Le groupe
Biographie :

Aenaon est un groupe de black metal progressif grec formé en 2006 et actuellement composé de : Astrous (chant / Katavasia, ex-Majeste Simphonia, ex-Agos, ex-Black Winter, ex-Disolvo Animus), Achilleas C. (guitare, basse / Katavasia, Varathron, ex-Incorporeal, ex-Tortured, ex-Chaotic Symmetry), Orestis Zyrinis (saxophone) et Haris (batterie / No Hand Path, Varathron, ex-Indoriath, ex-Insight, ex-Morpheus, ex-Revolting Breed, ex-Utmost Contempt). Aenaon sort son premier album, "Cendres Et Sang", en Juin 2011 chez Code666 Records, suivi de "Extance" en Janvier 2014, de "Hypnosophy" en Novembre 2016, et de "Mnemosyne" en Octobre 2022 chez Agonia Records.

Discographie :

2009 : "Phenomenon" (EP)
2011 : "Cendres Et Sang"
2014 : "Extance"
2016 : "Hypnosophy"
2022 : "Mnemosyne"


La chronique


Si vous faites partie des puristes fermés à l'idée de toute expérimentation ou de tout mélange, vous pouvez d'ores et déjà fuir puisque les Grecs d'Aenaon ne vont pas vous ménager avec leur quatrième album "Mnemosyne" ! Se plaçant lui-même dans la case black metal progressif, le groupe a toujours créé une musique barrée, étrange, aux accents avant-gardistes, qui pouvait parfois évoquer la folie d'un Arcturus période "La Masquerade Infernale" ou les accents mélodiques et pagan d'un Borknagar le tout mélangé à des envolées prog digne d'un Opeth.

Mais ce petit étalage de groupes ne sert qu'à grossièrement situer la bête puisque depuis ses débuts Aenaon présente quelque chose de personnel, les influences citées ne sont là que pour vous donner une vague idée du spectre sonore couvert ici. "Psyche" ouvre l'album et fait déjà entendre des sonorités progressives et une ambiance à cheval entre l'onirisme et la folie avec quelques riffs dissonants, du chant hurlé couplé à des choeurs clairs, un groove indéniable et quelques ambiances proches du black metal des premiers Emperor avec les claviers fantomatiques de rigueur. Ajoutez à cela une sensibilité mélodique typiquement grecque et vous obtenez un mélange très particulier et un album une fois de plus très riche qui va demander toute votre attention. Pourtant, Aenaon ne cède jamais à l'expérimentation débridée et garde toujours un minimum d'efficacité et d'accroche mélodique pour que son black progressif reste percutant. Ce morceau d'ouverture est d'ailleurs une bonne carte de visite pour ceux qui ne connaîtraient pas encore la musique du groupe, on y trouve quasiment toutes ses facettes et on passe d'ambiances inquiétantes à des passages avant-gardistes et dissonants sans oublier les mélodies parfois mélancoliques, parfois enchanteresses, le tout avec juste ce qu'il faut d'agressivité. Un bon condensé de ce que va proposer "Mnemosyne" pendant quarante-huit minutes et un aperçu suffisant pour vous permettre de savoir si vous avez une chance d'accrocher ou non.

Comme dit plus haut, si vous faites partie des puristes il y a peu de chances que le miracle se produise, mais si des groupes comme ceux qui ont été cités auxquels vous pouvez ajoutez Solefald dans une moindre mesure, là vous aurez probablement de quoi étancher votre soif d'expérimentation. "Cartesian Eye" qui suit en deuxième position se montre plus fou encore avec un saxo complètement possédé et des passages plus progressifs ou expérimentaux qui se mélangent à une sorte de black metal dissonant proche dans l'esprit des derniers Dodheimsgard, la brutalité en moins. Je le répète, il ne faut que pas tous les noms cités vous laissent penser que Aenaon n'a pas sa patte, rien que les sonorités typiques de la scène extrême grecque suffisent à le démarquer et à donner encore plus de puissance à ses ambiances. Il y a aussi cette tendance à l'introspection liée aux thèmes abordés par le groupe depuis ses débuts, chaque album étant une plongée dans l'inconscient dont on ressort rarement indemne. Un morceau comme "Trauma Cultura" arrive à être bouleversant et touchant par moments et totalement dingue et agressif à d'autres et laisse pantois tant on ne sait jamais sur quel pied danser tout en gardant là encore suffisamment de mélodies accrocheuses pour que l'on ne soit pas totalement perdu. L'instrumental "Clark Nova" enchaîne d'ailleurs avec une ambiance générale qui joue une fois de plus l'équilibriste entre la beauté mélancolique et la folie totale.

Aenaon nous revient avec un album dans la lignée de ses prédécesseurs et donc aussi fou et agressif que mélodique et accrocheur. L'étiquette black metal progressif colle faute de mieux mais ne vous laissez pas avoir, la musique du groupe est bien plus riche que ça et propose beaucoup plus qu'un simple mélange des deux genres. Une fois de plus, les puristes feront un malaise puisque le groupe expérimente, tente des mélanges surprenants et utilise des sonorités bizarres. Un voyage mouvementé dans l'esprit humain qui va en laisser plus d'un sur les rotules comme d'habitude.


Murderworks
Décembre 2022


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.aenaon-band.com