Nous étions sans nouvelle d'Abominator depuis "The Eternal Conflagration" de 2006. Autant dire un bail. Quasiment une décennie plus tard, les Aussies nous reviennent plus cloutés que jamais avec une nouvelle ode à la joie. Une décennie s'est écoulée mais "Evil Proclaimed", cinquième opus de la horde war metal australienne, ne révolutionne en rien le son de ces hérétiques sortis de leur hibernation dans les cages de l'Enfer.

Premier album sous les couleurs du label Hell's Headbangers, le duo constitué du batteur / chanteur Volcano (ancien membre de Deströyer 666) et du guitariste Andrew Undertaker (ex-Bestial Warlust, paye ton affiliation à un groupe culte !) témoigne d'une dévotion intacte aux forces des ténèbres. Leur attaque black / death / thrash est toujours aussi efficace et dévastatrice. La subtilité et la finesse ont été balayées par des légions d'anges déchus venus reconquérir le trône du Très-Haut. Chaotique, sans compromis, tournés vers l'agression la plus barbare, ces huit titres de débauche sonore réduiront en cendres vos tympans. Le duo, en bons bouchers, délivre de grosses tranches épaisses de black / death saignant et avarié. Les amateurs ne seront pas dépaysés et retrouveront avec délectation ce maelstrom de blast beats, de chant vomitif et de dissonances guitaristiques. Si cette persistance et cette conviction dans l'approche sont estimables, elles font également l'objet d'une trop grande linéarité, les schémas de composition sont identiques et offrent peu de surprise. Le plus grand changement réside dans la mise en son. La production est la meilleure que le groupe a pu avoir, claire, grossissant la puissance de destruction d'Abominator.

"Evil Proclaimed" ne sera pas l'un des points marquants de la discographie d'Abominator. Sans se ranger au niveau de "Subversives For Lucifer" (son meilleur album), ou encore de "Nuctemeron Descent", tous deux sortis chez Osmose Productions à la grande époque du label français, ce nouveau recueil de blasphème délivre correctement son lot de furies barbares avec rage et insistance mais le manque de variation et de renouvellement diminue l'impact de ces morceaux. Nous sommes tout de même ravis de voir qu'Abominator est toujours en vie est est capable de sortir de bons albums. Les fans ultimes de Blasphemy et AngelCorpse y trouveront de quoi satisfaire leurs besoins les plus primaires.