Le groupe
Biographie :

Entité atypique, 6:33 pratique un metal ouvert, à la rencontre des courants qui font la diversité de la scène actuelle. Entre violence et mélodie, dérision et mélancolie, le groupe sait varier les émotions et mélange avec cohésion un metal puissant teinté de prog, un hardcore sans concession, une rythmique organo-electro à multiples facettes et des refrains autant entraînants qu'entêtants. Véritable machine hybride alliant instruments acoustiques et machines, le groupe se produit en live sans batteur, cherchant à innover, à surprendre, jouant sur la rigidité mécanique et l'énergie electro. Actif sur les scènes hexagonales depuis fin 2008, le groupe parisien a rapidement été repéré par le label français M&O Music, qui sortira son premier opus "Orphan Of Good Manners" en 2011. Dès ses premiers pas, c’est en live que le groupe a choisi de façonner ses morceaux. Fortement ancré dans l’underground, 6:33 n’hésitera pas à visiter les moindres recoins du pays tout en restant attaché à la scène locale. La rencontre du groupe avec Arno Strobl (Carnival In Coal) apparaît comme une évidence : en Mai 2012, l'association enregistre un EP trois titres de 30 minutes: "Giggles, Garlands & Gallows" et l'offre en téléchargement gratuit. L’année d’après, cette collaboration se confirme avec l’album "The Stench From The Swelling (A True Story)". Avant un long silence le groupe sort "Deadly Scenes" en 2015 pour revenir en 2021 avec "Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome".

Discographie :

2011 : "Orphan Of Good Manners"
2012 : "Giggles, Garlands & Gallows" (EP)
2013 : "The Stench From The Swelling (A True Story)"
2015 : "Deadly Scenes"
2021 : "Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome"


Les chroniques


"Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome"
Note : 18/20

Un bref instant, j’ai cru que je n’avais pas mis le bon CD dans la platine. Puis je me suis souvenu que 6:33 était un groupe sans limites. Un vent de fraîcheur toujours agréable.

C’est parti pour presque une heure de metal déjanté. Comme un pneu de bagnole qui quitte la roue, la musique de 6:33 prend son indépendance. C’est d’une richesse les amis ! Oh là là, c’est du grand n’importe quoi mais là c’est élogieux ! Oh là là aussi pour l’ambiance générale qui me ramène aux années 80’s - 90’s. Véritable Poutine, la base metal du groupe se retrouve saucée de funk, d’electro - new wave, d’épique tout droit sorti des Goonies.

En somme, une musique ultra colorée à l’image de cet artwork à la fois sombre et flashy. Les cordes sont folles, la batterie effrénée et le chant, surprenant à chaque piste. Pour couronner le tout, les claviers viennent souligner le tout d’un peu de fantaisie. En fait c’est juste savoureux, à l’image de "Hot Damn Chicas" qui est sûrement le titre le plus représentatif de cet album.

6:33, si tu l’écoutes le matin en sortant de chez toi, les gens ne vont pas comprendre ton air un peu ahuri. Dans 6:33, tout est tubesque. Je n’en reviens pas de l’habilité de ces mecs-là. Le genre de remède au temps qui court.


Kévin
Avril 2022




"Deadly Scenes"
Note : 18/20

"Hey kids ! You like violence ? Yeah !!!". Eduquer un enfant, c’est tailler une pierre précieuse. Il se façonne avec ce que vous lui mettez sous les yeux au quotidien. S’il est violent, c’est votre faute. S’il regarde les filles, c’est votre faute. S’il est vulgaire, c’est encore votre faute et s’il est moche, non ça vous n’y pouvez rien malheureusement. Toujours est-il que quand on écoute le dernier 6:33, on se demande ce que leurs parents leur ont collé dans les oreilles à ces gars-là. En voilà un groupe de dissipés.

Si les clowns étaient méchants, on emmènerait nos enfants tous les jours au cirque ! Burlesque, la troupe nous bouscule ! Hallaluja ! La musique des artistes se comporte comme un rêve, pleine d’ellipses et pourtant tellement cohérente. A peine sortis de la bulle "Ego Fandango", nous voici transcendés par une rythmique primaire - "Roots Bloody Roots" n’est pas loin enfin, jusqu’à ce qu’on arrive dans un espace humide et boisé ambiance je-vais-planter-mes-canines-dans-ta-jugulaire. Bientôt la lisière de la forêt, une église, le chant des enfants réconforte. Noyé dans un aquarium musical, je suis happé par un tube : "I’m A Nerd". Hypnotique. Secoué comme dans un (Extrême) Cherokee. Epique. "Modus Operandi" ouvre à nouveau le rideau sur un décor théâtral avant que la veuve noire ne nous empoisonne et que nous tombions dans les limbes. Du gros rock à la fraîcheur électronique. Je sens une brise légère - "Last Bullet For A Gold Rattle" - des cordes claires, sèches, qui nous enveloppent comme un vent chaud venu de l’Ouest. Une piste étonnante au milieu de ce bordel organisé. L’air se rafraîchit pourtant avec "Lazy Boy" qui, quand on se croit arrivé au somment, nous annonce qu’il reste encore une marche à gravir.

Ce disque est un pur délire dans lequel nous nageons du début à la fin mais qui se révèle tout simplement hallucinant après plusieurs écoutes. 6:33 s’affiche comme un groupe de compositions et hormis dans "I’m A Nerd", nous nous retrouvons emprisonnés dans une construction musicale aussi complexe qu’une inception. Dans chaque titre, le groupe nous raconte une histoire, faite de multiples histoires qui s’imbriquent les unes dans les autres.

Nota Bene : Tu n’as probablement rien compris à cette chronique à première vue décousue comme tu ne comprendras probablement rien à "Deadly Scenes" à la première écoute.


Kévin
Février 2015




"The Stench From The Swelling (A True Story)"
Note : 18/20

Si l’artwork de l’album précédent me paraissait un peu trop riche… je ne pourrais pas en dire autant de celui-ci, beaucoup plus épuré, beaucoup plus sobre (enfin…), en tout cas beaucoup plus classe. Bon j’admets tout de même que j’aurais peut-être préféré le visuel arrière comme pochette principale, d’autant plus que je regrette que le visage de la jeune femme sur l’artwork soit coupé en plein milieu et non au niveau du cou. Vous allez vous dire que j’ai la critique facile mais avec leur précédent effort je me dois d’être exigent. Bref, 6:33 ça reste de la musique avant tout alors tendons une oreille.

La mèche s’enflamme avec "(I Should Have Known) Her Name Was Boogie", un titre entraînant, qui fait danser la tête, taper du pied, on bouge son popotin métallique et on est content. Une approche surprenante mais rassurante… chez 6:33 les pendules ne sont toujours pas à l’heure et ils sont toujours complètement barrés ! La rythmique reste déjantée avec "Burn-In", et la voix d’Arno Strobl (ex-Carnival In Coal) n’est pas pour rendre la musique plus terre à terre. Ca part dans tous les sens et nous avec comme sur à peu près tous les titres. Mais attention, 6:33 avant d’être une fusion de multiples influences tout aussi tordues les unes que les autres c’est avant tout des surprises à répétition. Là où on va parler de claques pour la plupart des groupes, la surprise sera finalement sous forme de caresses ici. Prenons "I Like It" par exemple. On dirait une sorte de pop rock limite variété, impossible de coller une étiquette et surtout pas celle du metal ! Le groupe nous surprend constamment et à différents degrés. 6:33 casse aussi le rythme au niveau de l’album avec des titres aux alentours des dix minutes comme celui portant le nom de l’album. Un périple, un voyage, une histoire qui monte en puissance en mêlant d’innombrables styles avec brio. Les deux autres long morceaux sont issus de l’EP "Giggles, Garlands & Gallows" et clôturent l’album, il s’agit de "Order Of The Red Noise" et "M.I.D.G.E.T.S" qui entretiennent ce côté narratif, le cheminement et la continuité d’une histoire. Autre surprise de taille dans cette galette, la reprise de "Starlight", pas le titre de Muse non, trop facile, pas assez inattendu… mais le titre de The Supermen Lovers qui avait fait un carton en 2001. La reprise est vraiment bonne et sait se faire personnelle sans pour autant dénaturer le morceau d’origine.

J’espère avoir été clair, ce "The Stench From The Swelling (A True Story)" est un remède contre l’ennui, tant par la diversité des styles au sein des morceaux, que par le ou les rythmes imposés par le groupe ou encore par les différentes performances vocales. On parvient à reconnaitre la patte 6:33 malgré les innombrables surprises, ce qui fait de ce skeud un objet musical unique.


Kévin
Mai 2013




"Orphan Of Good Manners"
Note : 18,5/20

Avoir "Orphan Of Good Manners" entre vos petits doigts innocents c’est un peu déclarer la guerre à votre cerveau. Afin d’éviter tout conflit je vous conseille de déposer ce dernier dans un endroit douillé avant d’écouter cet album. Il est vrai, je vous l’accorde, la pochette est très dense, voir un peu fouillis. D’un autre côté ça sera ce à quoi ressemblerait votre malheureux encéphale si vous ne suivez pas mes recommandations. Cette œuvre-carnage a été réalisée en collaboration avec Vincent Thermidor pour l’enregistrement et le mixage et Jens Bogren pour le mastering.

Je m’excuse d’avance de ce très mauvais jeu de mots mais "Lift Off" entame l’album et vous déride la tronche avec des sonorités proche de "Kein Lust" de nos voisins Allemands, Rammstein. Pris d’une hémorragie cérébrale interne je décide de me coller deux mercurochromes (le pansement des héros) sur mon crâne engourdi et de poursuivre l’écoute c'est-à-dire "Beretta" (oh non ça va encore faire mal !). Et ça ne loupe pas malgré une originalité moins évidente. Le groupe ne possède aucune limite et vous entaille le faciès des barbelés qu’ils n’ont pas voulus pendant dix titres tous aussi hallucinants les uns que les autres. Les influences surprennent tout autant que les émotions ressenties sont nombreuses. Impossible de vous parler du style des titres tellement chaque morceau est dense de sonorités toutes uniques. Bien sûr on a la grosse base metal-indus sur la plupart des pistes avec l’electro qui fourre son nez un peu partout mais ça n’est pas tout. Vous trouverez sur "Drunk In Krakow", une ambiance un peu new-age dans les coins, le genre de musique de circonstance dans une boîte de strip-tease crasseuse (ou super classe peut être …) du début des 90’S. N’oubliez pas que vous découvrirez tout au long du skeud, de nombreuses voix tout à fait remarquables ! Avec "Little Silly Thing Part 1" vous écouterez la grosse disto céder son pouvoir à un rythme entraînant plein de soleil balançant un majestueux "Hit me baby one more time" ! La "Part 2" du même titre commence sur un relent de notre bon vieux  Rob Zombie  pour s’achever sur une guitare acoustique / cris d’alcoolique verdoyant. "The Fall Of Pop" aurait très bien pu faire partie de la B.O de Matrix en toute légitimité.

Et en toute logique c’est sur "Orphan Of Good Manners" que s’achève cet effort. Un titre incongru de plus mais aussi une surprise de plus qui apaise nos oreilles rougeâtres et fatiguées. Ouais, bon, chronique un peu longue je sais. Mais sachez que c’est déjà le résumé d’un résumé tellement on pourrait vanter pendant des heures ces quelques grammes de bonheur.


Kévin
Mai 2011


Conclusion
L'interview : Nico

Le site officiel : www.633theband.com