Le metal instrumental et technique a le vent en poupe ces derniers temps ! Pas mal de groupes débarquent dans cette scène ces dernières années et Abnormal Thought Patterns est de ceux là, avec maintenant un deuxième album au compteur répondant au nom de "Altered States Of Consciousness".

Sauf que contrairement à des groupes comme Exivious ou Scale The Summit, Abnormal Thought Patterns donne moins dans les escapades jazzy et prog que dans le gros shred qui tache. Les guitares sous-accordées indiquent une petite influence djent même si la musique du groupe ne part pas autant dans les saccades et reste tout de même relativement mélodique. Le côté prog est là lui aussi puisque certains membres faisaient partie de Zero Hour et que cet héritage s'entendait aussi à cette époque-là. Par contre, Abnormal Thought Patterns aime surprendre et prendre des libertés avec un concept qu'il a lui-même choisi de mettre en place, à savoir le tout instrumental, puisque "Nocturnal Haven" voit l'arrivée de chant en la personne de Tommy Rogers (chanteur de Between The Buried And Me) ! Mais que ceux qui seraient indisposés par cette voix se rassurent, le groupe a pensé à eux et a inséré sur l'album la version instrumental de ce morceau. L'autre surprise c'est que quelques blasts velus s'invitent sur ce même morceau alors que la musique du groupe est en général bien plus posée et mélodique. C'est d'ailleurs un des points forts de l'album, le niveau technique est très élevé et ouvertement affiché sans pour autant verser dans la musique pour musiciens inaudible. Bon, il va quand même falloir aimer les trucs complexes et blindés de notes pour apprécier "Altered States Of Consciousness" à sa juste valeur, on est quand même loin du grand public.

Ce qui est dommage par contre, c'est la présence d'une batterie assez faiblarde limite boîte à rythmes (et pourtant il y a bien un batteur dans le groupe), les fameux blasts de "Nocturnal Haven" n'ont par conséquent pas vraiment l'effet escompté. Mais bon, ce petit détail ne gâche pas du tout l'écoute de l'album et de toute façon l'intérêt se trouve ailleurs que dans une éventuelle débauche de violence. La basse, par contre, est parfaitement audible et c'est un régal d'entendre ce qu'en fait Troy Tipton, d'ailleurs on perçoit de temps en temps une influence Cynic assez flagrante (sur "Blindsight" par exemple ). Petit détail qui a son importance, l'album ne dure qu'une quarantaine de minutes, une trentaine si on enlève la version instrumentale de "Nocturnal Haven", donc pas de quoi être saturé en arrivant vers la fin de la galette. "Nocturnal Haven" est d'ailleurs le morceau le plus long de l'album, le seul à taper dans les 10 minutes. "Synesthesia", par contre, en plus de faire la part belle à une basse omniprésente, présente un côté aérien et jazzy assez intéressant, surtout en contraste avec les descentes de manches qui peuplent tout l'album.

Voilà donc un deuxième album assez sympa mais qui ne plaira qu'aux amateurs effrénés de shred, car même si l'album présente de temps en temps quelques accalmies et passages plus aérien, il n'en reste pas moins très technique.