"Heroes & Villains" : voici encore un nom qui sent bon la princesse et le chevalier avec, pourquoi pas, un ou deux dragons et quelques magiciens. D'ailleurs, l'introduction de l'album nous fait facilement penser à un bon vieux jeu de rôle sur ordinateur avec ses chœurs et ses orchestrations très synthétiques. On imagine déjà ce qui va suivre : un chant clair suraigu, des rythmiques galopantes, une multitude de soli plus épiques les uns que les autres... Raté ! On se retrouve en fait face à un bon gros thrash death mélodique qui ferait pâlir de peur la plupart des jouvenceaux en collants verts et leurs licornes magiques !

En effet, Adamantine nous assaille, sans crier gare, à coup de chant hurlé et de grosses rythmiques. Le son est massif avec une basse bien présente et une batterie qui tabasse sans être assourdissante. Sans s'encombrer de pistes de clavier ou autres samples, le style est assez dépouillé pour un résultat direct et percutant. On a tout de même droit à pas mal de parties mélodiques qui me laissent beaucoup plus dubitatif. En effet, le son des guitares mélodiques n'est pas terrible et certaines harmonies sonnent un peu faux. On arrive à peu près au même constat avec les chants clairs qui ne semblent ni très assurés, ni très justes sur certaines harmonies.

Malgré ces petites faiblesses dans la production, les riffs restent super bien envoyés et nous donnent envie de nous décrocher les cervicales. Je n'ai jamais vu le groupe en concert mais ça présage de la grosse bagarre dans la fosse ! Les morceaux s'enchaînent rapidement sans laisser de répit : pour les bons comme pour les mauvais, il n'y a pas de temps mort dans la bataille ! Alors qu'on pourrait s'attendre à une baisse de régime en milieu d'album, le groupe va, au contraire, durcir encore le ton avec le blast beat d'ouverture de "Spellbound". Ce titre est suivi sans attendre par le sombre et destructeur "Elegies Of War" qui est sûrement mon morceau préféré de cette galette. Il faudra attendre la neuvième piste de l'album pour mériter une petite respiration avec le morceau "Hydra", plus posé et mélancolique. Ces cinq minutes d'accalmie nous laissent juste le temps de rassembler nos forces avant les deux dernières pistes de l'album : "Blood On My Hands" avec son chouette solo à la Iron Maiden et "Everything Ends" dont le fade out final plutôt expéditif clôture cet opus de façon assez décevante.

Au final, ce "Heroes & Villains" ne prête pas à rire. Les Portugais nous proposent ici un thrash death très puissant sans être écœurant. Les parties mélodiques ont des défauts mais elles restent très bien intégrées dans les morceaux et contribuent, sans conteste, à l'excellente dynamique de l'ensemble. Adamantine nous livre ici un album inspiré et bien écrit qui souffre, malheureusement, d'une production qui oscille entre le très bon et le très moche. Dommage, car j'aurais aimé lui donner une meilleure note !