"Pyramids Of Damnation"
Note : 16/20
Si vous aimez le death metal, vous ne serez pas déçus par Aborted Fetus ! Créé en 2000
sous le nom d’Incide Decay puis Fermented Corpse, le groupe adopte rapidement son
patronyme actuel et travaille sur un brutal death solide. Il faut attendre 2008 pour le premier
album, après trois splits, un EP et trois démos, mais depuis rien n’arrête les Russes qui nous
envoient "Pyramids Of Damnation", leur septième album. Côté line-up, Alexander
"Meatgrinder" Andreev (chant / guitare) mène toujours la barque avec à ses côtés Sergey
Doc (basse, ex-Orthodox), Igor Stafeev (chant, Lethality) et Alexey Melyukhin (batterie).
L’album, prévu pour début Septembre chez Comatose Music, s’axe sur un brutal seath
intransigeant et martial, accompagné d’influences orientales, et plus particulièrement
égyptiennes. On peut évidemment le vérifier aux noms de certains morceaux, comme
l’introduction instrumentale nommée "Pharaoh’s Disaster", ou l’imposante "Invasion Of
Bloodsucking Insects", qui relate un passage de l’histoire égyptienne. Entre histoire et son
massif, le groupe n’hésite pas à poser quelques passages instrumentaux, comme "Tombs Of
Damnation", un titre inquiétant qui sert à faire une petite pause dans ce déferlement de
violence, ou encore "The Ancient Ritual Of Death", nous permettant de respirer avant le final.
Si la plupart des titres restent dans une durée assez “normale” pour du death metal,
permettant au groupe d’envoyer la sauce en permanence tout en conservant ces riffs
impactants et parfois groovy comme "Earth’s Bloody Punishment" ou "Abscesses On My Body",
trois des morceaux sont beaucoup plus longs. Plus de sept minutes donc pour "Fire
Spreading Over The Earth", "Fear Of Darkness" et "Pharaoh’s Firstborn Execution", le dernier
morceau. Mais peu importe la durée des morceaux, le groupe parvient sans mal à conserver
la même intensité du début à la fin du morceau, avant de nous libérer grâce à l’outro.
Aborted Fetus ne ralentit pas la cadence avec "Pyramids Of Damnation", et propose un
album de plus d’une heure intense. Entre gros riffs, passages ambiants et hurlements gras,
le groupe est toujours en pleine ascension.
"The Ancient Spirits Of Decay"
Note : 13/20
Aborted Fetus revient avec l'album "The Ancient Spirits Of Decay", une galette qui continue à
perpétuer l'ambiance que le groupe a commencé à jouer depuis l'album "Private Judgement Day"
sorti en 2014. C'est-à-dire des compositions mêlant des melodies brutal death avec des riffs plus old
school et un peu de slam. C'est un nouvel ensemble de morceaux à partir duquel on peut identifier
des airs d'Obituary, de Cannibal Corpse et même de Benighted. Un album qui me semblait excellent
d'avance en fait.
Tout commence par un souffle venteux comme l'indique le titre du premier morceau, "The Wind Of
Agonising Spirits". Une première mise en bouche qui sera guidée par une batterie lourde, elle-même
suivie d'un blast. Une introduction très calme qui laisse cependant transparaître la brutalité
qu'on connaît si bien chez ces musiciens, on peut y entendre des riffs de
death traditionnel qui s'immisceront dans d'autres tracks. Autant dire que je suis impatient d'écouter
le reste des morceaux.
C'est étrange, on peut y ressentir une ambiance plus malsaine et bizarre de ce qu'on a l'habitude
d'écouter par rapport aux premiers opus de la discographie des Russes :
"Nailed To The Cross" fait part d'une batterie plus grave encore et d'un growl dissonant et modulable,
la part de slam qui y est apportée est très efficace, les riffs old school s'harmonisent très bien avec
l'atmosphère brutal death de l'album. On peut y retrouver ces mêmes airs dans "Cradle Of
Revulsion", cette révulsion démarre en effet par un environnement sordide et saugrenu, malgré un
chant monotone et qui le sera dans d'autres parties de cette nouvelle sortie du groupe, on y retrouve
des mélodies de death classique saturées à la Obituary avec les
notes brutal death habituelles. On y entend aussi ce côté distordu dans "Roasted Alive In The Copper
Bull's Stomach", accompagnée d'une voix beaucoup
moins monocorde et qui colle parfaitement aux blasts, les mélodies plus traditionnelles old school et
brutal s'y homogénéisent parfaitement.
Mais on peut parfois tomber sur des morceaux de l'album qui laissent entrevoir une certaine facilité
d'Aborted Fetus à placer souvent les mêmes éléments :
par exemple dans "Eaten By Pigs In The Trough", le growl est classique et est suivi par les riffs
lourds caractéristiques de l'atmosphère habituelle de l'album mais qui n’en reste pas moins efficace,
on y retrouve un côté slam très dynamique. "Drenched Eyes In Boiling Oil" suit les mêmes idées,
mais nous apporte une voix plus intense et une ambiance digne de ce que Cannibal Corpse produit,
le slam pose également bien sa marque dans cette track. Ces riffs sont encore plus présents dans "Rack
Of Torment", mais on y entend d'autres qui sont plus planants, c'est une chanson dont j'étais le moins
attiré.
Le thème du brutal death est mis plus en avant avec "Beheaded On The Guillotine" qui nous fait
vivre d'abord une entrée très fracassante avec un chant très puissant,
mélangés avec un slam beaucoup plus dynamique et des riffs beaucoup moins pesants qui laissent
part à une véritable énergie. Le brutal death est encore plus présent dans
"Cold Lake Of The Sinner", on y retrouve une batterie assez sèche avec cette voix qui finit par un cri
agonisant mêlé à des riffs classiques. "Iron Petals Of The Blasphemer's Pear",
le meilleur morceau pour moi, nous plonge dans des blasts plus saccadés avec un growl moins
présent mais beaucoup plus fort qui accompagne la partie slam, tel du bon Benighted.
Cet album est aussi imprégné d'une certaine originalité incrustée notamment dans deux titres
plus instrumentaux. "Flame Of Death" dévoile une mélancolie
mystérieuse qui nous laisse méditer pendant un bref laps de temps. "Genital Torture By The Alligator
Tongs" possède la même ambiance que "Flame Of Death" mais rajoute des riffs saccadés
old school et au début un solo de guitare très efficace. Et là...coupure totale, "Follow Into The
Darkness" nous transporte dans un monde plus calme cohabitant avec
du metal atmosphérique et du post-rock à la God Is An Astronaut.
En bref, le groupe nous montre ici qu'il continue à faire du brutal death et du slam death toujours
aussi plaisants et qui mêlent subtilement des inspirations plus classiques.
Cependant, on tombe parfois dans une certaine lassitude avec quelques morceaux qui nous donnent une
impression de déjà-vu.
"Private Judgment Day"
Note : 15/20
Quand on découvre la pochette de l’album, on se dit qu’on va passer un sale quart d’heure.
Elle représente un bourreau qui exécute à tour de bras, sur une place publique, de pauvres gueux, superbe pochette moyenâgeuse, qui ne fait pas dans l’ultra gore comme leurs autres pochettes, mais qui a le mérite d’avoir été bien travaillée et le rendu est efficace.
Les hostilités commencent avec dans le rôle du bourreau : Aborted Fetus, et le pauvre supplicié qui monte sur l’échafaud n’est autre que moi.
La Russie, comme les pays de l’Est en général, ne font pas dans la dentelle quand il s’agit de brutal death metal. Le souffle glacial de la violence musicale commence avec "Savage Domination", effectivement, c’est sans pitié, Aborted Fetus et son album édité à 1000 copies devrait plaire aux fans de slam death metal.
Autant vous dire qu’il n’y en aura pas pour tout le monde et que ce sera, je l’espère, vite épuisé.
La production est claire, massive, la caisse claire est parfaitement audible et moins mise en avant comme ils ont pu le faire par le passé.
Parfois certains morceaux comme "Malignant Pregnancy" me font penser à du Embalmer dans la structure.
Aborted Fetus rectifie sur chaque album suivant les erreurs du précèdent et affine son style pour laisser apparaître leurs influences qui se devinent à l'écoute des morceaux.
Cette production très actuelle donc (meilleure que sur leurs autres albums) vient ajouter un bon grain de violence à la galette, qui déjà n’en manque pas.
Si vous aimez Cephalotripcy, Devourment, Brodequin et consorts, vous allez adorer ce disque gorgé de petites intros malsaines, de grosses parties slam (bien que moins présentes que sur les autres productions d’Aborted Fetus), de brutal death avec des guitares qui incisent les tympans frénétiquement.
Point de révolution dans le style aujourd’hui et on s’en fout ! All we need is pure brutality.