Chroniquer un groupe local n’est jamais un exercice facile, et encore moins dans les villes moyennes, car tu connais au moins de loin sinon de près, voire même de très près (retire ta main de ma cuisse, dude !) les membres qui le composent. Ca aurait été bâtard de ne rien écrire sur Acid River Side, mais ce qui est plus drôle encore c’est de se dire "Je vais écrire une chronique, mais si c’est de la merde, je le dirais". J’ai été sympa je l’ai acheté déjà ! Il faut dire qu’eux aussi ils sont sympa puisque l’EP est à prix libre !

Les instruments arrivent, un par un, insufflant à tour de rôle une énergie supplémentaire jusqu’à arriver à une sensation de crispation, et ce ne sont pas les dents serrées du chanteur qui me contrediront. Sans d’avance connaître le reste de l’EP, "Fond Farewell" me paraît déjà être à sa place en ouvrant le skeud. Toujours corrosif, Acid River Side est aussi doué d’une certaine forme de sensibilité, avec "Violet Eyes" par exemple, tout simplement juste. Les idées sont là et ce sont les bonnes, et l’accent un peu trop français se fait même rapidement oublier, dans "New Century War", notamment. Et puis ce même chant fait une telle performance dans "One More Day" qu’on ira même jusqu’à s’en foutre. Acid River Side transpire le grunge, dans la construction surtout, où chant et guitares se répondent comme autant de slogans soutenus par une foule de cordes. Sur "Feel Alive" par exemple, on se trouve secoués dans les ambiances grasses d’un "Bleach" et quand arrive la dernière piste, on espère qu’ils ont eu autant de finesse que pour l’entrée en matière. Je pourrais arrêter ce papelard ici en vous disant d’aller écouter pour le découvrir mais finalement je vais vous dire, "Rise & Fall" est un véritable bouquet final de rock, qui prend tout son sens une fois l’ensemble de l’EP englouti. D’ailleurs, s’il ne fallait en retenir que deux, je dirais sans hésitation celle-ci ex-aequo avec "One More Day".

J’entends déjà Eddy dire, "Acid River Side ? Ca c’est du rock !" devant un bar bondé. Parce que je peux vous garantir que ces mecs-là, leur musique elle naît dans un garage en plein centre-ville, là où chaque habitant recherche ne serait-ce qu’un quart d’heure de tranquillité. Amen.

(Note à moi-même: J’ai fait une bonne action, j’ai fait plaisir à des copains, mais au final, leur musique, c’est d’la merde).