Dans le genre line-up que l'on n'a pas vu venir, Absent In Body fait fort : Mathieu J. Vandekerckhove et Colin H. Van Eeckhout d'Amenra, Scott Kelly de Neurosis et un certain Igor Cavalera ! Et après un premier EP "The Abyss Stares Back" en 2017 c'est avec un album que le groupe revient cette fois, "Plague God" de son petit nom. Et que fait tout ce beau monde une fois réuni ? Une bonne grosse mélasse aux confins du doom, du sludge et de l'industriel en gros.

Le tracklisting annonce la couleur avec ses cinq morceaux pour trente-six minutes qui nous confirme que ça va être lent, lourd et que l'ambiance ne va pas être au beau fixe. "Rise From Ruins" en pose une bien sale très vite avec ses percussions presque tribales voire rituelles et quelques arrangements en fond qui n'invitent pas vraiment à la fête. Les guitares finissent par se faire entendre et si Amenra nous vient évidemment à l'esprit, il y a ici une ambiance bien plus désespérée et torturée qui se déploie. Ce crâne sur la pochette qui semble appartenir à une créature sortie de l'imagination de Lovecraft résume bien ce que vous allait trouver par ici, quelque de chose de rampant, de malsain et de bien baveux. Les relents industriels et les effets sur la voix de "In Spirit In Spite" nous ramènent aux premiers Godflesh avec ce feeling industriel, sale et urbain. Le dénominateur commun entre ces cinq morceaux c'est justement cette noirceur dégueulasse. Elle imprègne l'intégralité de "Plague God" et si l'album n'est pas très long, ce sera largement suffisant pour vous faire suffoquer tant l'oxygène se fait rare. "Sarin" dans son caractère très malsain et glauque me rappelle même les grands malades de Terra Tenebrosa, c'est vous dire à quel point vous allez prendre cher avec Absent In Body. Ce morceau se fait d'ailleurs plus lancinant, plus répétitif et plus hypnotique pour une ambiance d'autant plus dingue et inquiétante. "The Acres / The Ache" reprend ces fameuses percussions tribales et rituelles et nous ajoute à l'ambiance déjà pas très joyeuse un caractère quasiment incantatoire. Ce morceau est d'ailleurs un des plus noirs, malsains et dérangés de ce premier album qui n'est pourtant déjà pas très accueillant le reste du temps.

Même si l'ensemble est d'une noirceur impénétrable, il y a tout de même quelques passages plus posés et suffisamment de variété dans les tons de noir pour ne pas paraître monolithique. "The Acres / The Ache", justement, se termine par quelques lignes de chant clair plus mélancoliques et désincarnées qui amènent une certaine beauté à ce bloc de charbon. Tout ça juste avant de nous achever dans les dernières secondes par un retour à quelque chose de bien plus dur et menaçant, la transition parfaite pour cueillir tous les inconscients qui ont baissé leur garde. Je doute que l'on puisse expérimenter ça en live un jour mais j'espère au moins que les bougres ont l'intention de continuer à faire de la musique ensemble. "Plague God" emprunte à la fois aux groupes de certains de ses membres mais et se permet d'expérimenter, d'aller chasser sur de multiples terres en gardant toujours une ambiance à couper au couteau. Il y a une approche presque minimaliste, très directe qui renvoie une fois de plus aux premiers Godflesh et qui ne s'embarrasse pas de cinquante couches de sons ou d'effets en tous genres. Quelques uns sur la voix de temps en temps et le reste passe par les riffs, les mélodies et cette production à la fois puissante et suffisamment sale et froide pour amplifier encore le caractère terrifiant de "Plague God". Pour ceux qui n'auraient pas encore compris que la violence et la brutalité ne passent pas que par la vitesse et l'urgence, voilà un album qui va leur apprendre la leçon dans la douleur.

"Plague God" nous met donc bien la claque que l'on espérait et pose une ambiance extrêmement noire et sale de bout en bout. C'est torturé et Absent In Body dégage ici une ambiance froide et malsaine aux relents industriels en plus d'une lourdeur à vous broyer les os. On espère que le groupe nous réservera d'autres surprises de ce niveau à l'avenir parce que dans le genre extrême ça se pose là !