Le groupe
Biographie :

Agony Of The Bleeding Flesh est un groupe de metal pirate de Saint-Malo, formé en 2007, et composé de : Erwan Daniel (chant), Damien Laroche (guitare), Hugo Moerman (guitare), Adrien Albant (basse) et Baptiste Tordeux (batterie). Le premier album, "Everlasting Piracy", voit le jour au printemps 2013.

Discographie :

2013 : "Everlasting Piracy"


La chronique


Ne connaissant pas vraiment grand chose sur AOTBF, il sera certainement plus facile d'avoir un avis objectif sur la chose. Originaire de Bretagne, "Everlasting Piracy" est le premier album du groupe, autoproduit de manière simple mais plutôt attrayante, le digipack rappelle un peu par ses couleurs (oui c'est blanc et doré, et le blanc n'est pas une couleur ok...) et sa présentation (avec des moyens moindres évidemment), le "Heralding The Fireblade" de Falkenbach, même si le contenu musical n'a absolument rien à voir ou plutôt à entendre... Artwork réalisé par Metastazis dont vous connaissez certaines œuvres à travers Blut Aus Nord, Immolation, Paradise Lost, Samael et j'en passe...

En effet AOTBF se place plutôt dans une veine moderne et française d'un thrash / death aux consonances blackisées qui s'entremèlent aux frontières d'une musique un peu core par moments, c'est d'ailleurs assez étrange comme association. La production (mixage et mastering) confiée à Fuel (Diapsiquir) et Zoé (The CNK, Herrschaft) donne à l'album un son propre, même parfois trop propre au niveau de la batterie notamment où toutes les cymbales sont limpides et cristallines et où la grosse caisse semble un poil trop triggée par moments à moins que je ne me fourvoie.

L'écoute répétée de cet album offre à l'auditeur un sentiment d'oeuvre inachevée dans le sens où l'on est trituré et bringuebalé entre un sentiment de désintérêt sur certains passages et un d'intérêt complet sur d'autres. En effet, il est fort à parier qu'une des inspirations principales de AOTBF demeure la piraterie comme l'indique le titre. Et c'est d'ailleurs comme cela que commence l'album, avec un titre introductif assez court ( 2'29) impeccable, acoustique et intrigant pour s'ouvrir sur une énormissime entrée en matière grandiloquente aux guitares malsaines et directement puisée dans les filets des pavillons noirs. Alors on est très loin de Running Wild, n'allons pas non plus nous tromper de chemin et laissons les rois de la piraterie heavy dans leur Tortuga Bay, pour réaliser que AOTBF distille une musique plus sombre plus black / death moderne même si l'on ressent cet aspect pirate très fortement dans les morceaux.

Et donc "Those Buried Treasures" donne l'eau à la bouche en guise de premier titre, il donne envie d'aller plus loin de découvrir l'album ; alors que tout de suite "The Call Of The Sea" calme un petit peu notre ardeur à vouloir en découdre avec AOTBF. Les riffs metal (death / thrash ou black peu importe) sont déjà plus classiques, plus emphatiques par moments, limites lassants à cause de leur transparence alors que les alternances plus acoustiques et atmosphériques placées avec parcimonie dans le morceau offre à celui-ci un côté nettement plus attractif. La voix d'Erwann qui pourtant possède un côté très roots, très evil dans son timbre, arrive par moments difficilement à remonter le niveau global de l'album, dans ses passages plus graves et à apporter une facette plus core dans ses hurlements plus aigus. Et c'est comme ça un peu sur tout l'album, on oscille entre de très bons passages comme la fin de "The Call Of The Sea" et ses solos de bonne facture, ou le début de "Return From Death", et d'autres nettement moins prenants, chaque titre possédant en lui même des segments ennuyeux où l'on arrive difficilement à suivre le fil conducteur du morceau et des segments tellement poignants comme l'accélération hargneuse de "To Penetrate", où l'on profite pleinement de l'album. AOTBF, en tous les cas, maitrise parfaitement la facette atmosphérique parce que tous les moments aériens, atmosphériques tels que ceux de "Invading Souls" (sans doute le titre largement le plus haut dessus des autres en matière d'intérêt, grâce à sa haine dégagée par la voix et les guitares black et vraiment excellent), "Blood Of The Lords" ou encore "The Call Of The Sea" sont véritablement succulents.

La fin de l'album clôturée par "Pas De Pitié, Pas De Remords", se rapproche encore plus du monde de la piraterie, et ce même dans ses riffs violents et agressifs, c'est peut-être plus vers cela, vers ce genre de morceau ou celui de "Invading Souls" qu'on aurait aimé que l'album s'oriente afin de dégager les passages les moins intéressants montrés du doigt et d'intensifier les instants accrocheurs.

C'est pour cela que l'avis est mitigé entre satisfaction auditive et lassitude auriculaire. "Everlasting Piracy" mérite réflexion, mais la balance penche encore du côté du moins, sans doute parce qu'il s'agit d'un premier album, sans doute parce que l'identité de Agony Of The Bleeding Flesh doit encore se renforcer pour offrir à celui qui l'écoute l'opportunité de passer un moment vraiment singulier, plongé dans un monde de piraterie inspiré par l'originalité d'un alliage musical black / death et thrash ce qui n'a pas encore été véritablement exploité par la scène. Agony Of The Bleeding Flesh n'a pas à rougir de ce premier album car du côté de la présentation et de la production, il n'y a rien à redire (tout avis étant obligatoirement subjectif), mais encore bien des efforts doivent être fournis du côté de l'écriture pour que l'auditeur se fasse vraiment plaisir, sans se poser des questions de savoir s'il a l'impression d'aimer ou de trouver ça sans saveur, et par conséquent pour le groupe, de sortir la tête hors de l'eau dans l'océan flibustier de la scène metal...


Arch Gros Barbare
Mai 2013


Conclusion
Note : 13/20

Le site officiel : www.facebook.com/agonyofthebleedingflesh