Le groupe
Biographie :

Ætheria Conscientia est un groupe de black metal progressif et atmosphérique nantais formé en 2016 et actuellement composé de : Paul (batterie / Ediakara, ex-Cosmic Storm), P.A.(guitare / ex-Cosmic Storm), Tristan (guitare, chant / ex-Cosmic Storm) et Alexis (basse / Ediakara). Ætheria Conscientia sort son premier album, "Tales From Hydhradh", en autoproduction en Février 2018, suivi de "Corrupted Pillars Of Vanity" en Avril 2021.

Discographie :

2018 : "Tales From Hydhradh"
2021 : "Corrupted Pillars Of Vanity"


Les chroniques


"Corrupted Pillars Of Vanity"
Note : 15/20

On avait déjà parlé d'Ætheria Conscientia avec son premier album "Tales From Hydradh" sorti en 2018 avec son black metal singulier habité par un saxophone fou, eh bien les voilà de retour avec "Corrupted Pillars Of Vanity" et comme précédemment, l'ouverture d'esprit est vivement conseillée. Le groupe évolue certes dans la sphère black metal mais si c'est votre premier contact avec lui, vous allez voir qu'il surprend de plus d'une façon.

Premièrement, oubliez la violence brute, ce n'est pas le propos, oubliez aussi les ambiances haineuses, occultes ou malsaines. L'univers d'Ætheria Conscientia est plutôt porté sur la science-fiction et ses influences progressives lui apportent ces fameuses ambiances bizarres, décalées dans le monde du black metal et appuyées par ce fameux saxophone. Un saxo qui, comme précédemment, est utilisé comme un instrument à part entière intégré d'office dans la composition et qui ne fait pas figure de gimmick ou d'arrangement. Et attention, la musique du groupe est exigeante puisqu'en plus d'être riche, profonde et relativement complexe, les morceaux sont longs, d'ailleurs "Asporhos' Allering Odyssey" ouvre l'album avec un bon petit quart d'heure ! Quelques accords acoustiques, de discrets claviers, des mélodies mélancoliques, l'ambiance se fait belle et triste avec un zeste de sonorités celtiques (et en fin de morceau ce sont des sonorités orientales qui se font entendre). Ces quelques secondes suffisent à comprendre qu'Ætheria Conscientia n'a rien perdu de sa puissance d'évocation et de son côté parfois cinématographique. Enfin précisons que ce côté cinématographique s'exprime dans la facilité du groupe à poser des ambiances fortes, et non pas dans le fait de balancer des tonnes d'orchestrations dans tous les sens. Car si la musique du groupe est parfois assez complexe, on sent une envie d'économie, de proposer une musique riche et profonde mais qui ne cède pas à la facilité de l'expérimentation pour l'expérimentation. Le groupe vise tout de même l'efficacité et ses morceaux, même si longs et à tiroirs, ne prennent jamais des allures de dédales indémêlables. Si son univers est étrange et singulier, il y aura quand même toujours une mélodie pour vous accrocher l'oreille d'une façon ou d'une autre.

Comme je le disais, vous trouverez très peu de violence brute ici et la musique du groupe est souvent lente ou mid-tempo, privilégiant la création d'univers et d'ambiances que la ruée dans les brancards. Et ça lui va bien tant "Corrupted Pillars Of Vanity" arrive une fois de plus à nous faire apparaître des images dans la tête. Quelques accélérations se font évidemment entendre, les racines black metal ne sont pas là pour rien, mais ce n'est pas ce qui intéresse le plus ces fous. Encore une fois, je tiens à signaler le plaisir d'entendre un groupe qui utilise sérieusement le saxophone, un instrument dont je ne suis pourtant pas spécialement friand à la base, c'est dire ! Ici, il est vraiment un instrument de plus, presque une troisième guitare comme je l'avais dit pour "Tales From Hydradh" et il se fond naturellement dans les morceaux. Cela me change de certains groupes qui, à une époque, en ont mis partout parce que cela donnait une éventuelle caution avant-gardiste. On a d'ailleurs pas mal de percussions qui se font une place cette fois-ci et qui s'intègrent d'ailleurs tout aussi bien. "Corrupted Pillars Of Vanity", s'il continue sur la voie lancée par son prédécesseur, montre déjà une évolution notable, ce qui en seulement deux albums me laisse penser que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. La première moitié "Liturgy For The Ekzunreh" prend d'ailleurs des airs de procession ou de rituel, tout en gardant une beauté surprenante via ces choeurs en arrière-plan et ces arpèges discrets mais efficaces. La seconde moitié surprend tout autant en partant dans un black metal plus rageur aux mélodies presque spatiales, logique pour de la science-fiction mais étonnant par rapport au reste de l'album. Comme d'habitude, encore plus quand on parle d'album concept, je ne peux que vous conseiller d'écouter l'album d'une traite. L'univers qu'il développe prendra forme d'autant plus facilement et vous pourrez profiter de toutes les nuances que développe Ætheria Conscientia.

Au final, "Corrupted Pillars Of Vanity" continue sur la voie tracée par "Tales From Hydradh" mais en profite pour ajouter de nouveaux éléments, explorer de nouvelles terres et développe toujours cette puissance d'évocation qui lui permet de vous embarquer dans son univers. Pour peu que vous ne soyez pas réfractaires à l'expérimentation, vous avez là un sacré candidat au voyage !


Murderworks
Juin 2021




"Tales From Hydhradh"
Note : 15/20

Du black metal avec du saxophone, vous en avez déjà entendu, mais peu de groupes l'utilisent comme le font les Nantais d'Ætheria Conscientia qui nous livrent leur première réalisation avec "Tales From Hydhradh", un album concept typé science-fiction. Rien que ça a de quoi surprendre dans l'univers du black, mais dites-vous que musicalement non plus vous n'êtes pas au bout de vos surprises.

Le groupe ajoute une bonne louche d'influences progressives à son black metal et le point le plus notable, ou du moins celui que l'on remarque le plus vite, est justement ce fameux saxophone. On a l'habitude des groupes qui en ajoutent une petite pincée par endroits pour donner un petit côté jazzy ou avant-gardiste mais Ætheria Conscientia l'intègre comme un instrument à part entière et il se fait entendre comme une sorte de troisième guitare si l'on peut dire. Une utilisation de cet instrument pour le moins inhabituelle mais qui donne une personnalité indéniable à la musique du groupe et qui ajoute un réel plus aux ambiances de ces quatre morceaux. Son inclusion n'a rien du gimmick et on sent très vite que les morceaux ont bien été composés avec le saxophone en tête, donc pas d'inclusion maladroite pour se donner un style et se démarquer à tout prix. Le groupe prend le temps de développer ses ambiances puisque les quatre morceaux durent entre neuf et douze minutes, de quoi passer par pas mal de sonorités et structures différentes. Malgré l'appartenance d'Ætheria Conscientia à la scène black metal, la violence n'est pas le propos ici, quelques blasts et accélérations viennent de temps en temps épicer le tout et amener un peu de dynamisme à l'ensemble mais c'est globalement un black plutôt posé que le groupe développe sur ce premier album. Il y a peu de chances que les puristes du black y trouvent leur compte et l'ouverture d'esprit s'avère obligatoire pour espérer apprécier ce qui se passe sur "Tales From Hydhradh".

D'ailleurs, vu la présence du saxo vous avez tout intérêt à apprécier le son de l'instrument parce que vous allez en bouffer sur ce premier album, comme je le disais, le groupe ne l'utilise pas comme un supplément mais bien comme un instrument à part entière. "Along The Uncertain Paths Of Maphoros" débute sur un rythme tribal avec le saxophone en renfort créant une ambiance très particulière qui colle très bien au concept puisque celui-ci évoque visiblement les rituels et prophéties d'une race extraterrestre. Les influences prorgessives dont je parlais en début de chronique sont surtout à trouver à ce niveau, la façon dont le groupe voit la musique. Cette volonté de ne pas se plier à un quelconque code qui dicterait ce qui est autorisé dans tel style de musique, cette envie de créer un univers au-delà de la musique avec les paroles, les artworks, créer tout un univers autour des morceaux. Ætheria Conscientia se fout clairement des barrières et expérimente ce qui lui paraît pertinent, une très bonne idée qui lui permet dès son premier album de se faire une patte particulière, ce qui n'est pas un mince exploit pour un groupe littéralement sorti de nulle part ! Niveau production, ça sonne bien sans donner non plus dans le gros son, on entend clairement tout le monde et les guitares ont le tranchant typique du black metal.

Un premier album prometteur à la personnalité affirmée avec une utilisation inhabituelle du saxophone qui permet de créer des ambiances à part. Ætheria Conscientia a réussi à tirer son épingle du jeu et risque fort de se faire remarquer avec ce "Tales From Hydhradh" pour le moins atypique.


Murderworks
Août 2018


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/aetheriaconscientia