Le groupe
Biographie :

Abyssus est un groupe de death metal grec formé en 2011 et actuellement composé de : Kostas Analytis (chant / Carnal Garden, Soulskinner, ex-Cryptic Realms, ex-Necrosis), Panos Gkourmpaliotis (guitare / ex-Cross Denied, ex-Crown Thy Horns), Christos Liakos (guitare / Convixion, Hostage, Malicious Silence, Released Anger, Soulless, ex-Liaison Decay), Jan Westermann (batterie / Kawir, Released Anger, ex-Diablery, ex-Lloth, ex-Vigour, ex-Ctulu) et Vagelis (basse / ex-Decomposed Existence, ex-Deus Infestus, ex-Postraumatic). Abyssus sort son premier album, "Into The Abyss", en Octobre 2015 chez Memento Mori, suivi de "Death Revival" en Janvier 2022 chez Transcending Obscurity Records.

Discographie :

2012 : "Monarch To The Kingdom Of The Dead" (EP)
2014 : "Summon The Dead" (EP) 
2015 : "Into The Abyss"
2018 : "Unleash The Storm" (EP) 
2020 : "Relics Of The Past" (EP) 
2022 : "Death Revival"


La chronique


- "Tiens, mais que fait Aby ?"
- "Eh bien, Aby suce…"

Pardon, je mourrais d’envie de la faire celle-là. Après cette intro choc de début d’année 2023, intéressons-nous au nouveau méfait d’Abyssus, le bien nommé "Death Revival". Déjà ce nom est tout à fait adéquat tant le groupe sonne comme un mix détonnant entre Death (le groupe) et Autopsy, Master et consort pour le côté linéaire et thrashy. Sorti il y a pile un an, "Death Revival" est un concentré de thrash / speed / death metal qui file tout droit, avec tout ce qu’il faut en clichés du genre pour qu’il n’y ait pas de tromperie sur la marchandise.

En effet, dès les premières notes, "Death Revival" apparaît comme un rejeton sincère de Grave, Obituary, Autopsy, Possessed, Death Strike etc. Les 7 titres qui constituent cette galette, véritables concentrés de véhémence, possèdent cette touche old school incisive colportée jusqu’à nos jours grâce à l’héritage des anciens. La chose qui dénote par rapport à l’art ancestral du death old school, c’est la production qui, elle, est actuelle. Attention, j’ai bien précisé qu’elle est actuelle, pas moderne. En effet, le traitement du mix et les sons employés respectent les arcanes du passé, mais le fait que tout soit limpide, que les guitares soient bien détachées dans le mix, le chant compressé bien au centre avec pile la bonne petite dose de réverbe, la batterie légèrement en retrait mais bien distincte, avec un son de caisse claire claquant à souhait, c’est de la prod conventionnelle, sans expérimentation. Le chant entretient ce côté possédé et hystérique, ce petit charme issu d’une approche vocale instinctive et naturelle, loin de toute cette hype actuelle autour de la maîtrise des différents timbres, guttural, growl, grunt, scream, bree, etc. Non, là ça beugle, point. Abyssus propage la sainte parole au travers de titres parfois très funéraires : "Where Wolves Are Out To Hunt", ou vindicatifs : "The Ten Commandments", si ce n’est pas un hommage à peine dissimulé à Slayer : "The Beast Within" et l’intro de "The Witch".

Peu importe la masse sonore qui s’extrait de nos enceintes à l’écoute de cet album sérieux dans son art de modeler et structurer le death metal, on perçoit cette vibration macabre qui donne envie d’headbanguer comme un connard. Les quelques solos, à la fois anarchiques et techniques, possèdent eux aussi une résonnance passéiste délicieusement assumée. L’interprétation globale, autant dans le chant que dans les autres instruments, est très crue. L’album, dans son entièreté, délivre une expérience d’écoute très plaisante, pourtant, on ne peut pas dire qu’il s’y passe grand-chose. Il faut dire qu’en misant sur le côté impactant, autant dans le son que l’interprétation, tout en faisant fi des éventuelles critiques dont pourrait souffrir une formation de la trempe d’Abyssus, à savoir qu’ils ressassent le passé sans rien amener de bien novateur, les membres de ce quintette optent pour une direction qu’ils respectent à la lettre. Cette sincérité qui se ressent au travers d’une musique roots et sans fioritures est un modèle d’intégrité, être intègre avec ses convictions, c’est souvent ce qu’il manque à certaines formations qui jouent du metal pour montrer qu’ils jouent du metal. Abyssus défend sa démarche avec une honnêteté naïve et sincère.

Transcending Obscurity ne s’est pas trompé en ajoutant Abyssus à son écurie, le label, qui propose toujours des sorties de qualité, en nombreuses versions (vinyles colorés, coffret en bois limité, shirts, long sleeves et j’en passe), creuse un sillon toujours plus épais dans les vastes plaines métalliques, faisant surgir à la surface des hordes de formations au service des anciens. Ainsi, "Death Revival", par sa simplicité et son approche sans compromis, fait office de conservateur, préservant un art de faire qui est peu défendu aujourd’hui, peu, ou très mal défendu, car des groupes qui jouent du OSDM il y en a, mais Abyssus propose une relecture très précise de cet art de démonter les oreilles. On remonte au début des années 90, voire même encore avant, on enfile notre bonne vieille battle jacket sur le perfecto et direction le Monop’ du coin pour se dégoter un pack de kros tièdes.


Trrha'l
Janvier 2023


Conclusion
Note : 16,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/abyssus666