Gloomy
Juillet 2008




"Anthology II"
Note : 14/20

Voilà un album paradoxal car à la fois très complexe et agréable à l'écoute ! Akphaezya nous fait l'étalage de toutes ses influences à travers ce "Anthology II", découpé en trois tomes, eux-mêmes découpés en chapitres et en titres. Entre un piano utilisé à toutes les sauces et une voix qui sait s'adapter à tous les registres, il faut se cramponner car avec Akphaezya on passe en un éclair du piano-bar, à du lyrique, puis à du death metal ! Définissant son style comme du free metal, bien malin sera celui qui sera capable d'en dire plus sur ce style. La structure destructurée des morceaux fait penser au côté torturé et dérisoire de Carnival In Coal tout en gardant une structure mélodique teintée de chant oriental et de chant à la Nightwish. "Anthology II" est le genre d'album cauchemard pour un chroniqueur, comment décrire une musique indescriptible ? Ce qui ne fait aucun doute, c'est que cet album est destiné à un public avide de musique complexe et inquiétante. Akphaezya ou l'art du contre-pied, je crois que c'est la meilleure formule pour définir ce groupe. Un des points forts est incontestablement la voix de la chanteuse, Nehl Aëlin, qui sait tout faire et qui nous le montre brillamment. A l'écoute de cet album, on sent bien que le groupe s'est fait plaisir car contrairement à la majorité, il ne se cantonne pas dans un seul style et explore plusieurs horizons musicaux, ce qui, au passage, relève de prouesses techniques certaines. Maintenant à savoir si le public accrochera, c'est un autre débat. Les concerts rendront leur verdict. On peut également signaler que pour un groupe non signé, la production tient bien la route et que, surtout, le livret CD est vraiment de qualité et très pro, un très bon point pour eux.


Petebull
Mai 2004


Conclusion
L'interview : Stephan H. & Stéphane

Le site officiel : www.akphaezya.com