On ne chôme pas chez Acausal Intrusion puisque à peine un an après "Seeping Evocation", ce duo de psychopathes nous sort déjà son troisième album, "Panpsychism". Vu ce que proposaient les deux premiers méfaits, vous vous doutez bien que vous n'allez pas avoir droit à une promenade de santé non plus cette fois, c'est toujours du death dissonant et brutal teinté de black dont la folie vous explose à la tronche.

Une petite introduction de deux minutes pour nous mettre dans l'ambiance avec "The Horror Above", dont même le titre annonce la couleur, et on se reprend une déferlante de maléfices sonores sur le rable ! "Encoded Hexagrams" ne doit pas vous tromper avec ses accords dissonants en son clair, les gros riffs reviennent bien vite et la furie typique du groupe aussi. Tout juste entend-on sur certains titres comme celui-ci une volonté d'aérer un peu le propos, ce qui ne fait pas de mal vu la densité et l'intensité des deux premiers d'Acausal Intrusion qui étaient assez épuisants. Mais pour le reste on retrouve les éléments qui ont forgé la personnalité de ce duo malade, à savoir les dissonances d'un Gorguts, la folie sonore et technique d'un Ulcerate, le tout mélangé à la malfaisance et la froideur du black metal. "Statical Universe" passe la seconde et démarre sur des riffs écrasants et rampants qui nous font tomber dans une sorte de doom possédé avant de repartir sur un rythme bien plus syncopé et rapide. Comme d'habitude avec Acausal Intrusion, à chaque fois que vous pensez avoir une porte de sortie et un peu d'air pour reprendre votre souffle, il vous remet un coup de massue derrière la nuque et vous refait boire une petite gorgée d'acide et de plomb en fusion. C'est bien ce qui se passe sur ce morceau de plus de sept minutes dont les structures retrouvent bien vite leur folie incontrôlable. La brutalité se refait une bonne place elle aussi et si le groupe ménage comme dit plus haut quelques plages vaguement plus aérées, ce n'est que pour mieux vous assommer ensuite. Comme pour les deux premiers albums, votre endurance va être testée et seuls les plus résistants arriveront à la fin de ces quarante-huit minutes de folie. Une folie certes un peu plus contrôlée à certains moments mais qui reste tout de même éprouvante.

Quelques mélodies se font discrètement entendre sur certains passages et nous rappellent qu'il y a tout de même quelque chose de vaguement humain derrière tout ce bordel. Et si vous commencez déjà à souffrir après ça, dites-vous qu'un pavé de près de onze minutes vous attend tout de suite après ! "Pillar Of Rationality", c'est son petit nom, démarre lui aussi avec une petite feinte qui fait croire que le groupe va un peu calmer le jeu, quelques accords en son clair une fois de plus avec les dissonances qui vont bien et quelques mélodies qui tranchent pas mal dans ce chaos sonore. Après deux albums éprouvants et totalement possédés, Acausal Intrusion a décidé d'amener de très légères touches plus mélodiques, plus humaines, qui permettent de respirer un peu de temps en temps. Mais n'allez pas croire que le propos a été réellement adouci, ces petites touches mélodiques font du bien quand elles arrivent et varient les ambiances proposées par le groupe. Mais elles restent discrètes et épisodiques, la musique du groupe reste bien ce magma sonore maléfique que l'on connaît bien maintenant et qui va une fois de plus mettre tout le monde à l'épreuve. Pour accompagner cette légère évolution, la production se fait un tout petit peu moins sèche cette fois. "Panpsychism" a tout du voyage initiatique croisé à un bad trip comme ses deux prédécesseurs, le voyage est donc toujours aussi mouvementé et perturbant malgré les quelques arrivées d'air auxquelles on peut parfois avoir droit. Tout ça pue l'occultisme à plein nez et Acausal Intrusion n'a pas l'intention de vous faciliter les choses, l'initiation sera brutale !

"Panpsychism" suit donc la voie de ses deux prédécesseurs en amenant un tout petit peu plus de mélodie et en aérant parfois le propos. Acausal Intrusion propose donc juste ce qu'il faut d'évolution pour ne pas répéter les mêmes schémas en boucle et nous envoie un troisième album aussi terrassant, brutal et dingue que les deux premiers.

Un peu plus d'un an s'est écoulé depuis la sortie de "Nullitas", le premier album d'Acausal Intrusion, et ce duo fou revient déjà à la charge avec "Seeping Evocation" ! On prend les mêmes et on recommence avec ce death brutal, chaotique, dissonant et déstructuré qui tente de nous perdre dans ses labyrinthes sonores avec un sadisme totalement assumé. Vous pouvez déjà préparer les Doliprane parce que ça secoue toujours autant !

Après la petite introduction de rigueur au doux nom de "Putrefaction" et à l'ambiance évidemment inquiétante, c'est "Formless Conjoining Chaos" qui démarre vraiment les hostilités avec ses dix minutes et son titre qui annonce la couleur. On retrouve effectivement une musique chaotique, en mouvement constant et aux ambiances malsaines et oppressantes qui évoque une créature à mi-chemin entre un des anciens de Lovecraft et un élémentaire de magma. On retrouve la même production que sur "Nullitas" avec cette caisse claire sèche comme un coup de trique et ces guitares lame de rasoir qui vous tailladent les tympans. La dissonance est très fréquente et les structures sont presque toujours brisées, comme si le Gorguts de "Obscura" avait définitivement pété les plombs et s'était mis à l'occultisme. Les morceaux sont donc à tiroirs comme sur "Nullitas" et sont donc assez longs, ce qui, vu l'intensité et la densité de l'album, devrait encore en mettre quelques uns sur les rotules. Acausal Intrusion ne laisse pas beaucoup d'espace pour respirer et l'air viendra vite à manquer sous cette chape de plomb en fusion. "Seeping Evocation" a le même but que son prédécesseur, vous noyer sous les informations et vous faire suffoquer par ses émanations de soufre et ses vapeurs acides. "Mnemonic Confabulation" laisse plus de place à la lourdeur et installe un climat plus rampant et d'autant plus noir sans jamais se départir de cette folie psychotique qui habite la musique du groupe. Comme précédemment, Acausal Intrusion a une nette tendance à l'expérimentation et il va falloir vous accrocher pour le suivre dans ce dédale infernal.

Entre les dissonances, les cassures rythmiques, l'aspect volontairement chaotique et le son sec sur la batterie et gras sur les guitares et la basse, il y a de quoi se sentir dépassé. Ce qui est sûr, c'est que Acausal Intrusion ne dévie pas d'un poil de la voie tracée par "Nullitas", on retrouve la même ambiance apocalyptique et la même confusion sur "Seeping Evocation". Si ce premier album vous avait déjà épuisé, vous savez que le voyage va être rude cette fois encore puisque ce deuxième méfait ne cède rien et ne fait pas plus de compromis que son prédécesseur. Il n'y a pas la moindre notion d'accroche là-dedans et ces cinquante-cinq minutes vont demander toute votre attention et une bonne endurance. C'est du metal extrême au sens large du terme et si les riffs infernaux viennent tout droit du death metal, les dissonances et autres ambiances noires comme la suie amènent de légères touches black metal. Et quand le groupe daigne arrêter de balancer des rafales de blasts ou de casser le rythme toutes les deux secondes, c'est qu'il s'apprête à vous envoyer une ambiance morbide et écrasante que ne renieraient pas les groupes de doom les plus funèbres et malsains. Le début du pavé "Ostensible Implanted Inheritance" en est un bon exemple avec une ambiance justement très funèbre et écrasante même si le groupe reprend bien vite le chemin du chaos par la suite. L'instrumental "Nythra Kthunae Atazoth" entièrement acoustique pourrait vous faire croire que "Seeping Evocation" vous accorde un peu d'air mais l'engin est tellement dysharmonique et atonal qu'il installe une ambiance toute aussi malfaisante que le reste de l'album.

Acausal Intrusion revient donc avec un deuxième album aussi terrifiant, étouffant et épuisant que son prédécesseur et nous remet une bonne heure de death chaotique et malsain dans les tympans. "Seeping Evocation" ne dévie pas de la voie tracée par "Nullitas" et si ce dernier vous avait marqués par ses ambiances malsaines et son côté déstructuré, vous pouvez vous préparer à une nouvelle plongée en eaux troubles.

Décidément il y a du monde qui sort chez I, Voidhanger en ce moment, cette fois c'est au tour du duo américain Acausal Intrusion de sortir son premier album "Nulitas". Un nouveau groupe certes mais pas des débutants puisque le batteur Cave Ritual (Jared Moran) est impliqué dans un nombre incalculable de groupes et projets différents. Le style pratiqué est décrit comme étant du death technique et chaotique et je dois dis que c'est plutôt conforme à ce qu'on se prend dans la tronche pendant une bonne heure.

"Corpus" fait office d'intro et pose l'ambiance pendant un peu plus de deux minutes, une ambiance évidemment poisseuse, glauque et malsaine. Les vrais morceaux sont eux bien plus longs et atteignent souvent les huit ou neuf minutes, de quoi prendre le temps de tisser sa toile et de perdre l'auditeur dans un dédale de structures tortueuses et de riffs tordus. "Transcending The Veil" nous fait une feinte avec des arpèges en son clair sombres mais pas encore trop inquiétants. On sent la tension monter progressivement et une fois la bête lâchée c'est une autre histoire, les riffs deviennent sales, les growls profonds semblent débarquer d'une autre dimension et l'ambiance prend subitement du plomb dans l'aile. On peut sentir l'influence de Gorguts pour l'aspect malsain et dissonant et la violence brute, celle d'Ulcerate aussi quand le rythme s'emballe et que l'ensemble devient vraiment technique. Sauf qu'Acausal Intrusion pousse le délire plus loin et s'approche de l'avant-gardisme tant certains passages semblent décousus, une impression volontairement entretenue pour amplifier le chaos ambiant. Le death d'Acausal Intrusion est effectivement technique et chaotique mais aussi maléfique et rampant, la violence ne se manifeste pas en permanence et ajoute une folie à ces morceaux déjà bien complexes et malades. Il y a clairement un feeling occulte sur "Nulitas", cela s'entend particulièrement sur "Nexious Shapheshifters" par exemple qui laisse entendre une voix en arrière-plan aux airs d'incantation. Comme d'habitude chez les groupes que signe ce label, peu importe le style pratiqué d'ailleurs, Acausal Intrusion produit une musique exigeante et éprouvante qui ne plaira pas à tout le monde.

On ne peut pas encore parler de groupe réellement atypique pour autant puisque les influences citées se repèrent assez facilement, mais "Nulitas" propose déjà des ambiances particulières et s'émancipe quelque peu par le biais de ce fameux feeling occulte. C'est d'ailleurs lorsqu'il appuie particulièrement là-dessus que le groupe développe vraiment sa patte, "Qabbalistic Conjoining Existence" en est un très bon exemple avec son ambiance hors du temps et ses dissonances malsaines. C'est probablement une voie que le groupe pourrait suivre à l'avenir et qui donnerait à n'en pas douter quelque chose d'encore plus personnel. Pour autant, même si les influences se sentent facilement, "Nulitas" est quand même une sacrée carte de visite et Acausal Intrusion y montre déjà un gros potentiel. D'autant plus que dans cette veine chaotique et technique il est difficile de ne pas être rapproché des géants qui sont passés par là avant, ce n'est pas imputable uniquement à ce groupe. Les quelques interludes donnent de bonnes pistes pour une future évolution aussi, "Animus" semble sortie tout droit d'un film d'horreur et pose une ambiance bien glauque. Une ambiance inquiétant et extrêmement malsaine que garde "Invocation Apprehension" au milieu de son chaos. La production concourt aussi à ce climat poisseux avec des guitares assez grasses d'un côté et une batterie bien sèche qui claque comme un fouet de l'autre, un mélange qui colle bien au style et qui rend le tout suffisamment clair. Une bonne chose vu le nombre de changements de rythmes et la technicité de l'ensemble, ça évite que le côté chaotique vire à la bouillie sonore.

Acausal Intrusion nous livre donc avec "Nulitas" un très bon album de death technique, chaotique et occulte qui pose des ambiances malsaines et se montre éprouvant du début à la fin. On sent encore quelques influences mais le groupe sème des pistes pour une future évolution et développe déjà une personnalité particulière. Comme d'habitude avec I, Voidhanger Records, c'est à réserver aux esprits ouverts et aux amateurs d'extrême au sens large.