Il aura fallu du temps aux Grecs d'Aetherian pour revenir puisque leur premier album "The Untamed Wilderness" est tout de même sorti en 2017 ! Mais les voilà bel et bien de retour avec "At Storm's Edge" et vu la qualité de leur premier méfait en matière de death mélodique, on s'attend à ce que le petit nouveau nous en remette une couche.

Le fait que le death metal mélodique du groupe soit teinté d'une certaine mélancolie lui a valu plusieurs fois un rapprochement avec la musique que pratique Insomnium, ce qui est vrai dans l'esprit mais cela ne doit pas vous faire croire pour autant que le groupe se contente de copier les voisins. Aetherian a bien sa propre personnalité et son univers et c'est une surtout une certaine sensibilité mélodique qu'il partage avec les Finlandais. C'est l'intro "Forgotten Oaths" qui ouvre l'album et elle installe déjà cette fameuse mélancolie, voire même un soupçon de nostalgie avec ces claviers tout en finesse et ces mélodies déjà touchantes. C'est donc "Army Of Gaia" qui débute les choses sérieuses et les gros riffs épiques se marient harmonieusement avec des leads très mélodiques et accrocheurs. La pression monte doucement et on sent une dimension dramatique qui se construit, de quoi amener des ambiances très fortes dès le démarrage de l'album et confirmer que le groupe n'a rien perdu de son talent. La suite se fait plus agressive avec de bons gros growls et des riffs qui se font un peu plus guerriers mais toujours empreints de ce feeling épique qui explose sur ce refrain mélodique qui a tout de la montée au front sur le champ de bataille. Quelques blasts se font entendre et ajoutent encore au sentiment de vivre un baroud d'honneur sur un champ de bataille totalement désolé et jonché de cadavres et de ruines. C'est totalement épique, extrêmement accrocheur, groovy en diable, bref c'est une ouverture d'album on ne peut plus efficace et percutante !

"Πυρ Αεναον" se fait un peu plus agressif avec quelques gros tapis de double grosse caisse et des riffs plus belliqueux, le tout en gardant cette patte mélodique et épique qui va imprégner la totalité de "At Storm's Edge". La plupart des morceaux sont assez longs et atteignent fréquemment les six minutes, ce qui leur permet à la fois de développer des ambiances puissantes et de proposer suffisamment de variations de rythme pour retenir l'attention. Le morceau-titre débute d'ailleurs avec des blasts avant de lâcher lui aussi les tapis de double grosse caisse sur fond de riffs épiques qui sentent la bataille rangée et des mélodies là encore accrocheuses et mélancoliques qui évoquent plutôt les pertes sur ledit champ de bataille. Vous l'aurez compris, le death mélodique d'Aetherian est extrêmement évocateur et le groupe arrive par son talent de composition à nous imposer des images devant les yeux sans la moindre difficulté. Les quarante-trois minutes que dure l'album passent à une vitesse folle et l'ennui n'a pas une seule seconde pour essayer de s'installer tant l'ensemble est vivant et tant les mélodies saisissent à chaque instant. Le temps qui sépare ce nouvel album de son prédécesseur a clairement été mis à profit pour faire mûrir une musique déjà très efficace et faire de "At Storm's Edge" un album imparable et prenant. Tout ça jouit évidemment d'une production aux petits oignons avec un son clair, puissant, organique et qui donne l'écrin idéal à ce death mélodique, épique et mélancolique.

On espère ne pas avoir à attendre aussi longtemps la prochaine fois mais pour l'instant régalons-nous plutôt des mélodies et des ambiances que propose "At Storm's Edge". Si vous cherchez un death mélodique efficace, épique, aux ambiances fortes et aussi touchant qu'accrocheur, ne vous posez pas de questions et foncez !

Alors que la fin de l'année pointe le bout de son nez, il me reste encore pas mal d'albums à chroniquer dans mes tiroirs. Mettons-nous donc au travail avec ce premier opus d'Aetherian.

Malgré ses origines grecques, Aetherian tire ses influences de la scène scandinave avec un son et des compositions calquées sur les grands maîtres du genre. La dimension mélancolique et atmosphérique de cet album me fait plus particulièrement penser à Insomnium. Les deux groupes partagent d'ailleurs une vision romantique de l'homme face aux éléments qui transparaît ici dans le titre de l'album et des morceaux. On note aussi un côté progressif dans leurs chansons qui durent généralement entre cinq et huit minutes.

L'album débute au son des guitares clean avec l'introduction de "Wish Of Automn Twilight". La production est bonne avec une dimension très mélodiques et quelques bons riffs typiquement melodeath. De jolies choses, donc, mais en partie gâchées par un chant guttural poussif qui colle mal avec la musique du groupe. En effet, on a parfois l'impression d'entendre beugler un gros guerrier aviné à moitié aphone... Oui, c'est moche ! Cette ambivalence ressentie sur le premier morceau se poursuit plus fortement encore sur le reste de l'album. Le groupe propose de très belles compositions avec de superbes passages. On note, par exemple, de très bonnes intégrations de guitare folk sur certains morceaux. Sans être très novateurs dans ce style, les Grecs d'Aetherian font toutefois preuve d'un sens aigu de la mélodie et alternent brillamment les énergies avec une batterie qui peut tout aussi bien proposer des blast beats lancinants que s'éclipser complètement pour laisser parler les guitares... Mais le chant reste, malheureusement, toujours aussi dérangeant.

Malgré ce point faible, ce premier album Aetherian s'avère bien maîtrisé et forme un ensemble extrêmement cohérent. Au premier abord, on peut même avoir l'impression que tout se ressemble un peu, mais au fil des écoutes, on apprécie de mieux en mieux les nuances proposées sur chacune des neufs pistes qui composent cet album. Avec "Clouds Gathering", on a même droit à une petite respiration instrumentale au son de la guitare folk accompagnée par des orchestrations de violons.

Au final, avec un chant plus adéquat, "The Untamed Wilderness" aurait pu être un excellent album. Malheureusement, celui-ci gâche en grande partie tout le savoir-faire et la belle sensibilité que déploie le groupe dans sa musique. Dommage !